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Syrie : l'ONU observe les plus grands déplacements de civils depuis un an, sur fond d'impasse politique

Des bâtiments détruits dans l'est de la ville d'Alep, en Syrie. (photo d'archives)
OCHA/Halldorsson
Des bâtiments détruits dans l'est de la ville d'Alep, en Syrie. (photo d'archives)

Syrie : l'ONU observe les plus grands déplacements de civils depuis un an, sur fond d'impasse politique

Paix et sécurité

Les progrès réalisés en vue de résoudre le conflit qui dure depuis dix ans en Syrie sont dans l'impasse, a déclaré mardi l'envoyé de l'ONU au Conseil de sécurité, alors qu'une recrudescence des combats dans tout le pays a entraîné certains des déplacements de civils les plus importants depuis un an.

« Nous avons besoin d'un processus politique crédible ainsi que d'une coopération internationale plus soutenue », a déclaré Geir O. Pedersen, l'Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, en attirant l'attention sur d'importants déploiements de troupes, des bombardements lourds et des affrontements terrestres dans le sud-ouest de la Syrie, notamment dans le gouvernorat de Deraa.

« Nous réitérons nos appels à toutes les parties pour qu'elles mettent immédiatement fin à la violence... un accès humanitaire sûr et sans entrave est nécessaire à toutes les zones et communautés touchées », a-t-il ajouté.

L'Envoyé spécial a déclaré que les tensions restaient également élevées dans le nord-ouest, notamment à Idlib, dans le nord de Lattaquié et d'Alep, ainsi que dans l'ouest de Hama. Les frappes aériennes et les bombardements se sont intensifiés ces derniers mois, et les régions de Raqqa et de Hassakeh, au nord-est, ont été le théâtre de violences impliquant des groupes armés non étatiques.

« Ces développements nous rappellent que le conflit en Syrie est loin d'être terminé », a déclaré M. Pedersen, « et que nous avons besoin d'un processus politique crédible ainsi que d'une coopération internationale plus soutenue ».

Sur le plan politique, l'Envoyé spécial a dit que son bureau s'efforçait de faciliter la convocation d'une sixième session de l'organe restreint du Comité constitutionnel.

« Les Nations Unies feront tout leur possible pour faciliter la mise en œuvre de tous les aspects de la résolution 2585 (2021), qui prolonge l'autorisation du poste frontalier de Bab al-Hawa et envoie le message que les États clés - notamment la Fédération de Russie et les États-Unis - peuvent coopérer au-delà du volet humanitaire », a-t-il fait valoir.

Risque accru d'exploitation et d'abus sexuels

Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordinateur des secours d'urgence, a déclaré que les hostilités en cours, la crise économique, les pénuries d'eau et la Covid-19 portaient les besoins humanitaires à leur plus haut niveau depuis le début du conflit.

Citant des rapports selon lesquels les familles ont de plus en plus recours aux mariages précoces pour subvenir aux besoins de leurs filles, M. Griffiths a souligné qu'en juin et juillet, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a organisé une mission d'évaluation de la situation humanitaire dans le pays.

Le Haut-Commissariat a enregistré 153 décès et 280 blessures de civils résultant des hostilités.

Pendant ce temps, les problèmes de sécurité persistent au camp d'Al Hol, avec 69 meurtres signalés depuis janvier. L'extrême vulnérabilité et la dépendance à l'égard de l'aide des résidents du camp - 59.000 au total, dont un sur cinq a moins de cinq ans - ne font qu'accroître les risques d'exploitation et d'abus sexuels.

« Nous ne devons pas les abandonner à la violence et au désespoir d'Al Hol », a-t-il souligné.

Il a ensuite détaillé les violences récentes à Deraa et dans ses environs, soulignant que l'hôpital national de Deraa a temporairement perdu son unité de dialyse en raison de tirs de mortier. Les civils restés à Deraa al-Balad sont confrontés à des pénuries d'eau, d'électricité et de gaz de cuisine.

Les pertes d'emploi et les prix élevés ont un impact sur la sécurité alimentaire

En ce qui concerne la crise économique, M. Griffiths a déclaré que les évaluations des Nations Unies en juillet ont révélé qu'un tiers des ménages interrogés ont indiqué avoir des difficultés à accéder aux marchés - le niveau le plus élevé signalé depuis avril 2020.

Une personne sur cinq a fait état d'un accès réduit aux soins médicaux, et d'autres ont déclaré que la perte de revenus avait eu un impact négatif sur leur sécurité alimentaire. Les prix élevés des produits de base ont forcé les familles à réduire les repas, les ménages dirigés par des femmes étant particulièrement touchés.

En outre, la crise de l'eau persiste : le niveau de l'Euphrate, qui se jette dans la Syrie depuis la Turquie, a atteint un « seuil critique », tandis que la faiblesse des chutes de neige et de pluie a également eu des répercussions sur les sources d'eau dans la région. Plus de 5 millions de personnes dépendent du fleuve pour l'eau potable et l'électricité, tout comme les hôpitaux et les réseaux d'irrigation.

La transmission de la Covid-19 en hausse

En ce qui concerne la Covid-19, le haut fonctionnaire de l'ONU a déclaré que les taux de transmission restent élevés et dépassent probablement de loin les chiffres officiels. Les vaccinations sont en cours, le premier lot de 270.000 doses livrées par l'intermédiaire du dispositif COVAX de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ayant déjà été distribué.

Au 23 août, 218.900 personnes avaient été vaccinées dans les zones contrôlées par le gouvernement et dans le nord-est, tandis que 58.000 personnes avaient été vaccinées dans le nord-ouest. Le 15 août, le deuxième lot de vaccins COVAX est arrivé - environ 138 000 pour les zones contrôlées par le gouvernement et le nord-est, et 36.000 pour le nord-ouest.

Toutefois, ces quantités couvrent moins de 1% de la population syrienne.

« Nous devons accélérer l'échelle et le rythme », a-t-il déclaré.

Chaque mois, l'opération des Nations Unies en Syrie touche 6,6 millions de personnes dans le pays, mais « les besoins, bien sûr, dépassent la réponse », a souligné M. Griffiths, ajoutant qu'il prévoit de se rendre en Syrie, au Liban et en Turquie pour mieux comprendre les défis.