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Les objectifs climatiques ne seront pas atteints si l'énergie nucléaire est exclue, selon un rapport de la CEE-ONU

Une centrale nucléaire dans l'Etat du Michigan, aux Etats-Unis.
Photo NOAA/OAR/Great Lakes Environmental Research Laboratory
Une centrale nucléaire dans l'Etat du Michigan, aux Etats-Unis.

Les objectifs climatiques ne seront pas atteints si l'énergie nucléaire est exclue, selon un rapport de la CEE-ONU

Climat et environnement

Parallèlement à d'autres technologies durables à faibles émissions de gaz à effet de serre, l'énergie nucléaire peut contribuer à décarboniser le système énergétique mondial et concrétiser l'Accord de Paris sur le climat ainsi que le Programme de développement durable de 2030, selon les Nations Unies.

« Pour les pays qui choisissent de mettre en œuvre cette technologie, l'énergie nucléaire est une source importante d'électricité et de chaleur à faible teneur en carbone qui peut contribuer à atteindre la neutralité carbone et donc à atténuer le changement climatique et à réaliser l'agenda 2030 pour le développement durable », a déclaré Olga Algayerova, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU).

L'énergie nucléaire est une source d'énergie à faible teneur en carbone qui a permis d'éviter environ 74 Gt d'émissions de CO2 au cours des 50 dernières années, soit près de deux ans d'émissions mondiales totales liées à l'énergie.

L'énergie nucléaire est une source importante d'électricité et de chaleur à faible teneur en carbone - Olga Algayerova, Secrétaire exécutive de la CEE-ONU

Seule l'hydroélectricité a joué un rôle plus important dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre au cours de cette période.

L'énergie nucléaire fournit actuellement 20% de l'électricité produite dans la région de la CEE-ONU et 43 % de la production à faible émission de carbone.

Le temps presse pour transformer rapidement le système énergétique mondial, car les combustibles fossiles représentent encore plus de la moitié de la production d'électricité dans la région de la CEE-ONU.

Un rapport du GIEC publié en 2018 a présenté des scénarios d'atténuation dans lesquels la production nucléaire serait multipliée en moyenne par 2,5 par rapport à son niveau actuel d'ici 2050. En outre, un scénario illustratif « intermédiaire » - dans lequel les tendances sociales, économiques et technologiques suivent les schémas actuels et où il n'y a pas de changements majeurs dans les habitudes alimentaires ou de déplacement - voit la demande de production nucléaire multipliée par six d'ici 2050, la technologie fournissant 25% de l'électricité mondiale.

L'énergie nucléaire a le potentiel d'accroître son intégration avec d'autres sources d'énergie à faible teneur en carbone dans un futur bouquet énergétique décarboné.

La centrale nucléaire de Dukovany en République Tchèque.
AIEA
La centrale nucléaire de Dukovany en République Tchèque.

Situation actuelle dans la région de la CEE-ONU

Dans la région de la CEE-ONU, l'énergie nucléaire est un élément actif du système énergétique, fournissant plus de 30% de la production électrique dans onze pays (Belgique, Bulgarie, République tchèque, Finlande, France, Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Ukraine). Vingt pays exploitent actuellement des centrales nucléaires, et quinze pays ont de nouveaux réacteurs en construction ou en cours de développement.

Sept États membres de la CEE-ONU sont en train de développer des programmes d'énergie nucléaire pour la première fois. Un certain nombre de pays - comme le Canada, la République tchèque, la Finlande, la France, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, la Russie, l'Ukraine, le Royaume-Uni et les États-Unis - ont explicitement déclaré que l'énergie nucléaire jouera un rôle important dans la réduction de leurs émissions nationales à l'avenir. La Belgique et l'Allemagne ont annoncé la sortie progressive du nucléaire, respectivement en 2025 et 2023.

Quelque 292 réacteurs sont en service dans la région. Plus de 70 réacteurs ont été fermés dans la région, depuis 2000, pour des raisons politiques, économiques ou techniques. Dans la plupart des cas, ils ont été remplacés, au moins en partie, par des centrales à combustibles fossiles, ce qui constitue un revers pour les efforts d'atténuation du changement climatique.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) considèrent que la prévention de la fermeture prématurée d'autres centrales nucléaires est une priorité urgente pour lutter contre le changement climatique.

Les cheminées d'une centrale électrique au charbon au Kosovo
Banque mondiale/Lundrim Aliu
Les cheminées d'une centrale électrique au charbon au Kosovo

Options et applications de la technologie nucléaire

Il existe trois grandes catégories de technologies de réacteurs nucléaires : les grands réacteurs de l'ordre du gigawatt, les petits réacteurs modulaires (SMR) et les microréacteurs. Les grands réacteurs sont des technologies matures qui sont aujourd'hui disponibles dans le commerce. Les SMR ont des conceptions qui approchent rapidement du déploiement commercial et l'une de ces centrales, qui fonctionne au large de la côte nord de la Russie, fournit de la chaleur et de l'électricité combinées à des communautés éloignées. Certaines conceptions de microréacteurs pourraient être disponibles dans les pays fournisseurs tels que les États-Unis et le Canada d'ici cinq ans.

Comme les centrales nucléaires produisent à la fois de l'électricité et de la chaleur à faible teneur en carbone, elles offrent également des possibilités de décarbonisation des industries à forte intensité énergétique. Par exemple, il est possible de développer la production d'acier, d'hydrogène et de produits chimiques à faible ou à zéro émission de carbone afin de décarboniser les secteurs difficiles à éliminer.

L'énergie nucléaire est une option compétitive en termes de coûts pour la production d'électricité dans de nombreuses régions du monde. Des cadres de financement et de marché à faible coût pourraient alléger le poids des coûts d'investissement initiaux élevés, de l'ordre de 5 à 10 milliards de dollars pour les grandes centrales nucléaires. Les futurs « microréacteurs » et SMR à petite échelle seront probablement plus faciles à financer et permettront une interaction technologique avec les énergies renouvelables variables.

L'énergie nucléaire présente des risques spécifiques, tels que les accidents radiologiques et la gestion des déchets radioactifs, qui doivent être correctement anticipés et traités. Certains pays choisissent de ne pas recourir à l'énergie nucléaire parce qu'ils considèrent que les risques d'incidents et d'accidents nucléaires sont inacceptables ou en raison des problèmes liés à l'élimination à long terme des déchets radioactifs.