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Violences contre les civils en Afghanistan : record sans précédent au cours des six premiers mois de 2021 (ONU)

Un nombre record d'enfants et de femmes ont été tués ou blessés en Afghanistan au cours du premier semestre 2021.
MANUA/Dilawar Khan Dilawar
Un nombre record d'enfants et de femmes ont été tués ou blessés en Afghanistan au cours du premier semestre 2021.

Violences contre les civils en Afghanistan : record sans précédent au cours des six premiers mois de 2021 (ONU)

Paix et sécurité

Sans désescalade de la violence, 2021 est en passe de devenir l’année la plus sanglante pour les civils afghans depuis 2009, a alerté, lundi, la mission onusienne en Afghanistan dans un nouveau rapport.

Le nombre de victimes civiles en Afghanistan au premier semestre 2021 a atteint des niveaux record, avec notamment une augmentation particulièrement marquée du nombre de morts et de blessés depuis mai, lorsque les forces militaires internationales ont commencé leur retrait et que les combats se sont intensifiés à la suite de l'offensive des Talibans.

Sans une désescalade significative de la violence, l'Afghanistan est en passe d’enregistrer en 2021 le plus grand nombre de victimes civiles documentées en une seule année depuis le début des recensements enregistrés par la Mission des Nations Unies dans le pays (MANUA). 5.183 victimes civiles (1.659 tués et 3.524 blessés) ont été enregistrées au cours des six premiers de l’année, soit une augmentation de 47% par rapport à la même période en 2020.

« L'augmentation brutale du nombre de civils tués et blessés depuis le 1er mai est très préoccupante », estime la MANUA, avec presque autant de victimes civiles pour les deux mois de mai et juin (2.392 au total, dont 783 tués et 1.609 blessés) qu'au cours des quatre mois précédents (2.791 victimes civiles, dont 876 tués et 1 915 blessés).

La cheffe de la MANUA, Deborah Lyons, a imploré les Talibans et les dirigeants afghans de tenir compte « de la trajectoire sombre et effrayante du conflit » et de son impact dévastateur sur les civils. « Le rapport avertit clairement qu'un nombre sans précédent de civils afghans périra et sera mutilé cette année si la violence croissante n'est pas enrayée », a prévenu Mme Lyons qui est également Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Afghanistan.

Mme Lyons a appelé les dirigeants talibans et afghans à « intensifier leurs efforts à la table des négociations, arrêtez les combats d’Afghans contre Afghans, à protégez le peuple afghan et à lui donner l'espoir d'un avenir meilleur ».

Une grande partie combats au cours des mois les plus meurtriers de mai et juin a eu lieu en dehors des villes, dans des zones avec des niveaux de population relativement faibles. L'ONU est gravement préoccupée par le fait que si une action militaire intensive est entreprise dans des zones urbaines à forte densité de population, les conséquences pour les civils afghans pourraient être catastrophiques.

Les éléments antigouvernementaux responsables de 64% du total des victimes civiles

« La recherche d'une solution militaire ne fera qu'augmenter les souffrances du peuple afghan », met en garde le rapport de la MANUA. L'ONU a rappelé aux parties au conflit leurs obligations en vertu du droit international de protéger les civils, et a souligné en particulier leur engagement déclaré à le faire, exprimé en dernier lieu dans la déclaration conjointe publiée le 18 juillet 2021 par les représentants de la République islamique d'Afghanistan et des talibans à Doha, au Qatar, lorsqu'ils ont accepté de prévenir les dommages aux civils.

Le fait que les femmes, les garçons et les filles aient représenté près de la moitié de toutes les victimes civiles au premier semestre 2021 est particulièrement choquant et très préoccupant, alerte la MANUA.

Les éléments antigouvernementaux (EAG) étaient responsables de 64% du total des victimes civiles : 39% par les Talibans, près de 9% par l'État islamique de la province du Khorasan (ISIL-KP) et 16% par des AGE indéterminés. Les Forces pro-gouvernementales (FPG) étaient responsables de 25% des victimes civiles : 23% par les forces de sécurité nationales afghanes et 2% par les groupes armés pro-gouvernementaux ou des FPG indéterminées. La MANUA a attribué 11% de toutes les victimes civiles à des « tirs croisés » lors d'engagements au sol où la partie exacte n'a pas pu être déterminée et à d'autres types d'incidents, y compris des munitions non explosées/restes explosifs de guerre non attribuables.

Les pertes civiles attribuées aux EAG ont augmenté de 63% par rapport à la même période en 2020, tandis que les pertes civiles attribuées aux FPG ont augmenté de 30%.

Il convient de noter qu'il s'agit du premier rapport depuis que la MANUA a commencé sa documentation systématique des victimes civiles en 2009 qui n'attribue pas une seule victime civile aux forces militaires internationales. « Le conflit se caractérise désormais distinctement par des combats entre Afghans », précise la mission onusienne.

Les principales causes de pertes civiles au premier semestre 2021 ont été l'utilisation massive d'engins explosifs improvisés par les EAG, les engagements au sol entre les parties au conflit, les assassinats ciblés par les EAG et les frappes aériennes menées par l'armée de l'air afghane.