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Haïti : le Conseil de sécurité appelle au calme après l’assassinat du Président Jovenel Moïse

Vue d'ensemble de la salle du Conseil de Sécurité de l'ONU.
Photo : ONU/Loey Felipe
Vue d'ensemble de la salle du Conseil de Sécurité de l'ONU.

Haïti : le Conseil de sécurité appelle au calme après l’assassinat du Président Jovenel Moïse

Paix et sécurité

Le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est réuni à huis-clos jeudi matin pour faire le point de la situation en Haïti après l’assassinat du Président Jovenel Moïse à son domicile par un commando, dans la nuit de mardi à mercredi.

La Représentante spéciale du Secrétaire général dans ce pays, Helen La Lime, qui est la cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a fait un exposé devant les membres du Conseil.

Dans une déclaration à la presse publiée mercredi soir, le Conseil de sécurité a condamné dans les termes les plus forts l'assassinat du Président d'Haïti. Les membres du Conseil ont exprimé leurs condoléances à sa famille et au peuple haïtien et ont demandé que « les auteurs de ce crime odieux soient rapidement traduits en justice ».

Âgé de 53 ans, Jovenel Moïse avait été élu Président d’Haïti en 2016 et avait commencé son mandat en février 2017.

Les membres du Conseil de sécurité ont appelé « catégoriquement tous les acteurs politiques en Haïti à s'abstenir de tout acte de violence et de toute incitation à la violence ». Ils ont appelé toutes les parties « à rester calmes, à faire preuve de retenue et à éviter tout acte qui pourrait contribuer à accroître l'instabilité ». Ils ont exprimé « leur soutien indéfectible au dialogue ».

Le Conseil de sécurité a affirmé sa détermination à suivre la situation actuelle en Haïti et a réitéré la nécessité essentielle de respecter l'Etat de droit et d'assurer la sécurité de toutes les personnes et des opérations de l'ONU.

Lors d’un point de presse par visioconférence avec des journalistes à New York, à l’issue de la réunion du Conseil de sécurité jeudi, Mme La Lime a reconnu la légitimité du Premier ministre Claude Joseph à diriger la nation des Caraïbes à la suite de l'assassinat du Président Jovenel Moïse.

Elle a déclaré que le Premier ministre, qui dirige désormais le gouvernement conformément à la Constitution du pays en cas de décès d'un Président en exercice, s'est engagé « à dialoguer et à poursuivre le processus pour organiser des élections selon le calendrier électoral qui a été publié la semaine dernière ». Cela signifierait un premier tour des élections le 26 septembre, avec un second tour, prévu pour novembre.

Helen La Lime, envoyée de l'ONU en Haïti (photo d'archives).
Leonora Baumann / UN MINUJUSTH
Helen La Lime, envoyée de l'ONU en Haïti (photo d'archives).

Traduire les responsables en justice

Selon l’envoyée de l’ONU, « tous les efforts doivent être faits » pour traduire en justice les responsables de l'assassinat du Président. Elle a précisé qu'une enquête nationale menée par la police haïtienne était en cours et que le BINUH fournirait toute l'aide à sa disposition pour faciliter cette enquête.

La Représentante spéciale a déclaré aux journalistes que le Conseil de sécurité avait discuté à huis clos d'une demande d'Haïti de fournir une « assistance en matière de sécurité » à l'enquête en cours, sur fonds d’aggravation de la crise politique.

Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti connaît une grave instabilité politique, économique et humanitaire depuis plusieurs années. Le pays a connu des mois de manifestations contre le Président Moïse et un effilochage des institutions de l'État et de l'économie, avec des gangs armés contrôlant une partie du pays, alors que la pauvreté et la faim augmentent.

Mme La Lime a plaidé en faveur du dialogue entre les différentes parties prenantes haïtiennes. Elle a déclaré que l'ONU encourageait « toutes les parties prenantes nationales à rester unies ».