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Vaccins contre la Covid-19 : le COVAX inquiet du système à 2 vitesses et des inégalités créés par le passeport européen

La Moldavie a été le premier pays européen à recevoir des vaccins contre la Coivid-19 via le mécanisme COVAX.
ONU Moldavie
La Moldavie a été le premier pays européen à recevoir des vaccins contre la Coivid-19 via le mécanisme COVAX.

Vaccins contre la Covid-19 : le COVAX inquiet du système à 2 vitesses et des inégalités créés par le passeport européen

Santé

Le mécanisme COVAX, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) sont membres, s’est inquiété, jeudi, de la non-reconnaissance par le certificat Covid européen de vaccins qu’elle a pourtant homologués.

Alors que les possibilités de voyage commencent à s’ouvrir dans certaines parties du monde, le COVAX demande instamment à toutes les autorités gouvernementales régionales, nationales et locales de reconnaître « comme pleinement vaccinées toutes les personnes ayant reçu des sérums « jugés sûrs et efficaces » par l’OMS et/ou les 11 autorités de réglementation strictes (SRA) approuvées pour les vaccins Covid-19, lorsqu’elles prennent des décisions sur les personnes autorisées à voyager ou à participer à des événements ».

Un « passeport européen » qui ne reconnaît pas la version indienne d’AstraZeneca

COVAX rappelle que son dispositif a été construit sur le principe d’un accès équitable aux vaccins afin de protéger la santé des populations du monde entier. « Cela signifie qu’il faut protéger leur vie et leurs moyens de subsistance, y compris leur capacité à voyager et à faire du commerce », souligne le mécanisme dans un communiqué.

Le certificat sanitaire européen est entré en vigueur ce jeudi pour faciliter les déplacements dans l’Union européenne (UE) cet été. Avec l’établissement de ce certificat, les pays sont tenus d’accepter sur leur sol les voyageurs vaccinés avec les quatre produits autorisés au niveau européen: ceux produits par Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Johnson&Johnson.

Mais le laissez-passer ne reconnaît que les doses d’AstraZeneca (sous la marque Vaxzevria) fabriquées par des fabricants agréés par l’Agence européenne des médicaments (EMA) en Europe, aux États-Unis, en Corée du Sud et en Chine, et non celles fabriquées par le plus grand fabricant de vaccins au monde, le Serum Institute of India, sous la marque Covishield.

Le risque d'élargir « la fracture vaccinale mondiale »

Selon les médias, les Etats membres peuvent - mais ne sont pas obligés - d’admettre les personnes vaccinées avec des sérums autorisés dans certains pays de l’UE (comme le vaccin russe Spoutnik utilisé en Hongrie), ou avec des produits homologués par l’OMS (comme le vaccin chinois Sinopharm).

Or le portefeuille du mécanisme COVAX comprend actuellement au moins sept vaccins ayant obtenu une autorisation d’utilisation d’urgence de l’OMS. Il s’agit de Pfizer (BNT162b2), les deux versions du vaccin AstraZeneca/Oxford (fabriquées par le Serum Institute of India et SKBio), le sérum Ad26.COV2.S développé par Janssen (Johnson & Johnson), Moderna (ARNm 1273), et les vaccins chinois de Sinopharm et Sinovac-CoronaVac.

Pour le COVAX, toute mesure qui ne permettrait qu’aux personnes protégées par un sous-ensemble de vaccins approuvés par l’OMS de bénéficier de la réouverture des voyages à destination et en provenance de cette région créerait de fait « un système à deux vitesses ». Une telle situation élargirait encore « la fracture vaccinale mondiale ».

Des mesures « contre-productives »

« Cela va exacerber les inégalités que nous avons déjà constatées dans la distribution des vaccins Covid-19 », a fait valoir le COVAX, relevant qu’une telle décision aurait « un impact négatif sur la croissance des économies qui souffrent déjà le plus ».

Plus largement, de telles mesures sapent déjà la confiance dans des vaccins qui sauvent des vies et dont la sécurité et l’efficacité ont déjà été démontrées. Selon le COVAX, ces mesures affectent l’utilisation des vaccins et peut mettre en danger des milliards de personnes.

« À l’heure où le monde s’efforce de reprendre les échanges, le commerce et les voyages, ces mesures sont contre-productives, tant dans l’esprit que dans les résultats », insiste le mécanisme de solidarité internationale.

La pandémie du SARS-CoV-2 a fait au moins 3.937.437 morts dans le monde depuis l’apparition de la maladie fin décembre 2019 en Chine. Selon un bilan établi mercredi par l’OMS, plus de 181,5 millions de cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués.

Près de 3 milliards doses de vaccins administrées dans le monde dont 91 millions via le COVAX

Et à la date du 30 juin 2021, un total de 2,91 milliards doses de vaccin ont été administrées dans le monde dont la majorité dans les pays riches. A ce jour, le COVAX, dont le principal fournisseur reste AstraZeneca, a expédié plus de 91 millions de vaccins à 133 pays et territoires participants.

Le COVAX félicite les pays qui ont déjà fait preuve d’un engagement en matière d’équité et de sécurité en acceptant les voyageurs protégés par tous les vaccins validés par la liste d’utilisation d’urgence (EUL) de l’OMS et/ou les 11 autorités réglementaires strictes (SRA) approuvées pour les vaccins Covid-19. Le mécanisme appelle les autres nations et régions à en faire de même.

A noter que le COVAX, le pilier vaccins de l’Accélérateur d’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (Accélérateur ACT), est codirigé par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), l’Alliance du Vaccin (GAVI) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) – en collaboration avec divers partenaires, notamment le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) qui est le principal partenaire opérationnel, les fabricants de vaccins des pays développés et des pays en développement et la Banque mondiale.