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Myanmar : la cheffe des droits de l’homme de l’ONU appelle à stopper une nouvelle escalade de la violence

Un camp de déplacés dans le nord du Myanmar. (photo d'archive)
UNICEF/Minzayar Oo
Un camp de déplacés dans le nord du Myanmar. (photo d'archive)

Myanmar : la cheffe des droits de l’homme de l’ONU appelle à stopper une nouvelle escalade de la violence

Droits de l'homme

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a averti vendredi qu'une nouvelle escalade de la violence se déroulait à travers le Myanmar et devait être stoppée pour éviter encore plus de pertes en vies humaines et une aggravation de la crise humanitaire.

Des informations indiquent un renforcement militaire, notamment dans l'État de Kayah, dans l'est du pays, et dans l'État de Chin, à l'ouest.

« Comme je le craignais, les affrontements armés et autres violences s'intensifient dans de nombreuses régions du Myanmar, notamment dans les États de Kayah, de Chin et de Kachin, la violence étant particulièrement intense dans les zones où vivent d'importants groupes ethniques et religieux minoritaires », a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué de presse. « Les forces de sécurité de l'État ont continué à utiliser des armes lourdes, y compris des frappes aériennes, contre des groupes armés et contre des civils et des biens civils, notamment des églises chrétiennes ».

Selon la Haut-Commissaire, « il ne semble y avoir aucun effort de désescalade, mais plutôt un renforcement des troupes dans des zones clés, contrairement aux engagements pris par l'armée auprès de l'ASEAN (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est) pour mettre fin à la violence ».

Des informations crédibles indiquent que les forces de sécurité ont utilisé des civils comme boucliers humains, bombardé des maisons et des églises à Loikaw, Phekon et Demoso dans l'État de Kayah et bloqué l'accès humanitaire, notamment en attaquant des acteurs humanitaires.

« Plus de 108.000 personnes ont fui leurs maisons dans l'État de Kayah rien qu’au cours des trois dernières semaines, beaucoup vers des zones forestières avec peu ou pas de nourriture, d'eau, d'assainissement ou de soins médicaux. Ce sont des personnes qui ont un besoin urgent d'aide humanitaire », a déclaré la cheffe des droits de l’homme.

« L'armée du Myanmar, la Tatmadaw, a le devoir de protéger les civils. La communauté internationale doit s'unir dans sa demande que la Tatmadaw cesse l'utilisation scandaleuse de l'artillerie lourde contre les civils et les biens civils et respecte le principe de distinction. Les ‘forces de défense du peuple’ nouvellement formées et les autres groupes armés doivent également prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils », a-t-elle ajouté.

Appel à protéger les hôpitaux, les écoles et les lieux de culte

La Haut-Commissaire a lancé un appel pour que les hôpitaux, les écoles et les lieux de culte soient protégés dans tout le pays. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a reçu des informations crédibles faisant état de plusieurs incidents au cours desquels des hôpitaux, des écoles et des institutions religieuses ont été envahis et occupés par l’armée, et endommagés.

Selon le HCDH, les explosions survenues dans ou à proximité des écoles sont susceptibles de dissuader les parents d'inscrire leurs enfants pour la nouvelle année scolaire. Des milliers d'enseignants ont refusé de reprendre le travail ou ont été suspendus de leurs fonctions par les autorités militaires.

Des informations crédibles indiquent qu'au moins 860 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis le 1er février, principalement dans le cadre de manifestations.

Pendant ce temps, les arrestations massives d'activistes, de journalistes et d'opposants au régime se sont poursuivies dans tout le pays, des sources crédibles indiquant qu'au moins 4.804 personnes sont toujours en détention arbitraire. La Haut-Commissaire a déclaré qu'elle était également profondément troublée par les informations faisant état de détenus torturés et de punitions collectives infligées à des proches d’activistes.

« Plutôt que de rechercher le dialogue, l'armée qualifie ses opposants de "terroristes" et poursuit des accusations à motivation politique contre les dirigeants démocratiques », a déclaré Mme Bachelet.

La Haut-Commissaire a encouragé l'intensification de la diplomatie régionale, y compris par l'ASEAN et d'autres États influents, pour insister sur la cessation immédiate de la violence et des violations des droits de l'homme en cours. « En un peu plus de quatre mois, le Myanmar est passé d'une démocratie fragile à une catastrophe pour les droits humains. Le leadership militaire est singulièrement responsable de cette crise et doit rendre des comptes », a-t-elle déclaré.