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Haïti : l’ONU appelle à soutenir les personnes déplacées et victimes de violences

Port-au-Prince, la capitale d'Haïti.
Photo MINUJUSTH/Leonora Baumann
Port-au-Prince, la capitale d'Haïti.

Haïti : l’ONU appelle à soutenir les personnes déplacées et victimes de violences

Aide humanitaire

Les affrontements meurtriers entre bandes rivales dans la région de la capitale haïtienne Port-au-Prince se sont multipliés ces dernières semaines.

Ces affrontements entre bandes cherchant à exercer un contrôle sur les zones peuplées ont connu une recrudescence significative depuis le 1er juin, a indiqué, mardi, le Bureau pour la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA)

Ces incidents ont fait de nombreux morts et blessés dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, ainsi que plusieurs incendies. Les habitants fuient vers des zones plus sûres et beaucoup, y compris des enfants, dorment à même le sol. La plupart des personnes déplacées s'installent dans des sites informels et ont besoin d'abris, de nourriture, d'eau, de vêtements et d'autres articles non alimentaires.

D'après les dernières données dont dispose OCHA, au moins 1.000 personnes auraient été déplacées au cours des 72 dernières heures, en particulier à Martissant, Cité-Soleil et Bel Air.

Cette augmentation des déplacements s'ajoute aux plus de 4.000 personnes déplacées au cours des 12 derniers mois en raison d'incidents similaires.

Des affrontements entre bandes cherchant à exercer un contrôle sur les zones peuplées ont connu une recrudescence significative depuis le 1er juin 2021
Leonora Baumann / MINUJUSTH
Des affrontements entre bandes cherchant à exercer un contrôle sur les zones peuplées ont connu une recrudescence significative depuis le 1er juin 2021

Affrontements armés entre gangs

Selon OCHA, des affrontements armés entre gangs dans les zones de Martissant, Fontamara, Bas-Delmas, le 1er juin, ont fait plusieurs morts et blessés ainsi que l'incendie de maisons et de petites entreprises.

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Des centaines de familles ont fui à la suite de ces affrontements. Des témoignages de citoyens indiquent que les personnes qui ont fui les violences ont trouvé refuge dans des familles d'accueil ou sont parties dans des villes d'autres provinces.

Le même jour, un incendie sur le site de Toussaint Brave, dans la commune de Delmas, a ravagé 150 maisons, laissant quelque 200 ménages sans abri. L'incendie a coûté la vie à un enfant de 2 ans et a gravement blessé un autre nourrisson. Bien que ses origines restent floues, l'incendie n'est pas sans rappeler les incendies liés au gang de Tabarre Issa en mars 2021.

Les personnes déplacées cette semaine viennent s'ajouter à celle qui l’ont déjà été ces derniers mois, notamment, les plus de 1.000 personnes qui ont dû quitté en août 2020 le quartier de Bel Air, où les maisons et les commerces ont été incendiés par des gangs. Elles ont été forcées de se réfugier dans quatre sites inadaptés. De plus, en mars dernier, près de 3.000 personnes ont dû fuir leurs maisons à Tabarre Issa en raison d'attaques de bandes organisées.

Lors de ces affrontements et attaques, la police nationale haïtienne n'est souvent pas en mesure d'assurer la sécurité et la protection nécessaires, laissant les populations vulnérables se débrouiller seules.

Des assaillants armés ont aussi attaqué les trois postes de police de Cité Soleil le 5 juin, tuant un policier et en blessant un autre, et volant un certain nombre d'armes.

Des besoins humanitaires de plus en plus urgents

Les effets des affrontements armés entre gangs et des barrages routiers spontanés dans ces zones affectent la population générale et l'insécurité persistante limite fortement les mouvements de personnes et de biens dans ces quartiers ainsi que l'aide humanitaire.

La limitation des transports vers et depuis la ville affecte particulièrement les voyageurs quotidiens et les commerçants des autres provinces.

Selon OCHA, le niveau de violence sans précédent et les déplacements qui en découlent créent une multitude de problèmes secondaires, tels que la perturbation du fonctionnement social au niveau communautaire, la séparation des familles, l'augmentation des charges financières pour les familles d'accueil, la fermeture forcée des écoles, la perte des moyens de subsistance et une peur générale parmi les populations touchées.

Les personnes déplacées et les familles victimes de violences ont besoin de soutien en matière de logement, d'argent, de vêtements, d'éducation, de moyens de subsistance et de relocalisation. En outre, un soutien est nécessaire pour les personnes cherchant à se déplacer de Port-au-Prince vers les provinces dans le cadre de services de réunification familiale et d'aide au transport.

Enfin, compte tenu de la résurgence des cas de Covid-19 dans le pays, les abris nécessitent des mesures de confinement et des kits sanitaires comprenant des masques et des dispositifs de lavage des mains.

Selon OCHA, plus de 4,4 millions d’Haïtiens seront en insécurité alimentaire en 2021 et parmi eux, 3,5 millions souffriront de vulnérabilités multi-dimensionnelles. Les femmes, les filles et les garçons, les personnes handicapées, celles en situation de déplacement et les habitants des communes enclavées restent toujours les plus touchés.