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Pays de l’OCDE : sous l'effet de la Covid-19, le HCR s’attend à des niveaux d’admission très faibles des réfugiés en 2020

Des migrants sont secourus au large des côtes libyennes en avril par l'ONG SOS Méditerranée.
SOS Méditerranée/Flavio Gasper
Des migrants sont secourus au large des côtes libyennes en avril par l'ONG SOS Méditerranée.

Pays de l’OCDE : sous l'effet de la Covid-19, le HCR s’attend à des niveaux d’admission très faibles des réfugiés en 2020

Migrants et réfugiés

Sous l'effet de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) redoutent que la pandémie menace les progrès accomplis pour l’admission de réfugiés par le biais de visas de travail, d’étudiants ou familiaux.

Alors que la collecte des données pour l’année 2020 n’est pas encore finalisée, les deux organisations s’attendent à « des niveaux d’admission significativement faibles ». En cause, « la fermeture des frontières et des restrictions de voyages imposées dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 ».

« Nous ne devons pas laisser la Covid-19 mettre en péril les progrès exceptionnels réalisés pour étendre ces voies sûres et légales », a indiqué Gillian Triggs, Haut-Commissaire assistante du HCR chargée de la protection internationale Selon cette responsable du HCR, celles-ci ne remplacent pas la réinstallation ni les admissions pour motif humanitaire, qui assurent « des formes plus robustes et durables de protection légale ».

Mais elles constituent des dispositifs d’admission sûrs et ordonnés qui peuvent « sauver des vies et bénéficier à de nombreux réfugiés ».

Cet avertissement de l’OCDE et du HCR intervient alors qu’une nouvelle étude publiée ce mercredi montre que 1,5 million de personnes issues des principaux pays de provenance de réfugiés ont été admises par 35 pays membres de l’OCDE et le Brésil par le biais de visas de travail, d’étudiants ou familiaux durant la décennie ayant précédé la pandémie de Covid-19.

156.000 visas autres qu’à titre humanitaire octroyés en 2019

Parmi plus de 1,5 million de visas autres qu’à titre humanitaire et délivrés durant la décennie pour aider les personnes originaires de ces pays, 156.000 ont été octroyés durant la seule année 2019. Ce chiffre dépasse l’objectif annuel de 120.000 qui avait été établi dans le cadre de la Stratégie sur la réinstallation et les voies complémentaires publiée par les gouvernements, la société civile et le HCR.

Ce tout dernier rapport réalisé par le HCR et l’OCDE passe en revue les admissions survenues entre les années 2010 et 2019 concernant des personnes originaires de sept pays qui génèrent des déplacements forcés : l’Afghanistan, l’Érythrée, l’Iran, l’Iraq, la Somalie, la Syrie et le Venezuela. Il fournit également des statistiques sur les personnes originaires des sept pays sources de réfugiés qui ont obtenu le statut de réfugié ou des permis de séjour pour motif humanitaire, et qui ont été réinstallées.

Durant la décennie concernée par l’étude, quatre millions de nouvelles demandes d’asile ont été ainsi déposées dans des pays de l’OCDE et au Brésil par des ressortissants de ces sept pays. Plus de deux millions de personnes ont été reconnues en tant que réfugiés ou ont obtenu une forme subsidiaire de protection et 572.000 ont été admises via des dispositifs pour la réinstallation de réfugiés.

Les pays en développement accueillent 85% des 26 millions de réfugiés

A l’heure où les pays en développement, y compris les moins avancés, accueillent 85% des 26 millions de réfugiés à travers le monde, l'un des principaux objectifs du Pacte mondial sur les réfugiés consiste à élargir la réinstallation et les voies complémentaires, afin de mieux protéger les personnes déracinées et d’apporter un appui aux pays d'accueil.

Dans cet esprit de « partage des responsabilités à l’échelle mondiale », le HCR exhorte davantage de pays à procéder à la réinstallation de réfugiés, à élargir les voies complémentaires et à réduire les obstacles aux admissions.

Car des réfugiés ne peuvent accéder à ces dispositifs à cause, entre autres, d’exigences en matière de documents d’identité, de la difficulté d’accéder aux ambassades et aux consulats du pays de destination. Et si des procédures de regroupement familial existent dans la plupart des pays, des obstacles administratifs et financiers limitent leur accessibilité.

« De nombreux réfugiés qui ne parviennent pas à bénéficier d’un regroupement familial par le biais de voies sûres et légales entreprennent souvent de dangereux périples terrestres ou de périlleuses traversées en mer en vue de franchir les frontières internationales », alerte cette Agence onusienne basée à Genève.