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Nigéria : 8 morts et des dizaines de milliers de personnes forcées de fuir les violentes attaques dans l’Etat de Borno (ONU)

Des enfants déplacés jouent dans le camp du stade international Mohammed Goni à Maiduguri, dans le nord-est du Nigéria.
© HCR/Roland Schönbauer
Des enfants déplacés jouent dans le camp du stade international Mohammed Goni à Maiduguri, dans le nord-est du Nigéria.

Nigéria : 8 morts et des dizaines de milliers de personnes forcées de fuir les violentes attaques dans l’Etat de Borno (ONU)

Aide humanitaire

Des dizaines de milliers de personnes ont été forcées de fuir les violentes attaques dans l’Etat de Borno, au nord-est du Nigeria, qui ont fait au moins huit morts, ont alerté vendredi des agences humanitaires de l’ONU.

« Les premiers rapports indiquent que huit personnes ont été tuées et une douzaine d’autres blessées », a déclaré Babar Baloch, porte-parole de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), lors d’un point de presse à Genève.

L’agence onusienne indique que près de 65.000 Nigérians se sont enfuies à la suite d’une série d’attaques menées par des groupes armés contre la ville de Damasak, dans l’État de Borno. 

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), en moins d’une semaine, des incidents ont eu lieu les 10 et 11 avril, au cours desquels des biens humanitaires ont été pris pour cible. Lors de ces attaques, les organismes humanitaires ont déploré la destruction d’au moins cinq bureaux d’ONG et de plusieurs véhicules, d’une unité de stockage mobile, de réservoirs d’eau, d’un poste de santé et d’un centre de stabilisation nutritionnelle.

Une deuxième vague d’affrontements a ensuite eu lieu dans la soirée du 13 avril et à nouveau le 14 avril. À la suite de cette dernière attaque, la troisième en sept jours, jusqu’à 80% de la population de la ville - qui comprend la communauté locale et les personnes déplacées à l’intérieur du pays - a été contrainte de fuir.

Un poste de police, des maisons et des entrepôts d’agences humanitaires incendiés

« Les assaillants ont pillé et incendié des maisons privées, des entrepôts d’agences humanitaires, un poste de police, une clinique et un bureau de protection du HCR », a précisé M. Baloch. Parmi les personnes qui ont fui, figurent des Nigérians et des ressortissants du Niger vivant dans la région.

Alors que beaucoup ont fui vers Maiduguri, capitale de l’État de Borno, et vers la ville de Geidam dans l’État voisin de Yobe, d’autres ont traversé la frontière pour se réfugier dans la région de Diffa, au Niger voisin.
 
Cependant, en raison de l’insécurité, l’accès humanitaire est de plus en plus difficile dans de nombreuses régions de l’Etat de Borno, y compris pour le personnel du HCR, qui a été contraint de se déplacer temporairement hors de Damasak cette semaine. « Malgré ces difficultés, nous sommes prêts à aider les personnes nouvellement déplacées que nous pouvons atteindre », a fait valoir M. Baloch.

De son côté, OCHA continue de recevoir des rapports alarmants sur les conséquences humanitaires des affrontements entre les groupes d’insurgés et les forces armées nigérianes à Damasak et sur le fait que « des groupes armés non étatiques prennent pour cible les biens et installations humanitaires ». Et « récemment, ces groupes ont également procédé à des fouilles de maison en maison, à la recherche, semble-t-il, de civils identifiés comme des travailleurs humanitaires », a indiqué Jens Laerke, porte-parole d’OCHA, lors d’une conférence de presse à Genève,
 

Un camp de déplacés internes à Maiduguri, dans l'État de Borno, au nord-est du Nigeria.
© HCR/Roland Schönbauer
Un camp de déplacés internes à Maiduguri, dans l'État de Borno, au nord-est du Nigeria.

Suspension des opérations humanitaires depuis le dimanche 11 avril

Face à la détérioration de la situation sécuritaire, les opérations d’aide des Nations Unies et des ONG ont été suspendues depuis le dimanche 11 avril, et le personnel a été relocalisé. Les organismes humanitaires ont immédiatement déployé des missions d’évaluation pour identifier les besoins les plus urgents et adapter la réponse.

Plus largement, l’ONU a fermement condamné ces attaques et rappelé l’importance de ces opérations d’aide et les installations humanitaires, qui sont « une bouée de sauvetage pour les populations du nord-est du Nigéria, qui dépendent de l’aide pour survivre ». Selon OCHA, ces récentes attaques violentes affecteront l’aide apportée à près de 9.000 déplacés internes et à 76.000 personnes des communautés hôtes, qui dépendent de l’aide humanitaire.

Selon l’ONU, la violence dans le bassin du lac Tchad a déraciné 3,3 millions de personnes, dont plus de 300.000 réfugiés nigérians et quelque 2,2 millions de personnes déplacées dans le nord-est du Nigéria, notamment dans les États d’Adamawa, de Borno et de Yobe.