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La pollution plastique, une injustice environnementale pour les communautés vulnérables (ONU)

 Une femme trie des sacs plastiques en Côte d'Ivoire.
© UNICEF/Frank Dejongh
Une femme trie des sacs plastiques en Côte d'Ivoire.

La pollution plastique, une injustice environnementale pour les communautés vulnérables (ONU)

Climat et environnement

La pollution par les plastiques touche de manière disproportionnée les communautés marginalisées et celles vivant à proximité des sites de production et de traitement des déchets plastiques, ce qui constitue une injustice environnementale, selon un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et de l'ONG Azul publié mardi.

« La justice environnementale implique de sensibiliser les personnes en première ligne de la pollution par les plastiques aux risque encourus, les inclure dans les décisions concernant sa production, son utilisation et son élimination, et leur garantir l’accès à un système judiciaire crédible », a déclaré la Directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen.

Le rapport, intitulé Neglected : Environmental Justice Impacts of Plastic Pollution, exhorte à identifier les communautés touchées par les déchets plastiques et les inclure dans le processus décisionnel local.

Le document détaille des cas d’injustice environnementale, allant de la déforestation et du déplacement des peuples autochtones pour faire place à l’extraction du pétrole ; à la contamination de l’eau potable par les fluides de fracturation hydraulique et les eaux usées aux États-Unis et au Soudan ; en passant par des problèmes de santé parmi des communautés africaine-américaines vivant à proximité de raffineries de pétrole dans le golfe du Mexique aux États-Unis, ou encore des risques professionnels encourus par environ deux millions de récupérateurs de déchets en Inde. 

De multiples menaces

Les déchets plastiques ne menacent pas seulement les moyens de subsistance des personnes qui dépendent des ressources marines pour leur travail, mais peuvent entraîner une série de problèmes de santé pour les consommateurs de poissons et fruits de mer infestés de micro-plastiques et de nano-plastiques toxiques. 

Le défi constitué par les déchets plastiques, exacerbé par la pandémie de Covid-19, est partie intégrante de la crise mondiale de la pollution qui, aux côtés de la perte de biodiversité et des changements climatiques, représentent une triple urgence planétaire qui doit être traitée par des changements massifs dans la façon dont l’humanité utilise les ressources de la Terre.

« Les conséquences des déchets plastiques sur les populations vulnérables va bien au-delà des systèmes de gestion inefficace et parfois inexistante des déchets », explique Juliano Calil, auteur principal du rapport et directeur de recherche au Center for the Blue Economy.

« Cela commence par les problèmes liés à l'extraction du pétrole, en passant par les environnements toxiques et les émissions de gaz à effet de serre, et cela a même des effets sur les politiques de distribution de l’eau », a-t-il ajouté.

La pollution par le plastique menace la vie marine dans les océans.
Photo Saeed Rashid
La pollution par le plastique menace la vie marine dans les océans.

Une question de justice sociale

Les auteurs du rapport recommandent aux gouvernements d'étendre leur surveillance des déchets plastiques, d'étudier leurs effets sur la santé et d'investir pour assurer leur gestion. 

Les gouvernements sont également encouragés à adopter et renforcer l'application de l'interdiction des plastiques à usage unique et faciliter la réduction, le recyclage et la réutilisation du plastique. 

En outre, ils devraient organiser des campagnes de sensibilisation auprès des communautés concernées et les aider à agir en leur garantissant l'accès à un système judiciaire efficace qui respecte les principes de justice environnementale, tels que le consentement préalable libre et éclairé (CPLA) et le droit d'accès à l'information.

« La pollution par les plastiques est une question de justice sociale », a affirmé la co-autrice du rapport, Fondatrice et Directrice générale d’Azul, Marce Gutiérrez-Graudiņš, soulignant que « les efforts actuels de gestion et de réduction de la pollution par les plastiques sont insuffisants pour résoudre l’ensemble des problèmes qu’elle entraîne ».

La fondatrice d’Azul estime que « les répercussions disparates sur les collectivités touchées par le plastique, à chaque étape de la production jusqu’aux déchets, devraient inciter à considérer la justice environnementale comme une évidence dans le domaine de la conservation marine ».

Le rapport fait suite à la résolution 2/11 de l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement, demandant au PNUE d'étudier de manière plus approfondie les impacts environnementaux, sanitaires et sociaux du plastique. 

Il démontre la manière dont les déchets plastiques compromettent la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment l'ODD1 sur l'élimination de la pauvreté, l'ODD2 sur la faim zéro, l'ODD14 sur la protection des écosystèmes marins et l'ODD16 sur l'accès à la justice pour tous et la mise en place d'institutions efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux.