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La déclaration de la Syrie sur l’élimination de ses armes chimiques demeure inexacte et incomplète

Izumi Nakamitsu, Haut-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement au Conseil de sécurité (photo d'archives)
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Izumi Nakamitsu, Haut-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement au Conseil de sécurité (photo d'archives)

La déclaration de la Syrie sur l’élimination de ses armes chimiques demeure inexacte et incomplète

Paix et sécurité

La cheffe du désarmement de l’ONU a indiqué jeudi aux membres du Conseil de sécurité que la déclaration faite par la Syrie sur l’élimination de ses armes chimiques demeure inexacte et incomplète, en se basant sur l’évaluation faite par l'Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

Après les attaques à l’arme chimique dans la Ghouta en août 2013, le Conseil de sécurité a adopté en septembre de la même année une résolution portant sur l’élimination de l’arsenal chimique syrien. Depuis sa dernière intervention devant le Conseil sur cette question il y a un mois, la Haut-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement (UNODA), Izumi Nakamitsu, a constaté des « développements limités » dans la mise en œuvre de cette résolution.

Selon le Directeur général de l’OIAC, 19 questions liées à la déclaration faite par Damas sur l’élimination de son arsenal chimique ne sont toujours pas réglées à ce jour.

L'une des questions en suspens concerne un site de production d'armes chimiques que la Syrie a déclaré comme n'ayant jamais été utilisé pour la production de telles armes. « Cependant, l'analyse de toutes les informations et autres éléments rassemblés par la DAT (équipe de l’OIAC pour l’évaluation de la déclaration syrienne) depuis 2014, indiquent que la production et/ou la militarisation d’agents neurotoxiques de guerre chimique ont effectivement eu lieu sur ce site »,  a déclaré Mme Nakamitsu.

En conséquence, le secrétariat technique de l'OIAC a demandé à la Syrie de déclarer les types et quantités d'agents chimiques produits et/ou militarisés sur ce site. La Haut-Représentante a rapporté qu’à ce jour, le secrétariat n’a toujours pas obtenu de réponse de la part des Syriens.

« En raison des lacunes identifiées, des incohérences et des écarts qui ne sont toujours pas résolus, le secrétariat technique de l'OIAC continue d'évaluer qu'à ce stade, la déclaration soumise par la République arabe syrienne ne peut être considérée comme exacte et complète au regard de la Convention sur les armes chimiques », a ajouté Mme Nakamitsu.

L’ONU appelle Damas à coopérer pleinement avec l’OIAC

La cheffe du désarmement de l’ONU a rappelé aux membres du Conseil que les efforts pour résoudre ces questions en suspens ont été déployés depuis 2014 soit peu de temps après l’adoption de sa résolution sur l’élimination des armes chimiques. « Comme il a été noté à maintes reprises, la confiance du communauté internationale dans l’élimination complète des armes chimiques de la Syrie dépend de la finalisation de ces questions », a-t-elle répété. « Je réitère donc mon appel à la République arabe syrienne pour qu’elle coopère pleinement avec le secrétariat technique de l'OIAC à cet égard », a-t-elle ajouté.

Mme Nakamitsu a souligné que l'utilisation d'armes chimiques est une menace profonde pour la paix et la sécurité, ainsi que pour l’architecture de désarmement et de non-prolifération « qui a été si minutieusement construite » ces dernières décennies.

« Il n'y a aucune justification à l'utilisation d'armes chimiques par quiconque, où que ce soit et en toutes circonstances », a affirmé la Haut-Représentante. « Ceux qui les ont utilisés doivent être identifiés et rendre des comptes ».