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40% de la population mondiale n’a pas accès à un enseignement dans sa langue maternelle

À l’école primaire Kres, au Cambodge, le programme d’éducation multilingue permet aux enfants d’étudier dans leur langue indigène de Kreung, alors qu’ils apprennent la langue nationale du khmer (novembre 2018).
© UNICEF/Antoine Raab
À l’école primaire Kres, au Cambodge, le programme d’éducation multilingue permet aux enfants d’étudier dans leur langue indigène de Kreung, alors qu’ils apprennent la langue nationale du khmer (novembre 2018).

40% de la population mondiale n’a pas accès à un enseignement dans sa langue maternelle

Culture et éducation

A l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, les Nations Unies appellent à soutenir leur usage à l’école et au quotidien.

Célébrée chaque année le 21 février, la journée aide à promouvoir la diversité linguistique et culturelle et le multilinguisme et à sensibiliser davantage à cette diversité. 

Cette année, cette journée est célébrée alors que le monde est confronté à une perturbation sans précédent de l'éducation due à la Covid-19. La pandémie a engendré des inégalités, de la marginalisation et de l’exclusion.

« Cette situation a des conséquences, à l’heure où les inégalités en matière éducative sont partout creusées – parce que des 1,5 milliard d’apprenants privés de leurs salles de classe au pic de la pandémie, trop nombreux ont été ceux laissés sans solution d’enseignement à distance accessible », a déclaré Audrey Azoulay, la Directrice générale de l’UNESCO

« C’est aussi toute la diversité culturelle qui est menacée par l’annulation de festivals et de cérémonies, ou la fragilisation économique des créateurs et des médias », a-t-elle ajouté.
Selon elle, promouvoir l’usage de la langue maternelle, c'est justement, dans le même temps, favoriser l’accès à l’éducation de toutes et tous, comme la diffusion des cultures dans leur diversité.

Le thème cette année de la journée, « Promouvoir le multilinguisme pour l’inclusion dans l'éducation et la société », appelle à soutenir le multilinguisme et l’usage des langues maternelles, à l’école et au quotidien.

En effet, 40 % de la population mondiale n’a pas accès à un enseignement dans la langue qu’elle parle ou comprend le mieux. « Cela entrave leurs apprentissages, comme leur accès au patrimoine et aux expressions culturelles », a expliqué Mme Azoulay.

Cette année, une attention particulière est accordée à l’enseignement multilingue dès la petite enfance, pour que la langue maternelle soit toujours un atout pour les enfants.

« Dans l’éducation comme dans tous les pans de notre société, le multilinguisme est un véritable enjeu d’égalité », explique Mme Azoulay. « L’UNESCO s’engage partout à le promouvoir. L’Organisation favorise par exemple la diversité linguistique sur Internet, afin d’améliorer l’accès universel à l’information et à la connaissance ». 

Une enfant se concentre sur son devoir de classe tout en respectant les normes sanitaires  à l’école primaire Mchoka dans le district de Salima, au Malawi , le 13 Novembre, 2020.
© UNICEF/UN0372089/
Une enfant se concentre sur son devoir de classe tout en respectant les normes sanitaires à l’école primaire Mchoka dans le district de Salima, au Malawi , le 13 Novembre, 2020.

Préserver la diversité linguistique

Dans le cadre de la Décennie internationale des langues autochtones des Nations Unies (2022-2032), des plans d’action ont été mis en œuvre pour placer le multilinguisme au cœur des sociétés, en particulier autochtones.

En effet, chaque langue est le reflet d'une culture. Les langues locales, en particulier les langues des minorités et des peuples autochtones, jouent un rôle primordial dans la préservation de la riche diversité culturelle mondiale. Elles permettent la transmission de la culture, des valeurs et du savoir traditionnel, ainsi que la promotion d'avenirs durables.

Mais les langues se trouvent de plus en plus menacées, voire disparaissent complètement. En effet, plus de 43% des quelque 6.700 langues parlées dans le monde sont menacées de disparition. Seules plusieurs centaines de langues sont véritablement valorisées dans le système éducatif et dans le domaine public, et moins d'une centaine sont utilisées dans le monde numérique. Cela signifie que toutes les deux semaines, une langue disparaît pour toujours.

« Cette Journée, comme cette Décennie, nous placent donc devant un défi », a indiqué la Directrice générale de l’UNESCO : « s’assurer que la diversité des langues soit préservée en tant que patrimoine commun. Car quand une langue meurt, c’est une manière de voir, sentir et penser le monde qui disparaît, c'est toute la diversité culturelle qui s’assèche irrémédiablement ».

En cette Journée internationale, l’UNESCO appelle donc à célébrer le monde dans sa diversité, et à soutenir le multilinguisme au quotidien.

Valoriser le multilinguisme

De son côté la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, a invité tous les États et gouvernements membres « à saisir l’occasion de cette Journée pour valoriser à leur tour le multilinguisme, en rappelant que la fertile cohabitation du français avec les multiples langues nationales contribue largement à faire du vaste espace francophone le lieu des diversités les plus riches ».

Pour Mme Mushikiwabo, les langues maternelles sont de précieux relais pour une éducation inclusive de qualité pour toutes et tous.