L'actualité mondiale Un regard humain

Ukraine : le calme règne mais la situation humanitaire ne s’améliore pas, selon l’ONU

Dans l'est de l'Ukraine, Sonia, 14 ans, planifie ses promenades dans la petite ville bien à l'avance, car elle est toujours jonchée d'obus et de munitions non explosées.
© UNICEF/UN0312582/Filippov
Dans l'est de l'Ukraine, Sonia, 14 ans, planifie ses promenades dans la petite ville bien à l'avance, car elle est toujours jonchée d'obus et de munitions non explosées.

Ukraine : le calme règne mais la situation humanitaire ne s’améliore pas, selon l’ONU

Paix et sécurité

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Ukraine, la cheffe des affaires politiques des Nations Unies, Rosemary DiCarlo, a expliqué jeudi que le calme régnait dans l’est du pays mais que la situation humanitaire ne s’était pas améliorée.

Mme DiCarlo a rappelé que les dirigeants de la France, de l’Allemagne, de la Russie et de l’Ukraine s’étaient rencontrés il y a plus d’un an à Paris le 9 décembre 2019 sous le format dit de Normandie, une réunion qui s’était conclue par l’adoption de mesures immédiates pour stabiliser la situation dans la zone de conflit.

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix s’est aussi félicitée que le Groupe de contact trilatéral – composés de l’Ukraine, de la Russie et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OCDE) - ait convenu d’un cessez-le-feu indéfini entré en vigueur le 27 juillet 2020. Cet accord pour l’arrêt des combats, conformément à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, a permis une diminution significative du nombre de victimes civiles dues aux échanges de tirs. 

« Une autre évolution encourageante est la libération et l’échange de détenus liés au conflit », a noté Mme DiCarlo, tout en prévenant que la situation générale restait fragile en raison du peu de progrès significatifs dans la mise en œuvre des autres dispositions politiques et sécuritaires convenues.

« Bien que le calme règne, la situation humanitaire ne s’est pas améliorée », a regretté Mme DiCarlo, en expliquant que la pandémie de Covid-19 a aggravé les problèmes d’accès pour l’ONU, ainsi que les pénuries de médicaments, d’équipements et de personnel médical, en particulier dans les zones non contrôlées par le gouvernement.

Illustrant son propos, elle a indiqué que 3,4 millions de personnes ont encore besoin d’aide humanitaire, que plus de la moitié des personnes dans le besoin sont des femmes et que 40% sont des personnes âgées. Les Nations Unies s’inquiètent particulièrement pour les groupes vulnérables vivant le long de la ligne de contact. 

« Près de 10 mois après la fermeture de la ligne de contact pour contenir la propagation de la Covid-19, la population touchée par le conflit continue de payer un lourd tribut », a-t-elle poursuivi. Les retraités résidant dans des zones échappant au contrôle du gouvernement et enregistrés comme personnes déplacées font face à une détérioration de la situation économique et à des risques sanitaires accrus, alors qu’ils n’ont pas pu récupérer leurs pensions gouvernementales depuis mars 2020. 

Lever les restrictions à la liberté de mouvement

Mme DiCarlo a noté que le nombre des passages de la ligne de contact est passé de 1,2 million par mois avant le début de la pandémie à 36.000 par mois pour des services sociaux, de santé et autres et pour maintenir des liens familiaux. 

Face à ce constat, elle a exhorté tous les acteurs influents à aider à lever les restrictions indues à la liberté de mouvement à travers la ligne de contact et à sécuriser l’ouverture de points supplémentaires et de points d’entrée.

« Plus de 120 partenaires humanitaires cherchent à aider 1,9 million de personnes dans le cadre du nouveau plan de réponse humanitaire, qui donne la priorité à la vie, à l’assistance économique, aux services de base et besoins de protection », a indiqué Mme DiCarlo. L’ONU demande 168 millions de dollars pour faire face à tous les besoins humanitaires. 

« Tant qu’une solution politique durable au conflit dans l’est de l’Ukraine n’aura pas été trouvée, la situation sur le terrain restera fragile », a-t-elle prévenu. Pour elle, le respect assez large du cessez-le-feu et la poursuite des discussions dans les formats établis ne sont pas des raisons de se montrer complaisant.

Le risque d’un retour en arrière est réel si les négociations restent bloquées, a mis en garde la cheffe des affaires politiques, qui s’est dite profondément préoccupée par l’augmentation des incidents de sécurité dans plusieurs points chauds le long de la ligne de contact ces derniers mois. « Cette dangereuse tendance doit être rapidement inversée ».

Mme DiCarlo a plaidé pour que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE ait un accès sûr à toute l’Ukraine afin de s’acquitter pleinement de son mandat.