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La République centrafricaine court un grave risque de recul en matière de sécurité, prévient l’envoyé de l’ONU

Des Casques bleus de la MINUSCA en patrouille à Bangassou, dans le sud de la République centrafricaine. (photo d'archive)
MINUSCA/Hervé Serefio
Des Casques bleus de la MINUSCA en patrouille à Bangassou, dans le sud de la République centrafricaine. (photo d'archive)

La République centrafricaine court un grave risque de recul en matière de sécurité, prévient l’envoyé de l’ONU

Paix et sécurité

Le Représentant spécial du Secrétaire général en République centrafricaine, Mankeur Ndiaye, a prévenu jeudi le Conseil de sécurité que ce pays est confronté à un grave risque de recul en matière de sécurité et lui a demandé d’examiner des mesures pour garantir une adaptation de la Mission des Nations Unies (MINUSCA) à la nouvelle situation.

M. Ndiaye, qui dirige la MINUSCA, a rappelé que la Cour constitutionnelle centrafricaine a validé le 18 janvier la réélection du Président sortant, Faustin Archange Touadéra.

Sur le terrain, la situation demeure tendue « depuis la vague de violences qui a précédé le premier tour des élections, a émaillé celui-ci et se poursuit, du fait de la nouvelle coalition dénommée Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), dont les connivences avec certaines personnalités politiques, notamment l’ancien Président François Bozizé, sont désormais établies », a expliqué le Représentant spécial devant les membres du Conseil de sécurité.

« Cette situation de violences causée dans les régions par les groupes armés alliés - UPC, 3R, MPC, ainsi que certaines factions du FPRC et des anti-balaka - contre les populations civiles, les autorités publiques, les forces de défense et de sécurité et la MINUSCA, met à l’épreuve les capacités de la Mission à assurer ses tâches essentielles de protection des populations civiles dans un contexte politico-électoral tendu, exacerbé par des clivages identitaires », a-t-il ajouté.

M. Ndiaye a remercié le Conseil de sécurité de son soutien qui a permis la mise en place rapide du déploiement de troupes et d’hélicoptères de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) dans le cadre de la coopération intermission.

En Centrafrique, la situation demeure tendue

Demande de troupes supplémentaires

Considérant la multiplication des violences et l’adoption des embuscades comme mode opératoire par les combattants de la CPC qui ont causé à ce jour plus de cinq morts parmi les Casques bleus, l’envoyé de l’ONU a demandé la prorogation de quelques mois de cette coopération intermission.

Selon lui, il faut également une stratégie d’aménagement du mandat de la MINUSCA. « Une augmentation substantielle des effectifs des composantes en uniforme de la Mission en l’occurrence la Force, la Police et l’Administration pénitentiaire, devrait lui permettre de maintenir sa posture robuste tout en disposant d’une plus grande mobilité ».

« J’appelle ce Conseil à examiner les mesures les plus appropriées pour garantir une adaptation de la MINUSCA à la nouvelle situation », a-t-il dit. « Si elles peuvent paraître importantes en première approche (3.000 Casques bleus demandés), ces troupes additionnelles permettront à la mission de disposer d’un outil robuste et adapté à la menace. Proposition est donc faite de rehausser le plafond des casques bleus autorisés à 14 650 soldats », a-t-il souligné. 

Mankeur Ndiaye a prévenu que « la République centrafricaine court un grave risque de recul en matière de sécurité et consolidation de la paix, ce qui pourrait saper tout ce que ce Conseil et les partenaires de la République centrafricaine ont contribué à construire ».

Il a toutefois estimé que pendant cette crise, « les Centrafricains et les Centrafricaines ont démontré, par leur comportement courageux, qu’ils ne sont plus disposés à tolérer qu’on utilise la violence pour les priver d’un droit fondamental tel qu’est le droit de vote ». « En grand nombre, les citoyens et les citoyennes ont bravé la menace des armes et sont allés voter au risque de leur propre intégrité physique, et cela en dépassant les vieux conflits identitaires », a dit M. Ndiaye.

Selon le Représentant spécial, la seule réponse durable aux défis actuels est politique. Il a jugé désirable un gouvernement encore plus intégré, « avec un remplacement des éléments les plus radicaux par des membres plus impliqués dans la paix et la réconciliation ».

« Par ailleurs, un dialogue renoué avec les éléments des groupes armés qui ont opté pour rejoindre la CPC, mais qui n’ont pas commis des crimes graves, va être fondamental pour cheminer sur un parcours de réconciliation qui puisse stabiliser le pays sans compromettre la recherche de la justice et de la lutte contre l’impunite », a-t-il ajouté.