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Ethiopie : l’ONU prône un engagement politique pour mettre fin au carnage sur les routes

Deux femmes faisant l'objet d'un traitement à Addis-Abeba, en Ethiopie, où une personne meurt toutes les deux heures à cause des accidents de la route.
Photo Fonds mondial/John Rae
Deux femmes faisant l'objet d'un traitement à Addis-Abeba, en Ethiopie, où une personne meurt toutes les deux heures à cause des accidents de la route.

Ethiopie : l’ONU prône un engagement politique pour mettre fin au carnage sur les routes

Santé

En Ethiopie une personne meurt toutes les deux heures à cause des accidents de la route, a alerté mardi la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU) soulignant qu’un engagement politique est nécessaire pour mettre fin au carnage sur les routes de ce pays.

« Avec tant de vies perdues sur les routes d’Éthiopie, nous ne pouvons pas continuer comme si de rien n’était », a déclaré l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la sécurité routière, Jean Todt, lors de la publication de l’Examen des performances de l’Éthiopie en matière de sécurité routière. 

Selon les statistiques nationales reprises par la CEE-ONU, le nombre de morts sur les routes éthiopiennes a plus que doublé en plus de dix ans. Les décès sont passés à plus de 2.100 à près de 4.600 entre 2007 et 2018. 

Actuellement, la plupart des routes du pays sont des infrastructures à deux sens, à deux voies, avec de « nombreuses sections non conformes aux normes ». L’éclairage des rues est notamment insuffisant ou inexistant, ce qui constitue un problème majeur pour la sécurité des piétons. L’absence de signalisation routière et de marquage au sol est également très préoccupante.

Pour une mobilité sûre au cœur du rétablissement après la crise de Covid-19 

Selon les chiffres officiels, près de 80% des accidents mortels se sont produits sur des routes pavées et seulement 20% sur des routes en gravier et en terre, alors que les routes pavées ne représentent que près de 15% du réseau routier.

Globalement, les passagers sont les usagers de la route les plus vulnérables en Éthiopie. Ils ont représenté plus de la moitié des décès sur les routes en 2018. Cependant, dans les zones urbaines, les piétons représentent la majorité des décès.

Dans la capitale, la plupart des victimes sont des piétons alors que dans le reste du pays ce sont des passagers

Face à ces chiffres préoccupants sur la sécurité routière, M. Todt appelle Addis Abeba à assurer l’engagement politique et financier nécessaire  « pour une mobilité sûre au cœur de son rétablissement après la crise de Covid-19 ». 

En attendant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que les décès et les blessures dus aux accidents de la route font payer un lourd tribut aux familles et aux communautés. Ils font surtout peser une lourde charge sur les systèmes de santé.  

Parmi les facteurs à risque figurent les autobus et les véhicules commerciaux (camions), qui ont été impliqués « dans près des deux tiers des accidents mortels en 2018 ».

Limitation de vitesse, mise en œuvre des normes et des contrôles des véhicules

De plus, les voitures d’occasion, dont beaucoup ne sont pas équipées des dispositifs de sécurité de base, constituent plus de 85% du parc automobile éthiopien. Pour la CEE-ONU, l’Ethiopie n’applique pas de restrictions d’âge sur les véhicules pouvant être importés.

Selon l’examen des performances des Nations Unies en matière de sécurité routière lancé ce mardi, le gouvernement éthiopien devrait améliorer sa législation sur les normes des véhicules et le contrôle technique périodique. Cela permettrait à Addis Abeba de s’aligner sur les accords des Nations Unies.

A ce sujet, le ministre éthiopien des Transports, Dagmawit Moges, a expliqué que son pays a récemment introduit des changements dans la taxation des véhicules importés. De ce fait, les véhicules les plus récents qui répondent aux normes de sécurité requises par les Nations Unies se verront attribuer des tranches d’imposition inférieures à celles des véhicules plus anciens qui ne répondent pas à ces normes. 

« L’Autorité fédérale des transports a également commencé à installer des limiteurs de vitesse dans les véhicules lourds et les véhicules de transport public », a déclaré le ministre cité dans le communiqué de presse.

Rendre les routes plus sûres 

Selon l’étude, si des mesures décisives ne sont pas prises maintenant, les accidents de la route dans le pays risquent d’augmenter considérablement au cours de la prochaine décennie. 

« Bien que je félicite le gouvernement éthiopien d’avoir augmenté la taille de son réseau routier de plus de 26.000 km en 1997 à près de 127.000 km en 2018, le doublement du nombre de morts sur les routes du pays entre 2007 et 2018 suggère que l’augmentation des dépenses dans le secteur routier éthiopien doit s’accompagner de mesures de sécurité routière appropriées », a déclaré la Secrétaire exécutive de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe.

Mais compte tenu de l’ampleur du défi que représente la sécurité routière, qui constitue un fardeau majeur pour les secteurs socio-économique et sanitaire, la CEE-ONU soutient qu’il faut « accorder une plus grande attention aux interventions appropriées ». 

« Les recommandations de cet examen peuvent guider ces efforts, en contribuant à réduire de moitié le nombre de morts et de blessés sur les routes alors que nous entrons dans une nouvelle décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030) », a fait valoir M. Todt. 

A la demande du gouvernement éthiopien, cet examen fournit une évaluation globale de la situation du pays en matière de sécurité routière. Soutenu par l’Envoyé spécial de l’ONU pour la sécurité routière et mené par la CEA et la CEE-ONU, ce document identifie également des mesures concrètes pour sauver des vies.