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RCA : plus de 90.000 personnes ont fui leur foyer à la suite des récentes violences post-électorales

Des Centrafricains craignant la violence électorale fuient vers la République démocratique du Congo.
Photo : HCR/Ghislaine Nentobo
Des Centrafricains craignant la violence électorale fuient vers la République démocratique du Congo.

RCA : plus de 90.000 personnes ont fui leur foyer à la suite des récentes violences post-électorales

Paix et sécurité

En raison des violences et de l’insécurité survenues dans le contexte des élections présidentielles et législatives en République centrafricaine (RCA), plus de 90.000 personnes ont fui vers des pays voisins tandis que des dizaines d’autres milliers sont déplacés internes.

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a exprimé, vendredi, sa vive inquiétude, face à ce regain de tension, qui a déjà forcé plus de 30.000 Centrafricains à se réfugier au Cameroun, au Tchad, en République démocratique du Congo (RDC) et au Congo. Et la majorité d’entre eux ont traversé la frontière fluviale avec la RDC.

Ce sont plus de 24.000 personnes, qui se sont réfugiées dans les provinces congolaises du Bas Uélé et du Nord-Oubangui, en traversant le fleuve Oubangui. Et les 2 et 3 janvier, ce sont au moins 15.000 Centrafricains, qui sont arrivés dans le village de Ndu, à la suite des attaques des villes de Damara et Bangassou. 

« Les arrivées dans le village de Ndu, qui compte à peine 3,500 habitants, ont mis à rude épreuve les ressources et les familles d'accueil », a déclaré lors d’un point de presse, le porte-parole du HCR, Boris Cheshirkov.

Face à cet afflux de réfugiés en RDC voisine, l’Agence onusienne a renforcé sa présence le long de la rivière Oubangui. L’objectif est de répondre aux besoins des nouveaux arrivants et de préparer l'enregistrement ainsi que la réinstallation temporaire plus à l'intérieur des terres pour des raisons de sécurité.

Le rapatriement volontaire des réfugiés centrafricains temporairement suspendu

Au Cameroun, ce sont près de 4.500 autres personnes, qui sont arrivées pour la plupart dans la ville frontalière de Garoua-Boulai. Et plus de 2.000 Centrafricains se sont également réfugiés au Tchad voisin alors qu’environ 70 personnes ont atteint la République du Congo.

A la suite de cette nouvelle vague de réfugiés, le HCR s’est préoccupé par les informations faisant état de violations des droits de l'homme en RCA. L’Agence onusienne demande instamment aux gouvernements de tous les pays voisins de continuer à accorder l'accès à l'asile et à aider les autorités locales à enregistrer les nouveaux arrivants.

En attendant, la plupart des nouveaux réfugiés sont hébergés dans des communautés hôtes ou dans des abris de fortune. Selon le HCR, ces derniers ont un besoin urgent d'eau, d'un abri, d'un accès à la santé et à des installations sanitaires adéquates pour prévenir la propagation de la Covid-19.

Au Cameroun, un site dédié à Gado accueillera les nouveaux arrivants et l'enregistrement y sera effectué. L'enregistrement a également lieu au Tchad. Dans ce pays, le Programme alimentaire mondial (PAM) fournit des rations alimentaires aux réfugiés centrafricains et le HCR a mis en place une clinique mobile.

Ce regain de tension intervient alors que le rapatriement volontaire des réfugiés centrafricains avait repris le 20 novembre dernier, après des années d'exil au Cameroun et en RDC. Selon l’Agence onusienne, le processus est maintenant « temporairement interrompu ».

A la fin 2020, la RCA comptait plus de 1,2 millions de réfugiés et déplacés internes

Plus de 400 réfugiés centrafricains ont ainsi pu regagner en novembre dernier leur pays d’origine, après avoir passé plus de sept années en RDC.

Par ailleurs, à l’intérieur de la RCA, quelque 185.000 personnes d'au moins 25 localités ont fui, principalement par mesure préventive. Elles se sont réfugiées dans la brousse et les forêts depuis le 15 décembre.

Près de 113.000 personnes sont depuis retournées à leur lieu de résidence, selon les estimations du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires. Mais quelque 62.000 personnes restent nouvellement déplacées.

Sur le terrain, le HCR continue de travailler en étroite collaboration avec les autorités et ses partenaires pour mener un suivi en matière de protection des déplacés internes, afin de leur fournir une assistance et de soutenir les rapatriés et les efforts de réintégration.

Selon le HCR, près d’un quart de la population centrafricaine (4,7 millions) était déracinée à la fin 2020, avec plus de 600.000 réfugiés dans les pays voisins et autant de déplacés à l’intérieur de la RCA.