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Le virus qui a confiné le monde : l'effondrement économique

Des hommes déchargent des sacs d'oignons d'un camion à Bamako, au Mali.
Photo : Banque mondiale/Dominic Chavez
Des hommes déchargent des sacs d'oignons d'un camion à Bamako, au Mali.

Le virus qui a confiné le monde : l'effondrement économique

Développement durable (ODD)

Avec des millions de personnes contraintes de travailler depuis leur domicile cette année, des bureaux et des magasins fermés dans le cadre de mesures d'endiguement, et des déplacements partout fortement réduits, il était inévitable que l'économie en souffre. Dans la cinquième partie de notre regard sur l'année 2020, nous nous concentrons sur l'effet sismique que la Covid-19 a eu sur l'économie mondiale.

Les signes avant-coureurs

Des conteneurs dans un port de la République démocratique de São Tomé et Príncipe.
CNUCED/Jan Hoffmann
Des conteneurs dans un port de la République démocratique de São Tomé et Príncipe.

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a estimé les pertes économiques mondiales à 1 000 milliards de dollars en 2020.

Avant même que le virus n'ait été officiellement déclaré pandémie, il était clair que les fermetures, les interdictions de voyage et autres restrictions de mouvement seraient graves.

En mars dernier, la CNUCED, prévoyait qu'environ 1000 milliards de dollars seraient perdus pour l'économie mondiale au cours de l'année. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont donc organisé une injection de plusieurs milliards de dollars de fonds mondiaux, soutenus par les Nations Unies, qui seront mis à la disposition des marchés émergents et à faible revenu.

Malgré cette aide, les perspectives, en particulier pour les quelque six milliards de personnes vivant dans les pays en développement, étaient sombres, la CNUCED ayant mis en garde contre un « tsunami financier imminent ».

Les jeunes et les travailleurs peu qualifiés sont les plus touchés

Une femme suit les protocoles sanitaires en portant un masque facial au travail dans un restaurant en Indonésie.
OIT/Feri Latief
Une femme suit les protocoles sanitaires en portant un masque facial au travail dans un restaurant en Indonésie.

En mai, le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA) a prévu que l'économie mondiale se contracterait de près de 3,2 % en 2020, soit l'équivalent de quelque

L'Organisation internationale du travail (OIT) a averti que près de la moitié de la main-d'œuvre mondiale pourrait voir ses moyens de subsistance détruits en raison de la baisse continue du nombre d'heures de travail provoquée par les fermetures. Le mois suivant, la Banque mondiale a confirmé que le monde était au milieu de la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les travailleurs peu qualifiés ont été durement touchés, tant dans les pays riches que dans les pays en développement. Des licenciements massifs ont eu lieu dans le secteur des services, en particulier dans les industries qui impliquent des interactions personnelles comme le tourisme, la vente au détail, les loisirs et l'hospitalité, les services de loisirs et de transport.

En décembre, l'OIT a publié un rapport montrant que les augmentations de salaire ralentissent, voire s'inversent, frappant les femmes et les travailleurs les moins bien payés : cette tendance devrait se poursuivre même avec la mise en place des vaccins.

Les jeunes sont également particulièrement touchés : plus d'un travailleur sur six avait cessé de travailler en mai et ceux qui travaillent encore ont vu leurs heures réduites de près de 23 %.

Le revenu de base universel est-il la réponse ?

Des ouvriers dans une centrale électrique à Takoradi, au Ghana (archives). Photo Jonathan Erns/Banque mondiale
Photo : Banque mondiale/Jonathan Ernst
Des ouvriers dans une centrale électrique à Takoradi, au Ghana (archives). Photo Jonathan Erns/Banque mondiale

Face à ce flot de données négatives, l'idée d'un revenu de base universel (où les gouvernements donnent une somme d'argent minimale à tous les citoyens, indépendamment de leur statut professionnel ou de leur revenu) a commencé à faire son chemin au sein des Nations Unies.

En mai, un rapport de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a proposé que les gouvernements assurent des transferts temporaires immédiats en espèces pour aider les millions de personnes qui luttent pour satisfaire leurs besoins fondamentaux, alors que les retombées massives de la Covid-19 se répercutaient sur les économies de la région.

Lors d'un entretien avec ONU Info, Kanni Wignaraja, haut responsable au PNUD a déclaré que la pandémie avait tellement perturbé les économies que des idées plus audacieuses étaient désormais nécessaires.

« Aux Nations Unies, nous disons que s'il n'y a pas de revenu minimum sur lequel s'appuyer lorsque ce genre de choc massif se produit, les gens n'ont littéralement pas le choix. Sans les moyens de subvenir à leurs besoins, ils sont bien plus susceptibles de succomber à la faim ou à d'autres maladies, bien avant que la Covid-19 ne les atteigne », a-t-il déclaré.

« C'est pourquoi, pour le PNUD, il est si essentiel de relancer le débat sur le revenu de base universel et d'en faire un élément central des plans de relance budgétaire que les pays envisagent », a-t-il ajouté.

Dès l'été, un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) recommandait un revenu de base universel temporaire, pour les personnes les plus pauvres du monde, comme moyen de ralentir la montée en puissance de COVID-19 et de permettre à près de trois milliards de personnes de rester chez elles. L'étude a montré que les travailleurs qui ne bénéficient d'aucun filet de sécurité sociale n'ont pas d'autre choix que de s'aventurer à l'extérieur, ce qui les met en danger, eux et leur famille.

Contacté en décembre par ONU Info, le PNUD a expliqué comment le revenu de base temporaire a contribué à ralentir la propagation de la Covid-19 et à fournir un filet de sécurité aux personnes dans le besoin.

Par exemple, cette année, plusieurs agences des Nations Unies ont collaboré pour aider le gouvernement du Cambodge à mettre en place son premier système numérique de transfert d'argent liquide pour les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, un système qui, selon le PNUD, est désormais l'épine dorsale du programme gouvernemental contre la Covid-19 de transfert d'argent liquide pour les pauvres.

A noter que les gouvernements du Bangladesh, de l'Indonésie, de la Malaisie, des Philippines, du Viet Nam et d'autres pays ont mis en place des systèmes similaires de transfert d'argent liquide.