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Arabie saoudite : des expertes de l’ONU demandent la libération de la militante Loujain Al-Hathloul

Le Palais des Nations, siège de l’Office des Nations Unies à Genève, où se tiennent habituellement les travaux du CEDAW
Photo : ONU/Rick Bajornas
Le Palais des Nations, siège de l’Office des Nations Unies à Genève, où se tiennent habituellement les travaux du CEDAW

Arabie saoudite : des expertes de l’ONU demandent la libération de la militante Loujain Al-Hathloul

Femmes

Le comité des Nations Unies chargé des droits de la femme a alerté jeudi sur la détérioration de l’état de santé de la militante saoudienne Loujain Al-Hathloul et demandé sa libération. 

Mme Al-Hathloul, 31 ans, a été arrêtée en mai 2018. Elle a entamé une grève de la faim depuis le 26 octobre pour protester contre sa détention prolongée. Son état de santé est « profondément alarmant » estime le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).

Les expertes indépendantes membres du CEDAW ont donc demandé « la libération immédiate de Mme Al-Hathloul et de toutes les autres femmes militantes des droits humains en détention » en Arabie saoudite.

« Le Comité est sérieusement préoccupé par les informations récentes concernant les conditions de la détention prolongée de Mme al-Hathloul, notamment les informations selon lesquelles elle n’est pas autorisée à avoir des contacts réguliers avec sa famille », a indiqué dans un communiqué le CEDAW.

Les membres du Comité s’inquiètent notamment de l’état de santé physique et mentale ainsi que du bien-être de Mme Al-Hathloul, en particulier à la lumière de sa grève de la faim. « Nous demandons instamment aux autorités saoudiennes de protéger ses droits à la vie, à la santé, à la liberté et à la sécurité de la personne à tout moment, tout en respectant pleinement ses libertés de conscience et d’expression, y compris en menant une grève de la faim », ont-elles plaidé.

Arrêtée trois mois après avoir rencontré le CEDAW

Mme Al-Hathloul s’est engagée dans la promotion des droits des femmes dans son pays l’Arabie saoudite, notamment avec des campagnes visant à permettre aux femmes de conduire et à mettre fin aux lois sur la tutelle masculine. Elle avait d’ailleurs rencontré le CEDAW en février 2018 pour lui faire part de ses observations sur la situation des droits des femmes en Arabie saoudite.

Trois mois après sa réunion avec le CEDAW, elle a été arrêtée en Arabie saoudite. « Le 15 mai 2018, Mme Al-Hathloul a été arrêtée et est depuis lors détenue pour des raisons de sécurité nationale, dans des circonstances qui équivaudraient à une arrestation et une détention arbitraires », a détaillé le Comité. Les accusations portées contre la militante étaient basées, en partie, sur son engagement avec le CEDAW.

L’Arabie Saoudite avait assuré en février dernier à cet organe indépendant onusien que le procès de Mme Al-Hathloul aurait lieu en mars de cette année. Cependant, l’audience a été reportée à plusieurs reprises depuis lors.

Dans ces circonstances, le Comité a exhorté les autorités saoudiennes à protéger les droits de Mme Al-Hathloul à la vie, à la santé, à la liberté et à la sécurité de la personne à tout moment. « Les défenseurs des droits de l’homme ont le droit de communiquer avec l’ONU, et ils doivent le faire sans crainte ni représailles d’aucune sorte », ont rappelé les expertes.

A l’approche de la Journée internationale des femmes défenseures des droits humains (29 novembre) le CEDAW a appelé le Roi Salman bin Abdelaziz Al Saoud à utiliser « ses prérogatives royales pour assurer la libération de Loujain Al-Hathloul ».

Le Comité a également rendu hommage à toutes les autres femmes défenseures des droits humains dans le monde qui subissent des représailles en raison de leur travail en faveur de la défense des droits des femmes et de leur plaidoyer pour l’égalité des sexes et la non-discrimination.