L'actualité mondiale Un regard humain

Conflit du Haut-Karabakh : Michelle Bachelet réclame un cessez-le-feu en raison de l'impact sur les civils

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, devant la presse à Genève. (4 septembre 2019)
ONU Info/Daniel Johnson
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, devant la presse à Genève. (4 septembre 2019)

Conflit du Haut-Karabakh : Michelle Bachelet réclame un cessez-le-feu en raison de l'impact sur les civils

Paix et sécurité

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a appelé vendredi à un cessez-le-feu urgent dans la zone de conflit du Haut-Karabakh  en raison de l'impact des combats sur les civils, alors que les hostilités continuent de s'étendre le long de la ligne de contact.

« Il est très inquiétant de constater que ces derniers jours, des zones peuplées auraient été prises pour cible et bombardées à l'arme lourde dans la zone de conflit et ses environs », a déclaré dans un communiqué Mme Bachelet.

Depuis que les dernières violences ont éclaté le 27 septembre, des frappes d'artillerie auraient touché un certain nombre de villes et de villages.

Le Haut-Karabakh est une région peuplée d’Arméniens qui est enclavée en Azerbaïdjan et a fait sécession au début des années 1990 avec le soutien de l’Arménie.

Protéger les civils et les infrastructures civiles

Selon les informations provenant de différentes sources, que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme n'a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante, au 8 octobre, quelque 53 civils, y compris des enfants, ont été tués à la suite des hostilités.

Un grand nombre de bâtiments, y compris des maisons, des écoles et d'autres installations civiles, auraient été détruits - la grande majorité se trouvant dans le Haut-Karabakh.  

« Je rappelle à toutes les parties au conflit de respecter leurs obligations en vertu du droit humanitaire international pour protéger les civils et les infrastructures civiles, en respectant les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution et en évitant l'utilisation d'armes explosives ayant des effets de grande portée dans les zones peuplées », a souligné la cheffe des droits de l’homme de l’ONU. 

Les armes à sous-munitions dispersent de petites bombes, souvent brillantes ou colorées, sur de vastes zones, dont beaucoup n'explosent pas immédiatement mais peuvent ensuite tuer et mutiler pendant des années

Elle a également rappelé à tous les États, en particulier ceux qui ont une influence sur les parties au conflit, qu'ils sont « tenus par le droit international de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer le respect du droit international humanitaire, y compris la protection des civils ».

La Haut-Commissaire a signalé des rapports très troublants selon lesquels des armes à sous-munitions auraient été utilisées dans la zone de conflit.

« Les armes à sous-munitions dispersent de petites bombes, souvent brillantes ou colorées, sur de vastes zones, dont beaucoup n'explosent pas immédiatement mais peuvent ensuite tuer et mutiler pendant des années », a averti Mme Bachelet, ajoutant que « l'utilisation de telles munitions devrait cesser immédiatement ».

Mme Bachelet a invité l'Arménie et l'Azerbaïdjan à rejoindre la centaine d'États qui ont ratifié la Convention sur les armes à sous-munitions qui interdit complètement leur utilisation.

La Haut-Commissaire a également appelé toutes les parties à ce conflit, qui dure depuis plus de 30 ans, à s'abstenir d'utiliser un langage inflammatoire, péjoratif ou discriminatoire pour alimenter les divisions.

« Les discours de haine ne mènent nulle part si ce n'est à une haine mutuellement déshumanisante et destructrice qui, comme nous le voyons tragiquement maintenant, éclate périodiquement en conflit et en pertes de vies humaines. Ce qu'il faut de la part de tous, y compris des dirigeants politiques, c'est un dialogue constructif visant à protéger les droits de l'homme et à favoriser une solution politique durable au conflit », a déclaré Mme Bachelet.

La Covid-19, facteur de complication

La Haut-Commissaire a également exprimé son inquiétude face à la menace sanitaire directe que représente la reprise des hostilités dans le contexte de la pandémie de Covid-19, où toutes les parties au conflit luttent pour contenir la propagation du virus.

« Alors que la violence se poursuit, certains civils se seraient installés dans des sous-sols ou d'autres abris qui risquent de n'offrir aucune possibilité de maintenir une distance physique pour limiter la propagation de la Covid-19 et de limiter l'accès des personnes à l'eau potable et à l'assainissement », a regretté la Haut-Commissaire.

« L'accès aux soins de santé doit être garanti, ce qui implique de fournir un soutien psychosocial aux victimes de ce conflit, y compris celles qui ont été blessées à la suite des dernières hostilités et celles qui ont été touchées au cours des plus de trois décennies du conflit au Haut-Karabakh », a souligné Mme Bachelet.