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Le coronavirus met les inégalités et la vulnérabilité des minorités en exergue, selon l’ONU

Les minorités raciales et ethniques sont confrontées à la pandémie de la Covid-19 d'une façon disproportionnée.
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Les minorités raciales et ethniques sont confrontées à la pandémie de la Covid-19 d'une façon disproportionnée.

Le coronavirus met les inégalités et la vulnérabilité des minorités en exergue, selon l’ONU

Droits de l'homme

Le nouveau coronavirus représente un risque pour tous mais les conséquences négatives ne sont pas réparties équitablement, a affirmé jeudi la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, lors d’un débat du Conseil des droits de l’homme relatif au droit du développement. 

« Bien que le virus représente un risque pour tous, son fardeau n’est pas partagé de manière égale », a déclaré Michelle Bachelet, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.

Parmi les plus touchés par l’impact de la pandémie de Covid-19 figurent les personnes d’ascendance africaine et les membres de minorités raciales, ethniques et religieuses, « dont les droits ont été trop longtemps bafoués par un racisme structurel ».

Dans l’enceinte du Conseil des droits de l’homme, Michelle Bachelet s’est également préoccupée du sort des peuples indigènes, des personnes vivant dans la pauvreté, des personnes handicapées, mais aussi des migrants et des réfugiés.

D’une manière générale, le monde souffre de plus en plus des répercussions socio-économiques de cette pandémie et plus particulièrement les minorités. « Les femmes qui travaillent dans le secteur informel sont touchées de manière disproportionnée par les pertes d’emploi, tout en continuant à s’occuper de leur famille », a-t-elle ajouté.

Covid-19 a mis à jour la discrimination et les inégalités dans le monde

Pour Mme Bachelet, au-delà de l’urgence sanitaire, la Covid-19 est une crise humaine profonde, « très enracinée dans la discrimination et les inégalités ».

« Se laver constamment les mains, travailler à domicile et s’éloigner physiquement sont de nouvelles habitudes.  Mais pas pour tous », a estimé la Haut-Commissaire, précisant qu’environ 2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et à l’assainissement.

Des millions sont sans abri et, pour beaucoup, la distanciation physique est hors de portée. « Les femmes qui travaillent dans le secteur informel sont touchées de manière disproportionnée par les pertes d’emploi, tout en continuant à s’occuper de leur famille », a-t-elle ajouté. 

Plus largement, la pandémie a mis à jour des injustices sociales dans le monde, exacerbé les inégalités entre les pays et les asymétries entre eux. Mme Bachelet s’est ainsi inquiétée de la situation des pays pauvres, qui sont confrontés à « l’effondrement des échanges commerciaux, à la baisse des envois de fonds, à la fuite des capitaux et à la dépréciation des devises ».

« Pour de nombreux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, le fardeau de la dette les prive d’un "répit" », a-t-elle fait valoir. Ce qui réduit leur marge de manœuvre budgétaire pour assurer le respect des droits socio-économiques, notamment en matière d’alimentation et d’eau, de santé et d’éducation.

La santé n’est pas un luxe, c’est un droit de l’homme - Dr Tedros

M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, a également fait un diagnostic identique.  Selon le chef de l’OMS, la pandémie a touché de manière disproportionnée les personnes vulnérables.

Il s’agit notamment les minorités raciales et ethniques, les personnes âgées et les familles à faible revenu. La pandémie a également eu des répercussions sur le chômage ou l’accès aux soins de santé essentiels, la violence sexiste et les inégalités entre les sexes. 

Dans ces conditions, le Dr Tedros estime que le nouveau coronavirus est « la preuve que la santé n’est pas juste le produit du développement mais une condition de base pour la stabilité socio-économique du monde ». « La santé n’est pas un luxe pour ceux qui peuvent se le permettre, c’est un droit de l’homme » a insisté le chef de l’OMS. Et cette « menace mondiale commune » à laquelle le monde est confronté exige une réponse commune. 

Et « une réaction commune est indispensable dans ce domaine ». L’OMS entend ainsi travailler avec tous les acteurs pour faire face à cette pandémie et « permettre à tous d’avoir accès aux soins et aux vaccins ». 

Un agent de santé d'un centre de dépistage recueille des échantillons pour le coronavirus à l'hôpital d'État Mimar Sinan, dans le district de Buyukcekmece à Istanbul, en Turquie.
Photo : PNUD Turquie/Levent Kulu
Un agent de santé d'un centre de dépistage recueille des échantillons pour le coronavirus à l'hôpital d'État Mimar Sinan, dans le district de Buyukcekmece à Istanbul, en Turquie.

Multilatéralisme et devoir de solidarité

Du côté du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, l’accent est mis sur le devoir de solidarité, qui doit être « au cœur même du droit au développement ».

Il faut que chacun puisse participer à ce processus, a déclaré la Haut-Commissaire. Il faut développer une solidarité accrue avec les peuples vulnérables. « Nous avons besoin des droits de l’homme, d’une responsabilité partagée et d’une solidarité mondiale », a ajouté Mme Bachelet.

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU prône donc un nouveau contrat social et une nouvelle donne pour permettre une égalité des chances pour tous, comme l’a appelé le Secrétaire général des Nations Unies. Et dans ce monde post-Covid, elle insiste sur le besoin « d’un multilatéralisme renouvelé, une volonté politique et un leadership fort à tous les niveaux ». 

Il s’agit également de renforcer la coopération notamment la coopération sud-sud. « Nous devons renouveler le partenariat mondial et la coopération internationale, y compris les initiatives Sud-Sud, en faisant entendre la voix de tous les pays sur un pied d’égalité », a conclu Mme Bachelet, invitant la communauté internationale à « reconstruire mieux » et qui « signifie cesser de regarder ailleurs ».