L'actualité mondiale Un regard humain

Pour le chef de l’ONU, une diplomatie efficace passe par des contacts en personne

Le nouveau Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Volkan Bozkir (sur les écrans), préside la première réunion plénière de la 75e session de l'Assemblée générale.
Photo : ONU/Evan Schneider
Le nouveau Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Volkan Bozkir (sur les écrans), préside la première réunion plénière de la 75e session de l'Assemblée générale.

Pour le chef de l’ONU, une diplomatie efficace passe par des contacts en personne

À l’ONU

Si l’ONU est préparée pour organiser la première Assemblée générale virtuelle de son histoire, son Secrétaire général a souligné mercredi que les rencontres en personne avec les dirigeants du monde entier restent indispensables pour assurer une diplomatie efficace face aux nombreuses crises.

Faire vivre la diplomatie et le multilatéralisme à l’heure de la Covid-19 et du numérique. C’est le défi lancé cette année aux Nations Unies qui doivent organiser à partir de la semaine prochaine le segment de haut-niveau et le débat général de l’Assemblée générale.

En raison de la pandémie, les dirigeants du monde entier ne viendront pas cette année en personne au siège de l’ONU à New York mais participeront à distance à l’Assemblée générale des Nations Unies en envoyant chacun un message vidéo. Pour cette année du 75e anniversaire de l’ONU, l’organisation internationale s’attend à la participation du plus grand nombre de chefs d’Etat et de gouvernement de son histoire.

La diplomatie, pour être efficace, nécessite un contact personnel - António Guterres

« Mais, je dois dire que la diplomatie, pour être efficace, nécessite un contact personnel », a toutefois reconnu  António Guterres  qui a été lui même Premier ministre de son pays, le Portugal, de 1995 à 2002. « Je suis vraiment navré de ne pas avoir l'occasion de rassembler les dirigeants des pays ».

Les messages vidéo des dirigeants du monde entier ne seront pas diffusés en direct mais enregistrés à l’avance et envoyés à l’ONU pour une diffusion mondiale. « Lorsque vous avez des chefs d’État et de gouvernement - et on parle maintenant probablement de 160 ou 170 chefs d’État et de gouvernement -, il faudra parler les uns après les autres pendant plusieurs jours », a expliqué M. Guterres. « Et il est parfois difficile (…) de garantir qu'ils parleront exactement le temps qui est défini ».

Le risque de discours prononcés en direct est d’avoir des dirigeants du monde entier de différents fuseaux horaires attendre en ligne leur tour durant cette semaine. « Ce serait complètement ingérable », a dit le Secrétaire général. Dans ces conditions, le chef de l’ONU estime qu’il est probablement préférable de permettre l'enregistrement des messages pour le débat général, « de s'assurer que tout le monde aura la possibilité d'intervenir, que les gens n'attendront pas d'autres qui prennent trop de temps (…) et que nous sommes en mesure de remplir pleinement l’ordre du jour ».

Durant le segment de haut-niveau de l’Assemblée générale, plusieurs réunions virtuelles seront organisées en direct avec la participation de chefs d’État et de gouvernement sur différents thèmes d’importance. « Mais nous manquerons ce contact personnel, qui, à mon avis, est très important pour que la diplomatie soit efficace », a insisté M. Guterres.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors d'une conférence de presse marquant l'ouverture de la 75e session de l'Assemblée générale des Nations Unies.
Photo ONU Werb TV
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors d'une conférence de presse marquant l'ouverture de la 75e session de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Israël-Palestine : « Saisir les opportunités qui existent »

Lors de sa conférence de presse, le chef de l’ONU a répondu à plusieurs questions de journalistes sur des situations spécifiques de paix et de sécurité internationales.

Interrogés sur un retour de sanctions contre l’Iran voulu par les Etats-Unis qui ont soulevé un point de l’accord sur le nucléaire iranien, M. Guterres a répondu qu’il appartient au Conseil de sécurité d’interpréter les résolutions qu’elle a adoptées. « Nous agirons en accord avec ce que le Conseil fait », a-t-il dit.

Concernant la normalisation des relations entre Israël d’une part, et Bahreïn et les Emirats arabes unis d’autre part, le Secrétaire général a souligné l’importance « de saisir les opportunités qui existent ».

« Cet accord (de normalisation), indépendamment de son contexte, a abouti à un résultat très important, à savoir la suspension de l’annexion du territoire occupé (palestinien », a-t-il déclaré. « Cette opportunité existe maintenant. L'annexion a été suspendue, et nous pensons que c'est le moment où il est important que Palestiniens et Israéliens relancent leur dialogue afin de trouver une solution politique conforme aux résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il ajouté plaidant pour des négociations directes.

Sur la Libye, le chef de l’ONU s’est dit scandalisé par le renforcement militaire significatif des deux parties en conflit, et par le fait que plusieurs pays violent les résolutions du Conseil de sécurité sur l’embargo sur les armes ainsi que les engagements qu’ils ont pris lors de la conférence de Berlin.

Dénonçant l’« impasse militaire » en Libye, M. Guterres a reconnu que, malgré les contacts avec toutes les parties, il n'y a pas eu de progrès en ce qui concerne un cessez-le-feu immédiat.

Belarus : « Les manifestations pacifiques doivent être traitées sans mesures répressives »

Sur Chypre, le chef de l’ONU estime que les élections dans la partie nord (communauté turque) doivent précéder toute reprise des négociations et d’« initiatives diplomatiques » envisagées. « Dès que (les élections) auront lieu, j'ai l'intention de convoquer à nouveau les cinq partenaires clés, les garants (Grèce, Turquie et Royaume-Uni) et les deux communautés (grecque et turque de Chypre) et de relancer également un dialogue avec les dirigeants des deux communautés », a-t-il dit.

En attendant, M. Guterres, qui s’est dit « totalement déterminé à revitaliser le processus politique », plaide pour le développement de « mesures de confiance » et « d'éviter toute action unilatérale » qui pourrait compromettre le les négociations.

Alors que les manifestations continuent au Belarus plus d'un mois après les élections, le Secrétaire général n’a pas caché son inquiétude face à la répression.

« Les manifestations pacifiques doivent être traitées sans mesures répressives », a-t-il dit, dans un message destiné aux autorités. « Nous avons répété à maintes reprises qu'il était important de ne pas avoir de prisonniers d'opinion, que les gens ne devraient pas être arrêtés en raison de leurs opinions, qu'ils soient citoyens, journalistes ou qui que ce soit ».

M. Guterres a souligné la nécessité d’un dialogue entre les Bélarussiens « pour permettre une réconciliation effective dans le pays ».

Sur les élections prévues au Venezuela à la fin de l’année, le Secrétaire général a rappelé que les Nations Unies ne peuvent aller les observer que si elles disposent d’un mandat de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité. Interrogé sur le dernier rapport d’enquêteurs indépendants faisant état de crimes contre l’humanité, M. Guterres a estimé que ce document est « très préoccupant et qu’il devrait être pris très au sérieux par les autorités vénézuéliennes ».