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Les démolitions illégales en Cisjordanie atteignent des sommets pendant la crise de la Covid-19, déplore l'ONU

Des maisons palestiniennes et des colonies israéliennes dans la zone H2 à Hébron, en Cisjordanie.
Photo : ONU Info / Reem Abaza
Des maisons palestiniennes et des colonies israéliennes dans la zone H2 à Hébron, en Cisjordanie.

Les démolitions illégales en Cisjordanie atteignent des sommets pendant la crise de la Covid-19, déplore l'ONU

Paix et sécurité

Alors que la pandémie de Covid-19 affecte l’ensemble de Cisjordanie, les démolitions illégales de maisons et de biens dans le territoire occupé palestinien n’a jamais été aussi importante depuis quatre ans, déplore l’ONU.

« La démolition de structures essentielles pendant la période de la pandémie de Covid-19 est particulièrement inquiétante car elle aggrave encore la situation générale en Cisjordanie », a déclaré le Coordinateur des affaires humanitaires des Nations Unies pour les territoires palestiniens occupés, Jamie McGoldrick.

« La destruction de biens dans un territoire occupé est interdite par le droit humanitaire international, sauf en cas de nécessité absolue pour des opérations militaires », a-t-il rappelé.

Ainsi, la période de mars à août 2020 a vu la démolition ou la confiscation de 389 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie, en moyenne 65 par mois, soit le taux de destruction moyen le plus élevé en quatre ans, a fait valoir le Coordinateur.

Au début de la pandémie de Covid-19, les autorités israéliennes ont indiqué qu'elles allaient mettre un frein à leur politique de longue date de démolition des maisons palestiniennes habitées.

Malheureusement, les démolitions effectuées entre mars et août 2020 ont laissé 442 Palestiniens sans abri, exposant encore davantage un grand nombre d'entre eux aux risques liés à la pandémie.

Rien qu'en août, 205 personnes ont été déplacées, soit plus qu'au cours de tout autre mois depuis janvier 2017.

Pas que des maisons

Au-delà des maisons, les biens ciblés comprenaient l'eau, les équipements d'hygiène ou d'assainissement, et les structures utilisées pour l'agriculture, entre autres, ce qui a compromis l'accès de nombreuses personnes aux moyens de subsistance et aux services.

En outre, 50 de ces structures ont été données aux Palestiniens au titre de l'aide humanitaire, et leur destruction a touché les plus vulnérables de tous, et a sapé les opérations d'urgence.

Il est particulièrement préoccupant de constater que les autorités israéliennes ont de plus en plus recours à une procédure accélérée (ordonnance 1797) pour l'enlèvement des structures dès 96 heures après la remise d'un avis, ce qui empêche en grande partie les propriétaires d'être entendus devant un organe judiciaire.

Lorsque les autorités israéliennes démolissent, ou forcent les gens à démolir, des maisons et des sources de revenus, elles invoquent généralement l'absence de permis de construire délivrés par Israël, qu'il est presque impossible aux Palestiniens d'obtenir, en raison du régime de planification restrictif et discriminatoire, et qui ne leur laisse aucun lieu pour la construction autorisée.

« La pandémie mondiale a accru les besoins et les vulnérabilités des Palestiniens, qui sont déjà pris au piège de l'anormalité d'une occupation militaire prolongée », a déclaré Jamie McGoldrick. « Les démolitions illégales exacerbent ces vulnérabilités et doivent cesser immédiatement ».