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Financement, unité et confiance : trois éléments nécessaires pour un vaccin contre le coronavirus

Une technicienne de laboratoire travaille dans un centre de recherche à Bangkok, en Thaïlande. Ce centre de rechercheet de formation qui collabore avec l'OMS sur les zoonoses virales.
Photo : OMS/P.Phutpheng
Une technicienne de laboratoire travaille dans un centre de recherche à Bangkok, en Thaïlande. Ce centre de rechercheet de formation qui collabore avec l'OMS sur les zoonoses virales.

Financement, unité et confiance : trois éléments nécessaires pour un vaccin contre le coronavirus

Santé

Plusieurs dirigeants de la planète ont défendu jeudi le Dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (Accélérateur ACT) alors que la pandémie poursuit sa progression à travers le monde.

S’appuyer sur un « leadership politique de haut-niveau » pour mobiliser une « réponse commune » au coronavirus, c’est l’exercice auquel s’est prêté le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus pour rassembler la communauté internationale autour de l’Accélérateur ACT.

Aidé par le Secrétaire général de l’ONU, la Présidente de la Commission européenne, la Première ministre norvégienne, et les Présidents sud-africain et rwandais, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est efforcé de remobiliser une solution internationale au virus face à la multiplication d’initiatives isolées.

Lancé fin avril, l’Accélérateur ACT est une collaboration mondiale visant à accélérer la mise au point et la production de produits de diagnostic, de traitements et de vaccins contre la Covid-19 et à en assurer un accès équitable. 

Plus de quatre mois après son lancement, le Dr. Tedros a salué la vitesse de développement de ces produits. « Nous sommes actuellement en train d'établir un consensus sur la répartition internationale de ces produits », s’est félicité le Dr. Tedros. 

« Mais l’Accélérateur ACT ne pourra pas atteindre ses objectifs sans une augmentation significative du financement », a prévenu le chef de l’OMS.

A ce jour, cette initiative, qui associe plusieurs organisations internationales spécialisées sur les questions de santé et de financement, a reçu 2,7 milliards de dollars. Un montant qui a permis une phase de démarrage robuste mais qui ne représente moins de 10% des besoins globaux.

« Nous avons besoin de 35 milliards de dollars pour passer à l’échelle supérieure et avoir un impact », a précisé António Guterres.

Pour le Secrétaire général de l’ONU, le temps presse. Si 15 milliards de dollars ne sont pas mis à disposition au cours des trois prochains mois, le monde risque de « perdre la fenêtre d’opportunité » pour faire progresser la recherche contre le virus. « Les donateurs doivent puiser les fonds qu’ils ont déjà approuvés afin d’attaquer la Covid dans toutes ses dimensions », a-t-il souligné.

Des techninciens de laboratoire dans un centre de recherche collaborant avec l'OMS sur les zoonoses virales à Bangkok, en Thaïlande.
Photo : OMS/P.Phutpheng
Des techninciens de laboratoire dans un centre de recherche collaborant avec l'OMS sur les zoonoses virales à Bangkok, en Thaïlande.

Garantir l’accès équitable au vaccin

Au problème du financement des outils contre la Covid-19, s’est ajouté celui de la coordination. Plusieurs pays ont décidé de s’attaquer au virus en ordre dispersé, en vue de défendre leur intérêt national face, pourtant, à un « ennemi commun », a rappelé le chef de l’ONU.

M. Guterres a insisté pour que tout vaccin obtenu avec réussite contre le virus soit considéré comme « un bien public mondial » abordable et disponible pour tous « car la Covid-19 ne respecte aucune frontière ».

Co-président du Conseil de facilitation de l’Accélérateur ACT, le Président de l’Afrique du Sud, a plaidé en faveur des pays du Sud, très souvent dépourvus des ressources pour combattre le coronavirus.

« Nous ne pouvons pas atteindre la couverture sanitaire universelle lorsque le vaccin contre la Covid-19 n'est disponible que dans les pays disposant de ressources suffisantes en termes de recherche, de fabrication, de distribution et de service », a expliqué Cyril Ramaphosa, dont le pays exerce cette année la présidence de l’Union africaine.

Autre co-présidente du Conseil de facilitation de l’Accélérateur ACT, la Première ministre de la Norvège, Erna Solberg, a souligné que l’accès équitable au vaccin est une question de droits de l’homme et de sécurité sanitaire mondiale. Mme Solberg a rappelé le rôle clé d’une coordination mondiale et intersectorielle.

« Grâce à l’Accélérateur ACT, les gouvernements, les organisations, les industries et la société civile doivent unir leurs forces comme jamais auparavant, pour accélérer le développement de vaccins, de tests et de traitements », a-t-elle insisté.

Le Président du Rwanda, Paul Kagamé, qui préside également le Nouveau partenariat pour l’Afrique (NEPAD), a, lui aussi, vanté les mérites de l’Accélérateur ACT qui « en mutualisant les risques » permet de « garantir une distribution juste et équitable du vaccin ».

La Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a, de son côté, promis l’engagement de l'Union européenne « à user de tout son pouvoir de rassemblement » pour aider à maintenir l’unité de la communauté internationale contre le coronavirus.

« Avec la présidence de la Norvège et de l'Afrique du Sud représentant le Nord et le Sud, et l'expertise de l'OMS et de nos partenaires internationaux, aucun pays ni aucune région ne sera laissé pour compte dans ce combat », a assuré la responsable européenne.

En dehors du financement et de la coordination des efforts, le chef de l’ONU a tenu à souligner l’importance d’établir la confiance dans les vaccins.

« Pour qu'un vaccin fonctionne, la majorité des hommes, des femmes et des enfants du monde entier doivent être prêts à le prendre », a-t-il rappelé alors que la méfiance, les hésitations, les réticences et les théories du complot à l'égard de la vaccination en général augmentent dans le monde. A cet égard, le Secrétaire général a annoncé que les Nations Unies et l’OMS travailleront avec les principales plateformes pour contrer la « désinformation meurtrière » qui règne sur les médias sociaux.