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L’ONU demande une enquête indépendante sur l’empoisonnement de l’opposant russe Alexei Navalny 

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, devant la presse à Genève. (4 septembre 2019)
ONU Info/Daniel Johnson
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, devant la presse à Genève. (4 septembre 2019)

L’ONU demande une enquête indépendante sur l’empoisonnement de l’opposant russe Alexei Navalny 

Droits de l'homme

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU a appelé, mardi, à une enquête indépendante sur l’empoisonnement de la figure de l’opposition russe Alexei Navalny actuellement hospitalisé en Allemagne.

Alexei Navalny, « a été sorti du coma », a indiqué lundi l’hôpital de la Charité, à Berlin, dans lequel il a été transféré après avoir été victime d’un empoisonnement le 20 août dernier en Sibérie, en Russie.

Dans un communiqué de presse, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a exhorté le gouvernement russe « à mener, ou à coopérer pleinement à une enquête approfondie, transparente, indépendante et impartiale ».

Saluant la nouvelle que l’opposant russe, est sorti du coma, la Haute-Commissaire a rappelé que des spécialistes allemands ont déclaré avoir « la preuve sans équivoque » qu’il avait été empoisonné avec un agent neurotoxique Novichok.

Le 2 septembre dernier, Berlin a annoncé que les examens médicaux effectués par un laboratoire de l’armée allemande apportent la « preuve sans équivoque » que l’opposant a été victime d’un empoisonnement « par un agent neurotoxique de type Novitchok ».  La Haute-Commissaire a noté que les agents neurotoxiques et les isotopes radioactifs tels que le Novichok et le Polonium-210 sont des substances sophistiquées « extrêmement difficiles à se procurer ».

« Cela soulève de nombreuses questions », a déclaré Mme Bachelet. « Pourquoi utiliser des substances comme celles-ci ? Qui les utilise ? Comment les ont-ils obtenues ? », a-t-elle demandé.

Bachelet : « Un crime très grave qui a été commis sur le sol russe »

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU estime que « nier la nécessité d’une enquête approfondie, indépendante, impartiale et transparente sur cette tentative d’assassinat ne constitue pas des réponses adéquates ». Selon la Haute-Commissaire, il incombe aux autorités russes d’enquêter de manière approfondie sur les responsables de ce crime. « Un crime très grave qui a été commis sur le sol russe », a-t-elle précisé.

Mme Bachelet note, par ailleurs, que « le nombre de cas d’empoisonnement ou d’autres formes d’assassinat ciblé de citoyens ou ex- citoyens russes, en Russie ou ailleurs, au cours des deux dernières décennies est profondément inquiétant ». « Et l’incapacité, dans de nombreux cas, de tenir les auteurs responsables et de rendre justice aux victimes ou à leurs familles, est également profondément regrettable et difficile à expliquer ou à justifier », a-t-elle fait valoir.

Interrogé sur les responsables de ce crime, le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), Rupert Colville, a condamné mardi cet empoisonnement. Lors d’un point de presse à Genève, il a indiqué « ne pas être dans une position de faire des accusations directes ».

Le 20 août dernier, Alexeï Navalny a été placé en réanimation dans un état grave dans un hôpital d’Omsk, en Sibérie après avoir fait un malaise à bord d’un vol qui reliait la ville de Tomsk à la capitale Moscou. L’opposant russe, tombé dans le coma, a été transféré le 22 août dans un hôpital de Berlin, en Allemagne à la demande de sa famille. Les médecins allemands de l’hôpital de la Charité ont indiqué le 24 août qu’il présentait bien des « traces d’empoisonnement ».

Du côté du HCDH, on rappelle que bien avant le signalement de son empoisonnement, « Alexei Navalny avait été harcelé, arrêté et agressé à plusieurs reprises, soit par les autorités, soit par des agresseurs inconnus.

« Navalny était clairement quelqu’un qui avait besoin de la protection de l’État », a affirmé Mme Bachelet, « même s’il était une épine politique dans le pied du gouvernement ».