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Covid-19 : l’OMS entame mardi l’évaluation de son Règlement sanitaire international

Sièges et parois en plastiq.ue ont été installés dans un hôpital à Bangkok, en Thaïlande, pour respecter les règles de distanciation physique
Photo OIT/Alin Sirisaksopit
Sièges et parois en plastiq.ue ont été installés dans un hôpital à Bangkok, en Thaïlande, pour respecter les règles de distanciation physique

Covid-19 : l’OMS entame mardi l’évaluation de son Règlement sanitaire international

Santé

Le Comité d’évaluation du Règlement sanitaire international (RSI) entame mardi ses travaux, qui dureront deux jours, a déclaré lundi Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Le Règlement sanitaire international est l’instrument juridique le plus important en matière de sécurité sanitaire mondiale », a ajouté Dr Tedros au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève. L’objectif sera de donner au chef de l’OMS « un avis sur la nécessité potentielle de modifier le RSI afin de garantir que ce puissant outil de droit international soit aussi efficace que possible.

Le comité évaluera ainsi le fonctionnement du Règlement sanitaire international dans le contexte du nouveau coronavirus et recommandera « les changements qu’il estime nécessaires ». 

Il examinera entre autres la convocation du comité d’urgence, mais aussi la déclaration d’une urgence de santé publique de portée internationale. Il s’agit de voir le rôle et le fonctionnement des points focaux nationaux du RSI, mais aussi les progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations des précédents comités d’examen du RSI.

L’OMS a publié hier dimanche la liste des experts sur son site internet. Sur les 23 membres figurent cinq scientifiques européens dont le Professeur Lothar Wieler, Président de l’Institut Robert Koch, en Allemagne. Sur les quatre experts des Amériques, il y a le Dr canadien, John Lavery, Directeur exécutif de la gestion des urgences sanitaires Colombie-Britannique et le professeur américain, James Leduc de l’Université du Texas.

Un rapport intermédiaire attendu en novembre

Le Directeur du Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies, Professeur Dexin Li et Myongsei Sohn, Professeur émérite de Faculté de médecine de l’Université Yonsei (Corée) en font aussi partie.

Le continent africain est représenté par sept experts dont Dr Mohammad Moussif, Chef de la santé publique du Maroc ; la Sud-Africaine Dr Lucille Blumberg de Institut national des maladies transmissibles ; ou le Professeur sénégalais, Amadou Sall, Directeur de l’Institut Pasteur de Dakar.

Ce comité d’évaluation, en fonction de l’avancée de ses travaux, rendra un rapport intermédiaire en novembre lors de la reprise de l’Assemblée mondiale de la santé suspendue en mai dernier. Il donnera des indications plus détaillées en mai prochain lors de la prochaine réunion des Etats membres.

« Le comité communiquera également, si nécessaire, avec d’autres organes d’examen, notamment le Groupe indépendant pour la préparation et l’intervention en cas de pandémie et le Comité consultatif indépendant de surveillance du Programme de l’OMS pour les urgences sanitaires », a fait valoir le Dr Tedros.

En attendant les résultats de cette évaluation, la pandémie de Covid19 donne à tous de nombreuses leçons. Selon le chef de l’OMS, l’une d’entre elles est que « la santé n’est pas un luxe pour ceux qui peuvent se le permettre ; c’est une nécessité et un droit de l’homme ».

Pour le Dr Tedros, la santé publique est le fondement de la stabilité sociale, économique et politique. « Cela signifie qu’il faut investir dans des services basés sur la population pour prévenir, détecter et combattre les maladies », a-t-il insisté.

« Nombreux sont ceux qui ont négligé leurs systèmes de santé publique »

Or ces dernières années, si de nombreux pays ont fait d’énormes progrès en médecine, « trop nombreux sont ceux qui ont négligé leurs systèmes de santé publique de base, qui sont le fondement de la réponse aux épidémies de maladies infectieuses ».

« Une partie de l’engagement de chaque pays à reconstruire en mieux doit donc consister à investir dans la santé publique, comme un investissement dans un avenir plus sain et plus sûr », a-t-il fait remarquer.

Il appelle donc tous les pays à investir dans la santé publique et en particulier dans les soins de santé primaires.

D’ici là, le chef de l’OMS a fait un bilan d’étape de la lutte anti-Covid menée dans certains pays. C’est le cas de l’Allemagne, qui en plus d’une « réponse forte », tire également des enseignements. En effet, la chancelière Angela Merkel a annoncé ce week-end la décision de Berlin d’investir « 4 milliards d’euros d’ici 2026 pour renforcer le système de santé publique allemand ».

Non loin de là, « l’Italie a été l’un des premiers pays à connaître une importante épidémie de Covid-19 en dehors de la Chine et, à bien des égards, elle a été un pionnier pour d’autres pays ». « Rome a pris des décisions difficiles fondées sur des preuves et les a maintenues, ce qui a permis de réduire la transmission et de sauver de nombreuses vies », a ajouté le Dr Tedros.

En fait, l’OMS a cité de nombreux exemples de pays qui se sont illustrés dans ce combat contre le nouveau coronavirus. C’est le cas de la Thaïlande qui « récolte les fruits de 40 ans de renforcement de son système de santé ». Il y a aussi la Mongolie, voisine de la Chine, « qui a agi très tôt ». « Le premier cas de la Mongolie n’a été signalé qu’en mars et aucun décès n’a encore été signalé ».

Le monde doit être mieux préparé à la prochaine pandémie

Bien que les Amériques aient été la région la plus touchée, l’Uruguay a enregistré le plus faible nombre de cas et de décès en Amérique du Sud, tant au total que par habitant. « Ce n’est pas un accident », avance le Dr Tedros qui rappelle que ce pays « possède l’un des systèmes de santé les plus solides et les plus résistants d’Amérique latine ».

Sur le continent africain, l’île Maurice, malgré une forte densité de population, avec un taux élevé de maladies non transmissibles et de nombreux voyageurs internationaux, a su tirer de  l’expérience acquise en matière de recherche des contacts.

« Nous pourrions citer de nombreux autres exemples, notamment le Cambodge, le Japon, la Nouvelle-Zélande, la République de Corée, le Rwanda, le Sénégal, l’Espagne et le Viêt Nam », a détaillé le Dr Tedros, relevant que certains de ces pays ont ainsi tiré les leçons des précédentes épidémies de SRAS, de MERS, de rougeole, de polio, d’Ebola, de grippe et d’autres maladies ».

C’est pourquoi, l’OMS juge « vital » de tirer toutes les leçons de cette pandémie du coronavirus. Donc en appelant les pays à investir dans la santé publique, le chef de l’OMS a indiqué que le monde doit être mieux préparé à la prochaine pandémie.

« Ce ne sera pas la dernière pandémie », a déclaré Dr Tedros. « L’histoire nous apprend que les épidémies et les pandémies sont une réalité. Mais quand la prochaine pandémie arrivera, le monde devra être prêt - plus prêt que cette fois-ci ».

La pandémie de Covid-19 a fait 880.994  décès sur 26.994.442 cas déclarés dans le monde, selon un bilan établi lundi par l’OMS.