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Covid-19 : le bien-être des enfants dans les pays les plus riches du monde est menacé, avertit l’UNICEF

En Italie, un adolescent dans une banlieue pauvre de la ville de Turin, dans la région du Piémont.
UNICEF/UNI173328/Pirozzi
En Italie, un adolescent dans une banlieue pauvre de la ville de Turin, dans la région du Piémont.

Covid-19 : le bien-être des enfants dans les pays les plus riches du monde est menacé, avertit l’UNICEF

Santé

Le suicide, le mal-être, l'obésité et les mauvaises compétences sociales et scolaires sont devenues des caractéristiques bien trop courantes de l'enfance dans les pays riches, selon le dernier Bilan du Centre de recherche Innocenti de l'UNICEF publié mercredi. 

« Beaucoup de pays parmi les plus riches du monde - qui disposent des ressources nécessaires pour offrir une bonne enfance à tous – ont laissé tomber leurs enfants », a déploré la Directrice d’UNICEF Innocenti, Gunilla Olsson a l’occasion de la présentation du rapport.

L’édition 2020 du Bilan, intitulée Des mondes d'influence : Comprendre ce qui détermine le bien-être des enfants dans les pays riches, repose sur des données pré-Covid-19 pour classer les pays de l'Union européenne et de l'OCDE dans un tableau de classement en fonction de la santé mentale et physique des enfants et de leurs compétences scolaires et sociales.  

Sur la base de ces indicateurs, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège occupent le haut du classement et sont les trois meilleurs endroits pour être un enfant parmi les pays riches.

Selon Mme Olsson, les réponses à la Covid-19 pour soutenir les familles et les enfants sont « terriblement insuffisantes ».

« À moins que les gouvernements ne prennent des mesures rapides et décisives pour protéger le bien-être des enfants dans le cadre de leurs réponses à la pandémie, nous pouvons continuer à nous attendre à une flambée des taux de pauvreté infantile, à une détérioration de la santé mentale et physique et à un fossé croissant de compétences parmi les enfants », a expliqué la Directrice du Centre Innocenti.

Les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège occupent le haut du classement et sont les trois meilleurs endroits pour être un enfant parmi les pays riches

« Il faut faire plus pour offrir aux enfants une enfance sûre et heureuse – maintenant », a-t-elle exhorté.

Santé mentale 

Selon le Bilan, dans la plupart des pays, moins de 80% des enfants disent être satisfaits de leur vie.

La Turquie a le taux de satisfaction à l'égard de la vie le plus bas (53%), suivie du Japon et du Royaume-Uni. Les enfants qui ont des familles moins solidaires et ceux qui sont victimes de harcèlement ont une santé mentale nettement plus mauvaise.

La Lituanie a le taux le plus élevé de suicide chez les adolescents- une des principales causes de décès chez les 15-19 ans dans les pays riches - suivie de la Nouvelle-Zélande et de l'Estonie. En Belgique, le taux de suicide chez les adolescents de 15 à 19 ans est de 6,1 sur 100.000. 

Santé physique 

Les taux d'obésité et de surpoids chez les enfants ont augmenté ces dernières années, signale l’UNICEF.

Environ 1 enfant sur 3 dans tous les pays est soit obèse, soit en surpoids, les taux en Europe du Sud augmentant également fortement. En Belgique, 24% des enfants et des adolescents sont en surpoids ou obèses.  

En moyenne, 40% des enfants de tous les pays de l'OCDE et de l'UE n'ont pas les compétences de base en lecture et en mathématiques à l'âge de 15 ans

Dans plus d'un quart des pays riches, la mortalité infantile est toujours supérieure à 1 pour 1000.

Compétences 

En moyenne, 40% des enfants de tous les pays de l'OCDE et de l'UE n'ont pas les compétences de base en lecture et en mathématiques à l'âge de 15 ans. 

Les enfants bulgares, roumains et chiliens sont les moins performants dans ces compétences. 

L'Estonie, l'Irlande et la Finlande sont les plus compétents. 

En Belgique, 31% des enfants n’ont pas ces compétences de base. 

Dans la plupart des pays, au moins 1 enfant sur 5 manque de confiance en ses aptitudes sociales pour se faire de nouveaux amis. Les enfants au Chili, au Japon et en Islande sont les moins confiants dans ce domaine. 

Une jeune fille à Podgorica, au Monténégro, est assise devant un ordinateur portable en tenant sa tête dans ses mains.
©UNICEF/Dusko Miljanic
Une jeune fille à Podgorica, au Monténégro, est assise devant un ordinateur portable en tenant sa tête dans ses mains.

Des progrès importants qui risquent de reculer en raison de la Covid-19

Le rapport contient également des données sur des progrès évidents en matière de bien-être des enfants. 
En moyenne, 95% des enfants d’âge préscolaire sont désormais inscrits dans des programmes d’apprentissage organisés et le nombre de jeunes âgés de 15 à 19 ans qui ne suivent ni études, ni emploi ni formation a diminué dans 30 des 37 pays. 

Ces gains importants risquent de reculer en raison de l'impact de la Covid-19, avertit toutefois l’UNICEF.

« En temps de crise, les familles ont besoin de gouvernements et d’environnements de travail solidaires. Grâce à eux, les familles pourront faire en sorte que la prochaine génération de citoyens grandisse heureuse et en bonne santé », a déclaré Directrice générale adjointe de l'UNICEF, Fayaz King. 

Le rapport classe également les pays en fonction des politiques qui soutiennent le bien-être des enfants et d'autres facteurs, dont l'économie, la société et l'environnement. 

La Norvège, l'Islande et la Finlande obtiennent les scores les plus élevés concernant les politiques et le contexte qui soutiennent le bien-être des enfants.

La Belgique se place à la 24e position de ce classement, sur 41 pays analysés. En moyenne, les pays consacrent moins de 3% de leur PIB aux politiques de la famille et de l'enfance.

« Un investissement dans les enfants est un investissement direct dans notre avenir », a exhorté Mme King.

En raison de l'épidémie de Covid-19, au cours du premier semestre 2020, la plupart des pays couverts par le rapport ont fermé les écoles pendant plus de 100 jours, tandis que des politiques strictes de maintien à la maison ont également été mises en œuvre . 

Le rapport note que la perte de membres de la famille et d'amis, l'anxiété, les restrictions liées au maintien à la maison, le manque de soutien, les fermetures d'écoles, l'équilibre complexe entre le travail et la vie de famille, le faible accès aux soins de santé, combinés à la perte économique causée par la pandémie sont catastrophiques pour le bien-être des enfants, affectant leur santé mentale et physique et leur développement.

Augmentation du taux de pauvreté

Avant la pandémie de Covid-19, le taux moyen de pauvreté relative des enfants dans les 41 pays était de 20% . Sans mesures correctives immédiates, celui-ci augmentera.

 « Alors que les retombées économiques, éducatives et sociales de la pandémie continuent de s'imposer, sans effort concerté, on observera une aggravation et un impact dévastateur sur le bien-être des enfants, de leurs familles et des sociétés dans lesquelles ils vivent aujourd'hui », a souligné Mme Olsson.

« Mais ces risques ne deviendront pas nécessairement une réalité à condition bien sûr que les gouvernements prennent des mesures décisives maintenant pour protéger le bien-être des enfants », a-t-elle encouragé.

Quelle action faut-il entreprendre ? 

Le rapport et l’analyse complémentaire appellent aux étapes suivantes pour améliorer le bien-être des enfants :

•    Prendre des mesures décisives pour réduire les inégalités de revenus et la pauvreté et veiller à ce que tous les enfants aient accès aux ressources dont ils ont besoin.

•    Combler rapidement l’importante lacune des services de santé mentale pour les enfants et les adolescents.

•    Élargir les politiques favorables à la famille pour améliorer la conciliation travail-vie de famille, en particulier l'accès à des services d’accueil de la petite enfance de haute qualité, flexibles et abordables.

•    Renforcer les efforts pour protéger les enfants contre les maladies évitables, notamment en inversant les récentes baisses de la vaccination contre la rougeole.

•    Améliorer les politiques Covid-19 qui aident les familles avec enfants et garantir que les budgets qui soutiennent le bien-être des enfants sont entièrement protégés contre les mesures d'austérité.