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Dans un monde déstabilisé par la crise de Covid-19, Guterres dénonce le manque de coopération internationale

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, participe à un sommet virtuel des dirigeants du G20 (archive)
Photo : ONU/Evan Schneider
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, participe à un sommet virtuel des dirigeants du G20 (archive)

Dans un monde déstabilisé par la crise de Covid-19, Guterres dénonce le manque de coopération internationale

Paix et sécurité

Alors que le monde se trouve dans une phase dangereuse et instable en raison de la pandémie de Covid-19, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dénoncé mercredi le manque de coopération internationale et a plaidé pour la solidarité face aux défis auxquels le monde est confronté.

« Le monde est entré dans une nouvelle phase volatile et instable. Les voyants sont au rouge », a déclaré M. Guterres dans un discours lors d’une réunion virtuelle du Processus d’Aqaba, une série de réunions internationales lancées par le Roi Abdallah de Jordanie en 2015 pour renforcer la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme.

Le chef de l’ONU a pris pour exemple les perturbations de la chaîne d'approvisionnement ; le protectionnisme et le nationalisme croissant qui provoquent des tensions importantes dans les relations internationales ; la montée du chômage, de l'insécurité alimentaire et les effets dévastateurs de l'urgence climatique « qui pourraient dégénérer en troubles politiques ». 

« Les gens perdent confiance dans les dirigeants politiques et une épidémie de désinformation en ligne s'est généralisée, offrant un terrain fertile pour la xénophobie, les discours de haine », a souligné M. Guterres. « Les terroristes exploitent les difficultés sociales et économiques causées par la Covid-19 pour radicaliser et recruter de nouveaux adeptes. Les néo-nazis, les suprémacistes blancs et les théoriciens du complot attisent les divisions ».

Selon le Secrétaire général, le monde est confronté à de graves problèmes de sécurité qu'aucun pays ou organisation ne peut résoudre seul. « Il y a un besoin urgent d'unité et de solidarité mondiales », a-t-il dit.

Repli de nombreux gouvernements sur une vision étroite de leurs intérêts

Il a jugé « saisissant » le manque de coopération internationale pour faire face aux effets de la pandémie, notant que « de nombreux gouvernements se sont repliés sur une compréhension étroite de l'intérêt national et une approche transactionnelle du partage d'informations et de ressources ».

« D'autres ont eu recours à des réponses répressives qui ne respectent pas les droits de l'homme et l'Etat de droit et sapent les fondements mêmes de sociétés pacifiques et résilientes », a ajouté M. Guterres. « Il y a des manifestations croissantes d'autoritarisme, y compris des limites imposées aux médias, à la liberté d'expression et la réduction de l'espace civique ».

Dans ce contexte, le Secrétaire général a plaidé pour la construction d’un avenir meilleur « avec un nouveau multilatéralisme plus inclusif et plus efficace, fondé sur les valeurs de la Charte des Nations Unies, qui reste toujours aussi valable à l’occasion de son 75e anniversaire ».

« Nous avons besoin d'un échange d'informations et d'une coopération technique accrus entre les pays et les régions pour empêcher les terroristes d'exploiter la pandémie », a-t-il ajouté. « Nous devons donner la priorité aux personnes dans notre lutte contre le terrorisme et protéger et autonomiser les plus vulnérables. Nous devons penser à des solutions à long terme plutôt qu'à des solutions à court terme ».

Selon lui, il est encore possible de remettre le monde sur la bonne voie avant qu'il ne soit trop tard, mais il faut le faire rapidement.

Sommet du centenaire de l’Organisation internationale des employeurs

Le chef de l’ONU a également participé mercredi au Sommet du centenaire de l’Organisation internationale des employeurs (OIE), au cours duquel il a plaidé pour une plus grande coopération entre secteurs public et privé dans le monde post-Covid.

« Aujourd'hui, notre tâche principale est de vaincre la pandémie et de reconstruire des vies, des moyens de subsistance, des entreprises et des économies. Nous devons rejeter l'idée qu'il y a un compromis à faire entre la santé des gens et la santé de l'économie », a-t-il dit.

Dans le monde post-Covid, le Secrétaire général a jugé nécessaire de « travailler ensemble pour construire un avenir meilleur, pour protéger les travailleurs et les petites entreprises, pour promouvoir l'égalité des sexes et créer des opportunités pour les jeunes ». « Nous devons partager les gains de développement de manière plus équitable, nous assurer que tous les peuples ont la possibilité de réaliser leur potentiel et que les économies prospèrent », a-t-il ajouté.

Selon M. Guterres, il faut construire des économies et des sociétés plus inclusives et durables, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l'Accord de Paris sur le climat.

« Le secteur privé est essentiel à tous ces efforts », a-t-il déclaré devant les participants du Sommet de l’OIE. Selon lui, le secteur privé peut jouer un rôle central « en montrant que le monde peut être un endroit meilleur, plus prospère et plus juste grâce à la coopération internationale et à une économie mondiale fondée sur des règles ».