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RCA : une paix durable nécessite l'engagement de toutes les parties en faveur d'élections libres (expert)

En République centrafricaine, un Casque bleu de la MINUSCA verse du gel hydroalcoolique dans la main d'un enfant.
Photo: MINUSCA
En République centrafricaine, un Casque bleu de la MINUSCA verse du gel hydroalcoolique dans la main d'un enfant.

RCA : une paix durable nécessite l'engagement de toutes les parties en faveur d'élections libres (expert)

Paix et sécurité

A quatre mois des élections du 27 décembre en République centrafricaine, l'Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme dans ce pays a appelé toutes les parties - avec le soutien de la communauté internationale - à garantir que le vote puisse se dérouler sans heurts, et qu'il soit libre et équitable.

« Pour que les élections soient apaisées, elles doivent être précédées d'un cessez-le-feu et d'une coopération entre toutes les parties », a déclaré Yao Agbetse, Expert indépendant de l’ONU sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine.

« Le temps presse et il y a beaucoup à faire dans les quatre mois qui précèdent le jour du scrutin », a-t-il ajouté.

Le temps presse et il y a beaucoup à faire dans les quatre mois qui précèdent le jour du scrutin - Yao Agbetse, Expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en RCA

L’expert indépendant juge essentiel qu’après tant d'années d'instabilité, cet exercice démocratique permette aux Centrafricains de voter librement, de décider de la direction que doit prendre leur pays et de renforcer les bases d'un retour à la paix, à la réconciliation et au respect des droits de l'homme.

A cet effet, M. Agbetse a émis une série de recommandations pour les élections présidentielles et législatives de 2020/2021.

D’abord, il a appelé les groupes armés à déposer immédiatement les armes, comme ils s’y étaient engagés dans le cadre de l'Accord de paix de 2019, et les a invités à coopérer pleinement à l'organisation des élections et à respecter les résultats.

Notant que le gouvernement contrôle moins de 50% du territoire national et les tensions politiques actuelles, M. Agbetse a mis l’accent sur la réactivation effective du cadre de concertation comme instrument inclusif de dialogue et de consensus.

De plus, les acteurs politiques, les organisations de la société civiles et les forces vivent du pays doivent s’y retrouver dans la recherche de consensus sur les questions essentielles.

« Ce type de discussion est une condition préalable pour restaurer la confiance des différents acteurs de manière pacifique en vue d'élections libres et transparentes qui respectent les droits de l'homme et les libertés fondamentales », a observé l’expert.

Pas d’incitation à la violence

« Il ne doit y avoir aucune incitation à la violence pendant la campagne électorale, et les appels à la violence, la violence réelle ou les efforts visant à déstabiliser le processus électoral doivent être poursuivis », a-t-il fait valoir.

L’Expert indépendant rappelle que tout recours à la violence et toute action de déstabilisation du processus électoral entraine la responsabilité de leurs auteurs, donneurs d’ordre et complices, y compris devant la Cour pénale spéciale ou devant la Cour pénale internationale, selon les circonstances.

Le juriste togolais a appelé les garants et les facilitateurs de l’Accord de paix et le Comité des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU à prendre des mesures diligentes vis-à-vis des groupes armés afin de garantir la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national.

Un accès équitable aux médias publics est une composante indispensable à des élections équitables - Yao Agbetse

Il a appelé les autorités centrafricaines à tout mettre en œuvre pour garantir des élections inclusives, libres, crédibles et transparentes.

« Un accès équitable aux médias publics est une composante indispensable à des élections équitables », a-t-il déclaré, ajoutant que l'organe indépendant de régulation des médias, le Haut Conseil de la Communication (HCC), doit être doté des ressources juridiques et techniques nécessaires pour assurer le monitoring, y compris sur internet et les réseaux sociaux.

Plus de 1,1 million de personnes sur les cinq millions que compte le pays a été forcé de fuir sa maison pendant la guerre civile. Aussi, M. Agbetse a demandé aux autorités de s'assurer que les réfugiés et les personnes déplacées puissent voter.

L’expert a remercié la mission de maintien de la paix de la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations Unies en RCA (MINUSCA), l’Equipe pays des Nations Unies et les partenaires internationaux de la RCA pour leurs services et appuis, surtout compte tenu des contraintes imposées par la pandémie de Covid-19.

« J'appelle la communauté internationale à poursuivre et à renforcer son soutien à l'organisation de cette élection présidentielle et législative et de celles à venir dans le pays », a-t-il déclaré.

NOTE : 

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand organe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit des situations nationales spécifiques, soit des questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire. Ils ne font pas partie du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.