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Des milliers de réfugiés rohingyas vivent dans le camp de réfugiés de Hakimpara à Cox's Bazar, au Bangladesh.

Héros de tous les jours : construire un espace sûr pour les femmes réfugiées rohingyas

OCHA/Vincent Tremeau
Des milliers de réfugiés rohingyas vivent dans le camp de réfugiés de Hakimpara à Cox's Bazar, au Bangladesh.

Héros de tous les jours : construire un espace sûr pour les femmes réfugiées rohingyas

Aide humanitaire

L'architecte bangladais Rizvi Hassan est la force motrice derrière la construction d'un espace sûr pour les femmes et les filles rohingyas, à Cox's Bazar, au Bangladesh, site du plus grand camp de personnes réfugiées au monde, et qui abrite environ un million de Rohingyas qui ont fui le Myanmar. 

Le centre communautaire est destiné à un groupe marginalisé et vulnérable, exposé à la violence sexiste. Il a été conçu et construit par les Rohingyas et propose des conseils et une formation aux femmes et aux filles, dans le cadre d'un projet de l'ONG bangladaise BRAC et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

M. Hassan partage son histoire dans le cadre de la campagne #RealLifeHeroes (Héros de tous les jours), menée cette année par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), à l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire, le 19 août.

Rizvi Hassan est un architecte qui a collaboré avec l'ONG BRAC et l'UNICEF pour créer un centre communautaire ou un espace sûr pour les femmes et les filles dans un camp de réfugiés pour Rohingyas au Bangladesh.
© Rizvi Hassan
Rizvi Hassan est un architecte qui a collaboré avec l'ONG BRAC et l'UNICEF pour créer un centre communautaire ou un espace sûr pour les femmes et les filles dans un camp de réfugiés pour Rohingyas au Bangladesh.

 

« J'ai grandi à Dhaka, la capitale du Bangladesh. En grandissant, je me suis intéressé à l'art et à la science et, plus tard, ma sœur m'a aidé à découvrir l'architecture comme un domaine permettant d'explorer les deux intérêts en même temps. Et lorsque j'ai commencé à étudier l'architecture, j'ai découvert qu'elle pouvait être bien plus que cela.

Améliorer la société grâce à l'architecture

En tant qu'étudiant, j'ai été inspiré par des architectes comme Khondaker Hasibul Kabir et Eric Cesal, qui s'intéressent particulièrement aux questions sociales dans leur processus de conception. J'ai été particulièrement motivé par Kabir, qui a vécu dans un bidonville pendant quelques années parce qu'il voulait mieux comprendre les besoins réels des habitants, plutôt que de concevoir quelque chose en se basant sur des problèmes perçus de l'extérieur : une source d'information de deuxième ou troisième main peut mal interpréter les besoins des gens.

Actuellement, 80 % des bénéficiaires du projet sont des Rohingyas et 20 % sont des femmes et des jeunes filles bangladaises locales.

J'ai travaillé pour un cabinet d'architecture contemporaine pendant un court moment, jusqu'à ce que je me rende compte que je devais m'impliquer dans quelque chose qui a plus à offrir. J'ai donc commencé à travailler avec BRAC sur la documentation des abris anticycloniques à Cox's Bazar, et j'ai fait la connaissance d'autres personnes qui travaillaient dans différents secteurs sur le contexte des réfugiés ici.

Nous avons commencé à partager des idées sur ce qui peut être fait et sur la façon dont nous pouvons contribuer.  Nous avons élaboré quelques projets que nous pouvions concevoir collectivement. Lorsque nous avons commencé à travailler, d'autres organisations se sont intéressées à la collaboration.

Le projet « Safe Space » (espace sûr) est né lorsque des travailleurs humanitaires impliqués dans des discussions sur la violence sexiste dans le camp de réfugiés de Cox's Bazar ont signalé que, d'après leurs conclusions, la communauté avait besoin d'un espace sûr pour les femmes et les filles afin de leur apporter un soutien psychosocial, une formation professionnelle, etc.

Nous avons décidé de créer un bâtiment qui offre un espace intérieur vivant et des pièces qui le séparent de l'extérieur créant ainsi un écran lui-même. Sa forme ovale, avec une série de colonnes, est considérée comme résistant aux vents forts, dans une zone sujette aux cyclones.

Des femmes et des enfants attendent de l'aide à Cox's Bazar, au Bangladesh, où des centaines de milliers de Rohingyas se sont réfugiés.
Photo Olivia Headon/OIM
Des femmes et des enfants attendent de l'aide à Cox's Bazar, au Bangladesh, où des centaines de milliers de Rohingyas se sont réfugiés.

Avoir un impact

Je voulais avoir un impact sur la vie des personnes marginalisées, alors j'aime faire ce travail. Sur ce projet particulier, nous avons reçu des commentaires très positifs de la part des réfugiés, des ONG et de la population d'accueil. Il est devenu si populaire que des membres de la communauté locale du Bangladesh ont également voulu l'utiliser.

Actuellement, 80 % des bénéficiaires du projet sont des Rohingyas et 20 % sont des femmes et des jeunes filles bangladaises locales.

Au départ, lorsque nous avons lancé le projet, la communauté locale et les réfugiés ont cru que nous allions construire un stade de football ! Nos ouvriers ne comprenaient pas ce que nous voulions réaliser et nous attirions des foules curieuses.

Lorsque le bâtiment a commencé à prendre forme, les gens étaient excités et les hommes étaient désireux d'utiliser l'installation pour eux-mêmes. Mais lorsque nous leur avons expliqué que c'était pour les femmes et les filles, ils ont été très réceptifs : ils ont informé leurs femmes et leurs filles de l'existence de l'installation et les ont encouragées à s'y inscrire ».