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Covid-19 : l’OMS appelle à éviter « le nationalisme vaccinal »

Des chercheurs à travers le monde tentent de trouver un vaccin contre le coronavirus.
Photo : ONU/Loey Felipe
Des chercheurs à travers le monde tentent de trouver un vaccin contre le coronavirus.

Covid-19 : l’OMS appelle à éviter « le nationalisme vaccinal »

Santé

La stratégie de pays privilégiant leurs intérêts nationaux dans l’approvisionnement d’un éventuel vaccin contre la Covid-19 pourrait aggraver la pandémie, a alerté mardi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), appelant donc la communauté internationale à « prévenir le nationalisme vaccinal ».

« Personne n’est à l’abri tant que tout le monde n’est pas à l’abri », a déclaré le Directeur général de l’OMS, Dr.Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève. 

Au sujet des candidats vaccins contre la Covid-19, Dr Tedros a indiqué que la forme d’action stratégique et globale est en effet dans l’intérêt de tous les pays. « Nous devons prévenir le nationalisme vaccinal », a-t-il poursuivi.

Il a indiqué avoir envoyé mardi une lettre à tous les Etats membres pour les encourager à adhérer au futur dispositif d’accès mondial au vaccin contre la Covid-19, connu sous le nom de COVAX. « Le Centre mondial pour les vaccins est le mécanisme essentiel pour l’achat conjoint et la mise en commun des risques liés à plusieurs vaccins, c’est pourquoi j’ai envoyé aujourd’hui une lettre à tous les États membres pour les encourager à y adhérer », a-t-il annoncé.

Car pour le Dr Tedros, « si les dirigeants souhaitent protéger leur propre peuple en premier lieu, la réponse à cette pandémie doit être collective ». « Ce n’est pas de la charité, nous avons appris à nos dépens que la manière la plus rapide de mettre fin à cette pandémie et de rouvrir les économies est de commencer par protéger les populations les plus à risque partout, plutôt que les populations entières de certains pays seulement », a insisté le chef de l’OMS, notant que le partage stratégique et mondial des ressources limitées est en fait dans l’intérêt national de chaque pays.

« Le nationalisme de l’offre a exacerbé la pandémie »

A cet égard, le Dr Tedros a rappelé que « le nationalisme de l’offre a d’ailleurs exacerbé la pandémie, contribuant ainsi à l’échec total de la chaîne d’approvisionnement mondial ». Certains pays ont mis en place des restrictions à l’exportation et il y a eu plusieurs cas de réquisition de fournitures médicales essentielles pour un usage national. 

Pendant un certain temps, certains pays ont été privés de fournitures essentielles, telles que des articles essentiels pour les travailleurs de la santé qui devaient faire face à une recrudescence de cas de Covid-19. « Et de nombreux pays n’en ont toujours pas assez », a-t-il souligné.

Pour l’agence onusienne, aucun pays n’a accès à la recherche et au développement, à la fabrication et à toute la chaîne d’approvisionnement pour tous les médicaments et matériaux essentiels. « Et si nous pouvons travailler ensemble, nous pouvons garantir que tous les travailleurs essentiels sont protégés et que des traitements éprouvés comme la dexaméthasone sont disponibles pour ceux qui en ont besoin », a prôné le Dr Tedros, insistant sur ce devoir de travail collectif dans un monde « tellement interconnecté ».

Alors que de nouveaux diagnostics, médicaments et vaccins arrivent sur le marché, l’OMS estime qu’il est essentiel que « les pays ne répètent pas les mêmes erreurs ». C’est pourquoi l’OMS collabore avec les gouvernements et le secteur privé pour accélérer les progrès scientifiques, grâce à l’accélérateur ACT, et pour faire en sorte que les nouvelles innovations soient accessibles à tous, en commençant par ceux qui courent le plus de risques.

Et pour y arriver, l’OMS soutient qu’une planification au plus haut niveau est nécessaire dès maintenant pour se préparer à vacciner et à traiter le monde à mesure que de nouvelles technologies voient le jour. Alors que nous accélérons la science, la solidarité est nécessaire pour apporter une solution commune à la pandémie, selon le Dr Tedros.

L’OMS décline les contours de l’accès au futur vaccin

« Comme un orchestre, nous avons besoin que tous les instruments soient joués en harmonie pour créer une musique qui plaise à tous. Un ou deux instruments jouant seuls ne suffisent pas lorsque le monde attend et écoute attentivement », a détaillé le Dr Tedros. Pour le chef de l’OMS, le monde a intérêt à travailler comme dans un orchestre, en promouvant la science, les solutions et la solidarité parce que « c’est ensemble que nous y arriverons le mieux ». 

Une fois que les vaccins seront disponibles, l’OMS propose que leur attribution se déroule en deux phases via le mécanisme Covax. Une fois qu’un vaccin aura été identifié, le groupe consultatif stratégique de l’OMS fournira des recommandations pour son utilisation appropriée et équitable. Il est proposé que l’attribution des vaccins se déroule en deux phases. Lors de la première phase, les doses seront allouées proportionnellement à tous les pays participants simultanément afin de réduire le risque global. 

« Lors de la première phase, les doses seront allouées de façon proportionnelle et simultanée à tous les pays participants (au Covax, ndlr) afin de réduire le risque global. Au cours de la phase 2, on tiendra compte de la menace et de la vulnérabilité des pays », a expliqué Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Il a ainsi développé que « la priorité sera donnée aux travailleurs de première ligne dans les établissements de santé et d’aide sociale, car ils sont essentiels pour traiter et protéger la population et sont en contact étroit avec les groupes à haut risque de mortalité », à savoir les plus de 65 ans et ceux présentant des comorbidités. « Les premières données ont montré que les adultes de plus de 65 ans et ceux qui présentent certaines comorbidités sont les plus exposés au risque de mourir de la Covid-19 », a ensuite détaillé le chef de l’OMS.

« Pour la plupart des pays, une attribution (des vaccins, ndlr) pendant la phase 1 permettant d’atteindre 20% de la population, couvrirait la plupart des groupes à risque », a souligné le chef de l’OMS. « Si nous ne protégeons pas ces personnes à haut risque contre le virus partout et en même temps, nous ne pouvons pas stabiliser les systèmes de santé et reconstruire l’économie mondiale », a-t-il conclu, rappelant ainsi l’objectif que vise la première phase cruciale du mécanisme d’allocation des vaccins.