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Bélarus : l’ONU condamne la réaction violente aux manifestations post-électorales

La ville de Minsk, capitale du Belarus, pays d'Europe orientale
ONU Belarus/Victor Radivinovski
La ville de Minsk, capitale du Belarus, pays d'Europe orientale

Bélarus : l’ONU condamne la réaction violente aux manifestations post-électorales

Paix et sécurité

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a condamné la réaction violente des autorités du Bélarus aux manifestations pacifiques organisées dans tout le pays à la suite de l’élection présidentielle et a appelé à ce que les doléances des citoyens soient entendues.

À la suite de l’annonce des résultats préliminaires contestés des élections de dimanche, des manifestations largement pacifiques ont éclaté dans tout le Bélarus, provoquant une forte répression des forces de sécurité, a noté le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) dans un communiqué de presse publié mercredi.

La police aurait utilisé une force inutile et excessive contre des manifestants en grande partie pacifiques, tirant des balles en caoutchouc, utilisant des canons à eau et lançant des grenades assourdissantes, selon le HCDH. Des rapports indiquent que des policiers ont battu les manifestants, y compris après leur arrestation. Au moins 250 personnes ont été blessées et un manifestant est mort, dans des circonstances peu claires.

« Je rappelle aux autorités bélarussiennes que le recours à la force lors des manifestations doit toujours être exceptionnel et être une mesure de dernier recours, faisant clairement la distinction entre les individus violents et les manifestants pacifiques, contre lesquels la force ne doit pas être utilisée », a déclaré Mme Bachelet.

« Les autorités étatiques doivent permettre et faciliter l'exercice du droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique et non le réprimer. Les gens ont le droit de s'exprimer et d'exprimer leur désaccord, encore plus dans le contexte des élections, lorsque les libertés démocratiques doivent être respectées et non supprimées », a-t-elle ajouté.

« Des rapports suggèrent que plus de 6.000 personnes ont été détenues au cours des trois derniers jours, y compris des passants, ainsi que des mineurs, ce qui suggère une tendance à des arrestations massives en violation flagrante des normes internationales des droits humains. Les informations faisant état de mauvais traitements pendant et après la détention sont encore plus inquiétantes. Je rappelle au gouvernement bélarussien l'interdiction absolue de la torture et des autres mauvais traitements infligés aux détenus », a ajouté la cheffe des droits de l’homme.

Dans ce contexte, la Haut-Commissaire a appelé à la libération immédiate de tous ceux qui ont été illégalement détenus et à des enquêtes rapides, approfondies, indépendantes et impartiales sur toutes les allégations de violations des droits de l'homme.

« Les personnes détenues arbitrairement ou maltraitées pour avoir exprimé pacifiquement leur dissidence ont droit à la justice et à réparation. Les autorités devraient également entendre et répondre aux doléances de la population concernant les élections », a-t-elle souligné.

Coupures d'Internet

Mme Bachelet s'est également déclaré préoccupée par les coupures intermittentes d'Internet depuis dimanche, ainsi que par le blocage de nombreuses plateformes de médias sociaux, d'ONG et de sites web d'information.

Les journalistes couvrant les manifestations ont été harcelés et dans certains cas attaqués, et ont vu leur matériel détruit ou confisqué, et plus de 50 journalistes et blogueurs ont été arrêtés, et des enquêtes pénales ont été ouvertes contre certains d'entre eux.

« La libre circulation de l'information est cruciale dans toute société démocratique, et en particulier dans un contexte de crise et de troubles sociaux. Mais plus encore, dans la situation actuelle de la pandémie de Covid-19, et où les gens pourraient se sentir obligés d'exprimer leur dissidence en ligne plutôt que dans la rue. Le droit de manifester pacifiquement en ligne doit également être protégé », a dit Mme Bachelet.

Des experts des droits de l'homme de l'ONU ont également vivement critiqué jeudi le Bélarus pour la violence policière contre des manifestants pacifiques et des journalistes. 

« Nous sommes scandalisés par la violence policière envers les manifestants pacifiques et les journalistes », ont déclaré ces experts de l'ONU dans un communiqué de presse conjoint. « Les forces de sécurité ne semblent pas rechercher le dialogue avec les manifestants ou leur permettre d'exercer leur droit à la liberté de réunion pacifique ». 

Ils ont appelé la communauté internationale à faire pression sur le Bélarus pour qu'il cesse d'attaquer ses propres citoyens.

Ces experts sont : Clément Nyaletsossi Voulé, Rapporteur spécial sur le droit de réunion et d'association pacifiques; Anaïs Marin, Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme au Bélarus; Mary Lawlor, Rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme; Irene Khan, Rapporteure spéciale sur la liberté d'opinion et d'expression; Agnès Callamard, Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.