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Covid-19 : des experts de l’ONU appellent à lever les sanctions qui empêchent de lutter contre la pandémie

Un avion du PAM transportant près de 16 tonnes de fournitures comprenant des masques et des gants pour les pays d’Afrique de l’Ouest du Burkina Faso et du Ghana
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Un avion du PAM transportant près de 16 tonnes de fournitures comprenant des masques et des gants pour les pays d’Afrique de l’Ouest du Burkina Faso et du Ghana

Covid-19 : des experts de l’ONU appellent à lever les sanctions qui empêchent de lutter contre la pandémie

Droits de l'homme

Les habitants des pays sous sanctions ne peuvent pas se protéger contre la Covid-19 ou recevoir un traitement vital s'ils tombent malades car les exemptions humanitaires ne fonctionnent pas, ont déclaré vendredi des experts des droits de l'homme indépendants de l'ONU. 

« Les sanctions entraînent la souffrance et la mort dans des pays comme Cuba, l'Iran, le Soudan, la Syrie, le Venezuela et le Yémen », a déclaré Alena Douhan, la Rapporteur spéciale des Nations Unies sur l'impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l'homme. « Les sanctions devraient être levées - ou au minimum allégées - pour que les gens puissent se procurer des produits de base comme du savon et des désinfectants pour rester en bonne santé, et pour que les hôpitaux puissent se procurer des ventilateurs et d'autres équipements pour maintenir les gens en vie », a-t-elle précisé.

L’experte avait appelé en avril à la levée de toutes les sanctions unilatérales qui empêchent les États sanctionnés de lutter de manière adéquate contre la pandémie de Covid-19. Les mouvements de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont lancé un appel similaire. Mais depuis, rien ne s'est amélioré, a-t-elle déploré Mme Douhan.

« Les sanctions qui ont été imposées au nom de la défense des droits humains tuent en fait des personnes et les privent de leurs droits fondamentaux, y compris les droits à la santé, à l'alimentation et à la vie elle-même» , ont déclaré Mme Douhan et d'autres experts de l'ONU. L'eau, le savon et l'électricité nécessaires aux hôpitaux, le carburant pour la livraison des biens vitaux et la nourriture sont tous devenus rares en raison des sanctions.

« Nous renouvelons de toute urgence notre appel pour que les pays qui sanctionnent lèvent, suspendent ou minimisent leurs sanctions afin que les médicaments, le matériel médical, la nourriture et le carburant puissent passer », ont déclaré les experts.

Ils ont salué les efforts déployés par de nombreux États, organisations intergouvernementales et organisations non gouvernementales pour essayer d'aider les pays sanctionnés à lutter contre la Covid-19. « Nous nous félicitons en particulier de la volonté de l’Union européenne, du Royaume-Uni, de la Suisse, de la Russie, de la Chine, des États-Unis et d’autres donateurs d’expédier des fournitures médicales indispensables », ont-ils dit.

Cependant, au lieu d’imposer des procédures longues et souvent coûteuses pour obtenir des exemptions humanitaires aux sanctions, les experts des Nations Unies ont déclaré que ces exemptions devraient être accordées sur la présomption que le but déclaré est en fait humanitaire, avec la charge de la preuve sur les autres de montrer que ce n'est pas le cas.

« Pour garantir les droits de l'homme et la solidarité au cours de la pandémie, les autorisations pour l'acheminement de l'aide humanitaire devraient être fournies de la manière la plus simple - de préférence automatiquement sur demande », a déclaré Mme Douhan. « Les individus et les organisations humanitaires impliqués dans l'acheminement de cette aide ne devraient en aucun cas faire l'objet de sanctions secondaires », a-t-elle souligné.

Les experts sont : Mme Alena Douhan, Rapporteure spéciale sur l'impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l'homme; M. Obiora Okafor, Expert indépendant sur les droits de l’homme et la solidarité internationale; Mme Tlaleng Mofokeng, Rapporteure spéciale sur le droit à la santé physique et mentale; M. Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation; Mme Agnès Callamard, Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.

NOTE : 

Les rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand organe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques à des pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.