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La Covid-19 ne doit pas servir de prétexte à une répression excessive au Zimbabwe, prévient l’ONU

Martha Maocha dirige une entreprise de fabrication de détergents mais a récemment commencé à fabriquer un gel désinfectant pour les mains qui protège contre la Covid-19
Photo : OIT/KB Mpofu
Martha Maocha dirige une entreprise de fabrication de détergents mais a récemment commencé à fabriquer un gel désinfectant pour les mains qui protège contre la Covid-19

La Covid-19 ne doit pas servir de prétexte à une répression excessive au Zimbabwe, prévient l’ONU

Droits de l'homme

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) craint que le nouveau coronavirus puisse servir de prétexte à une répression croissante au Zimbabwe.

« Nous sommes préoccupés par les allégations au Zimbabwe, qui suggèrent que les autorités pourraient utiliser la pandémie de Covid-19 comme prétexte pour réprimer la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique et d’association », a déclaré Liz Throssell, porte-parole du HCDH lors d’un point de presse virtuel depuis Genève.

Parmi les derniers incidents, les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet citent le cas du journaliste d’investigation Hopewell Chin’ono, qui a été arrêté le 20 juillet. Ce dernier a été « accusé d’incitation à la violence publique, après avoir tweeté son soutien aux manifestations nationales contre la corruption et la détérioration de la situation économique ».

Le simple fait d’appeler à une manifestation pacifique ou de participer à une manifestation pacifique constitue un exercice reconnu des droits humains - Liz Throssel, porte-parole du HCDH

Pour avoir aussi appelé à des manifestations pour le 31 juillet prochain, un leader de l’opposition a également été arrêté. Jacob Ngarivhume a été par la suite inculpé de la même manière que le journaliste d’investigation.

Le simple fait d’appeler à une manifestation pacifique ou de participer à une manifestation pacifique constitue un exercice reconnu des droits humains - Liz Throssel, porte-parole du HCDH

« Le simple fait d’appeler à une manifestation pacifique ou de participer à une manifestation pacifique constitue un exercice reconnu des droits humains », a d’ailleurs rappelé Mme Throssel.

D’une manière générale, les services de Mme Bachelet estiment que ce « schéma d’intimidation » fait écho aux événements de mai, lorsque trois membres du principal parti d’opposition ont été « arbitrairement arrêtés et détenus pour avoir participé à une manifestation ».  Ces femmes - Joana Mamombe, Cecilia Chimbiri et Netsai Marova - ont affirmé que « des agents de l’État les avaient enlevées au poste de police », avant de les « torturer et agresser sexuellement ». 

« Les femmes ont ensuite été officiellement arrêtées en juin, accusées d’avoir participé aux manifestations et d’avoir simulé leur enlèvement. Elles ont récemment été libérées sous caution », a fait valoir la porte-parole du HCDH.

Le Zimbabwe recense 2.034 cas confirmés de Covid-19 dont 26 décès

Par ailleurs, le Haut-Commissariat s’est inquiété des informations selon lesquelles la police aurait fait usage de la force pour disperser et arrêter des infirmières et des travailleurs de la santé. Ces derniers ont été accusés d’avoir « enfreint les restrictions de confinement alors qu’ils tentaient de protester pour de meilleurs salaires et conditions de travail ».

« Tout en reconnaissant les efforts du gouvernement pour contenir la pandémie, il est important de rappeler aux autorités que toutes les mesures de confinement et les restrictions devraient être nécessaires, proportionnées et limitées dans le temps, et être appliquées avec humanité sans recourir à une force inutile ou excessive », a insisté le Haut-Commissariat.

Toutes les mesures de confinement et les restrictions devraient être nécessaires, proportionnées et limitées dans le temps, et être appliquées avec humanité - Liz Throssel, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme

Pour les services de Mme Bachelet, il est clair que la pandémie de Covid-19 a « considérablement accru les défis » auxquels le Zimbabwe est confronté dans un contexte de détérioration de l’économie. Et le nouveau coronavirus a imposé « un fardeau supplémentaire à un secteur de la santé déjà en difficulté ».

C’est dans ce contexte que le Président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a annoncé mardi une série de mesures « nécessaires pour freiner la propagation de la maladie ». Après avoir constaté une augmentation de 600 cas de Covid-19 en une semaine, le Chef de l’Etat zimbabwéen a donc instauré un couvre-feu du crépuscule à l’aube et la réduction et la suspension des libertés dont « les Zimbabwéens ont toujours joui ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Zimbabwe a signalé 2.034 cas confirmés de Covid-19 dont 26 décès.

Plus largement, le Haut-Commissariat encourage Hararé à s’engager avec la société civile et les autres parties prenantes pour trouver des solutions durables aux griefs tout en veillant à ce que les droits et libertés de la population soient protégés conformément aux obligations du Zimbabwe en matière de droits de l’homme.  Celles-ci comprennent la responsabilité de l’État de garantir les droits socio-économiques et culturels.