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Syrie : l’envoyé de l’ONU demande aux belligérants la libération unilatérale de détenus

L’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s'exprimant en visioconférence devant le Conseil de sécurité depuis Genève
Nations Unies
L’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s'exprimant en visioconférence devant le Conseil de sécurité depuis Genève

Syrie : l’envoyé de l’ONU demande aux belligérants la libération unilatérale de détenus

Paix et sécurité

L’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, a réclamé jeudi aux parties en conflit dans ce pays de procéder à la libération unilatérale de détenus, regrettant le manque de progrès sur la question des personnes détenues, enlevées ou disparues et notant la frustration de nombreux Syriens.

« Beaucoup de Syriens sont toujours détenus, enlevés ou portés disparus, et beaucoup de familles cherchent toujours désespérément des informations sur le sort de leurs proches », a déclaré M. Pedersen par visioconférence devant les membres du Conseil de sécurité.

« Et donc aujourd'hui, je veux commencer par un appel fort et clair au gouvernement syrien et à toutes les autres parties syriennes pour qu'ils procèdent à la libération unilatérale des détenus et des personnes enlevées, et à des actions significatives en ce qui concerne les personnes disparues », a-t-il ajouté. Selon lui, cela est nécessaire pour permettre une véritable réconciliation et à la société de guérir ses blessures.

L’envoyé de l’ONU a également alerté le Conseil de sécurité sur l’effondrement écconomique de la Syrie.

« Nous assistons à une spirale descendante : une inflation galopante, un chômage en hausse, une demande affaiblie, une augmentation des fermetures d'entreprises, une insécurité alimentaire accrue avec des familles qui sautent des repas et une pénurie de médicaments », a-t-il souligné.

« Nous constatons également maintenant une augmentation des cas signalés de Covid-19, exacerbant le malaise économique de la Syrie et limitant davantage la réponse humanitaire. Les tests restent extrêmement limités, en particulier dans les zones hors du contrôle gouvernemental », a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, l'accès humanitaire est de plus en plus impératif, a-t-il estimé.

Un cessez-le-feu à l’échelle nationale

Geir Pedersen a rappelé que pour mettre fin aux souffrances des Syriens, il faut mettre fin au conflit, par un cessez-le-feu à l’échelle nationale.

« Il y a eu des progrès vers cet objectif. Ces derniers mois, nous avons assisté à un calme relatif dans toute la Syrie, sans escalade majeure et les lignes de front étant pour la plupart gelées. Mais nous continuons à voir des flambées de violence à l'intérieur et à travers ces lignes de front, ce qui nous préoccupe », a-t-il dit.

L’envoyé de l’ONU a noté que la situation dans le sud-ouest de la Syrie restait tendue. Dans le nord-ouest, le calme induit par les efforts russes et turcs continue de se maintenir en grande partie. Le nord-est de la Syrie reste globalement stable mais a connu des incidents inquiétants.

« Dans le même temps, l’activité continue de l’EIIL reste une grave préoccupation - dans le sud, le centre et l’est de la Syrie - avec des émeutes signalées parmi les détenus de l’EIIL à al-Hasakeh », a ajouté Geir Pedersen en référence au groupe terroriste Etat islamique d’Iraq et du Levant, appelé aussi Daech.

S’agissant du processus politique, l’envoyé de l’ONU a indiqué qu’il prévoyait de convoquer le 24 août à Genève une troisième session du Comité constitutionnel syrien chargé de rédiger une nouvelle Constitution.

M. Pedersen a souhaité également que les principaux acteurs internationaux s'emploient à faire progresser le processus politique au sens large.

« Ce n’est que par le dialogue international que nous pourrons commencer à relever bon nombre des innombrables défis auxquels la Syrie et les Syriens sont confrontés, qu’il s’agisse des besoins humanitaires, des détentions, des déplacements, de la violence et de la terreur, mais aussi de la misère économique et de la violation de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de la Syrie », a-t-il ajouté.

« J’espère que, étape par étape, nous pourrons tracer la voie pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien et lui permettre de façonner son avenir », a-t-il conclu.