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Iran : des experts de l'ONU demande la libération d'une défenseure des droits humains présentant les symptômes de la Covid-19

Une vue de la ville de Téhéran, en Iran (photo d'archives).
Photo : ONU/Milton Grant
Une vue de la ville de Téhéran, en Iran (photo d'archives).

Iran : des experts de l'ONU demande la libération d'une défenseure des droits humains présentant les symptômes de la Covid-19

Droit et prévention du crime

L'Iran doit libérer la défenseure des droits de l'homme Narges Mohammadi, qui souffrirait de symptômes du coronavirus, et d'autres personnes détenues arbitrairement avant qu'il ne soit trop tard, a déclaré mercredi un groupe d'experts des droits de l'homme des Nations Unies.

« Nous demandons une fois de plus à l'Iran de libérer immédiatement Mme Mohammadi, ainsi que tous les autres qui sont actuellement privés de leur droit à la liberté en violation des obligations de l'Iran au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques », ont dit les experts.

Le groupe de 16 experts a exprimé de graves inquiétudes quant au fait que Mme Mohammadi semble avoir contracté la Covid-19 dans la prison de Zanjan.

Mme Mohammadi est détenue depuis 2015 sur la base d'accusations qui découlent de son travail en faveur des droits de l'homme. Elle a été condamnée à 16 ans de prison en mai 2016, dont elle devra purger 10 ans en vertu de la loi iranienne.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par le bien-être de Mme Mohammadi. Nous avons déjà fait part de nos inquiétudes quant au fait qu'elle et d'autres personnes dans les prisons iraniennes courent un grand risque si elles contractent la Covid-19 et nous avons demandé leur libération immédiate », ont déclaré les experts.

« Pour ceux qui ont des problèmes de santé sous-jacents, comme Mme Mohammadi, cela peut avoir des conséquences de vie ou de mort. Les autorités iraniennes doivent agir maintenant avant qu'il ne soit trop tard », ont-ils ajouté.

Dans l'attente des résultats du test

Les experts ont également demandé aux autorités de donner à Mme Mohammadi les résultats du test de la Covid-19 qu'elle a subi le 8 juillet, et de la transférer dans un hôpital pour qu'elle y reçoive des soins appropriés. Elle a présenté les premiers symptômes de la Covid-19 le 29 juin 2020 et son état s'est rapidement détérioré, entraînant une perte de conscience le 5 juillet 2020.

« Nous déplorons également la publication d'une vidéo par des médias affiliés à l'État qui prétend montrer Mme Mohammadi en train de se faire examiner par un médecin, ce qui suggérerait qu'elle est en bonne santé. Cette vidéo représente une violation du droit à la vie privée de Mme Mohammadi et n'a aucune valeur car son contenu ne peut être vérifié en aucune façon », ont souligné les experts.

Ils s'inquiètent également de l'augmentation possible du nombre de cas en prison, car les prisonniers précédemment libérés sur permission sont renvoyés en prison, et une deuxième vague de Covid-19 frappe l'Iran. La capacité de l'Iran à contenir les épidémies dans des prisons surpeuplées et insalubres suscite des inquiétudes de longue date.

Le 16 avril 2020, les experts ont salué la politique de l'Iran consistant à accorder des libérations temporaires aux prisonniers afin d'atténuer les effets de la Covid-19 dans les prisons.

Toutefois, ils ont aussi exprimé leur inquiétude quant au fait que de nombreux défenseurs des droits de l'homme comme Mohammadi, ainsi que des avocats spécialisés dans les droits de l'homme, des personnes ayant une double nationalité et des étrangers, des défenseurs de l'environnement et d'autres prisonniers d'opinion détenus sans base juridique suffisante n'en ont pas bénéficié, et ont demandé instamment que l'initiative leur soit étendue.

« Mme Mohammadi ne devrait pas être en prison en premier lieu », ont déclaré les experts. Le Groupe de travail sur la détention arbitraire a estimé que sa détention est arbitraire et a demandé sa libération immédiate en 2017.

« Non seulement les autorités iraniennes continuent de l'emprisonner, mais elles ont refusé l'année dernière tout contact avec sa famille, et cherchent également à la poursuivre sous de nouvelles accusations afin de poursuivre son emprisonnement illégal », ont-ils conclu.

NOTE :

Les experts sont : Javaid Rehman, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran ; Mary Lawlor, Rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme ; Agnes Callamard, Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; Mme Leigh Toomey (présidente-rapporteure), Mme Elina Steinerte (vice-présidente), M. José Guevara Bermúdez, M. Seong-Phil Hong, M. Sètondji Adjovi, Groupe de travail sur la détention arbitraire ; David Kaye, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression ; Elizabeth Broderick (Présidente), Melissa Upreti (Vice-Présidente), Alda Facio, Meskerem Geset Techane, Ivana Radačić, Groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles ; Nils Melzer, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; Diego García-Sayán, Rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats.

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand organe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit des situations nationales spécifiques, soit des questions thématiques dans toutes les régions du monde.

Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne font pas partie du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.