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Génocide de Srebrenica : 25 ans après, la paix en Bosnie-Herzégovine reste toujours fragile (ONU)

Recueillement sur une tombe à Vitez, en Bosnie-Herzégovine. Le massacre de Srebrenica a été qualifié de génocide par la justice internationale.
Photo : ONU
Recueillement sur une tombe à Vitez, en Bosnie-Herzégovine. Le massacre de Srebrenica a été qualifié de génocide par la justice internationale.

Génocide de Srebrenica : 25 ans après, la paix en Bosnie-Herzégovine reste toujours fragile (ONU)

Droit et prévention du crime

Vingt-cinq ans après le génocide de Srebrenica, les Nations Unies appellent à ne pas oublier les victimes et à poursuivre le travail de réconciliation en Bosnie-Herzégovine et partout ailleurs.

Le monde commémore le 11 juillet les 25 ans de ce génocide qui a été commis lors de la guerre en ex-Yougoslavie. Il y a 25 ans, plus de 8.000 hommes et garçons bosniaques musulmans y ont été massacrés par des forces serbes. La ville sous protection des Casques bleus avait pourtant été déclarée « zone de sécurité » par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Une décision qui n’a pas empêché le massacre.

Qualifiée de génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), le massacre de Srebrenica a été la pire atrocité commise sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale.

« Il y a un quart de siècle, l'Organisation des Nations Unies et la communauté internationale ont laissé tomber la population de Srebrenica », a reconnu le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message vidéo commémoratif. « Comme l’a dit l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, cet échec ‘hantera notre histoire pour toujours’ ».

Un quart de siècle après le génocide de Srebrenica, les principaux architectes de certaines des pires atrocités commises en Bosnie-Herzégovine durant la guerre en ex-Yougoslavie ont été traduits en justice et ce processus se poursuit. « Mais il reste encore beaucoup à faire pour garantir la reddition des comptes, fournir des recours aux victimes et promouvoir la guérison et la réconciliation », a déclaré Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

25ème anniversaire du génocide de Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine

Poursuivre le travail de réconciliation

La paix en Bosnie-Herzégovine reste toujours fragile 25 ans après le massacre de Srebrenica et les Nations Unies appellent à poursuivre le travail de réconciliation.

« La réconciliation doit s’appuyer sur une empathie et une compréhension mutuelles. La réconciliation signifie rejeter le déni du génocide et des crimes de guerre et de tout effort pour glorifier les criminels de guerre condamnés », a précisé M. Guterres. « Cela signifie également reconnaître la souffrance de toutes les victimes et ne pas attribuer de culpabilité collective ». 

Même constat de la part de Mme Bachelet qui estime que « le déni du génocide, la glorification des criminels de guerre condamnés et d'autres récits révisionnistes qui nient la vérité et l'histoire sont des formes de discours de haine et devraient être traités comme tels par les législateurs ».

« La réconciliation doit être concrète, poursuivie par des actions concrètes et une urgence renouvelée. Tous ceux qui ont souffert, ont été tués ou ont perdu des êtres chers à Srebrenica et dans les conflits des Balkans ne méritent rien de moins », a souligné la Haut-Commissaire.

Honorer les victimes de Srebrenica en évitant de futures atrocités

A l’occasion du 25e anniversaire du génocide de Srebrenica, plusieurs experts des droits de l’homme indépendants des Nations Unies ont exhorté les États et la communauté internationale à respecter leurs obligations, à prendre des mesures urgentes et efficaces pour protéger les personnes en danger, à repousser le virus de la haine et de la discrimination, y compris en ligne et à garantir la reddition des comptes.

« Les génocides ne sont pas spontanés. Ils sont l'aboutissement d'une intolérance, d'une discrimination et d'une violence incontestées et non contrôlées. Ils sont le résultat d'une haine nourrie par des environnements permissifs où les individus répandent d'abord la peur, puis la haine pour un gain matériel ou politique, brisant les piliers de la confiance et de la tolérance entre les communautés », ont rappelé ces experts dans un communiqué conjoint.

Dans un monde interconnecté, technologiquement avancé et diversifié, les experts se sont déclarés profondément alarmés par la persistance du racisme, de la xénophobie, de la stigmatisation et de la désignation de boucs émissaires. Des actes qui, selon eux, déstabilisent, voire même détruisent les sociétés et la vie des individus à travers le monde.

Ces experts sont : 

 Ahmed Shaheed, Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction; Fernand de Varennes, Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités; Agnes Callamard, Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires; Cecilia Jimenez-Damary, Rapporteure spéciale sur les droits de l'homme des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays; Fabian Salvioli, Rapporteur spécial sur la promotion du droit à la vérité, à la justice, à la réparation et aux garanties de non-répétition; Victor Madrigal-Borloz, Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre; Nils Melzer, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants; Membres du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires : Luciano Hazan (président), Tae-Ung Baik (vice-président), Bernard Duhaime, Houria Es-Slami et Henrikas Mickevičius; Membres du Groupe de travail sur la détention arbitraire : Leigh Toomey (président-rapporteur), Elina Steinerte (vice-présidente), José Guevara Bermúdez, Seong-Phil Hong, Sètondji Adjovi; David Kaye, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté.