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Afghanistan : le HCR appelle à investir dans le développement pour éviter une « autre décennie de desespoir »

Une jeune fille afghane a fui en Iran avec sa famille et a vécu dans un camp de réfugiés pendant cinq ans avant de retourner en Afghanistan.
©UNICEF/Abdul Sami Malik
Une jeune fille afghane a fui en Iran avec sa famille et a vécu dans un camp de réfugiés pendant cinq ans avant de retourner en Afghanistan.

Afghanistan : le HCR appelle à investir dans le développement pour éviter une « autre décennie de desespoir »

Migrants et réfugiés

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) plaide pour des investissements ciblés dans le développement de l'Afghanistan ainsi que dans les pays qui accueillent les Afghans déplacés, notamment en Iran et au Pakistan.

L’inaction pourrait « entraîner de nouveaux mouvements de population dans ce pays, des souffrances et une instabilité continues, ainsi qu’une aggravation de la crise socio-économique régionale à la suite de la pandémie de Covid-19 », a averti vendredi Babar Baloch, porte-parole du HCR lors d’un point de presse à Genève.

« Alors que cette crise de longue date entre dans sa cinquième décennie, il est nécessaire de mettre à nouveau l’accent sur la solidarité internationale pour éviter une nouvelle décennie de déplacement et de désespoir afin de redonner espoir à des millions d’Afghans », a souligné M. Baloch.

Plus de 2,6 millions d’Afghans sont déplacés à l’intérieur de l’Afghanistan tandis que quelque 2,7 millions de réfugiés afghans vivent toujours à l’extérieur du pays. Depuis 40 ans, l’Iran et le Pakistan accueillent la grande majorité des réfugiés afghans (90%), « assumant une charge disproportionnée pour leur fournir un refuge et des soins ». Depuis 2012, l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan, ont adopté la Stratégie de solutions pour les réfugiés afghans - une approche régionale visant à créer un environnement propice au rapatriement volontaire et à la réintégration durable des réfugiés dans leur pays d’origine et un dispositif qui permet d’alléger la pression sur les communautés d’accueil.

Depuis 2002, près de 6 millions de réfugiés afghans ont pu rentrer chez eux dont 5,3 millions avec le soutien du HCR. « Toutefois, le rythme des retours n’a pas été suivi d’investissements dans le développement », a déploré M. Baloch, ajoutant que le rythme des retours volontaires en Afghanistan en 2019 a été parmi les plus faibles enregistré depuis des années.

Le HCR tient lundi une réunion virtuelle de haut niveau avec des représentants d’Afghanistan, d’Iran et du Pakistan

Or les dernières négociations visant à apporter la paix et la stabilité en Afghanistan représentent un moment décisif pour le peuple afghan. « Cependant, de nombreux Afghans en exil espèrent voir la situation s’améliorer avant de rentrer chez eux », a précisé M. Baloch. « Et avec la détérioration des conditions socio-économiques dans la région due à la Covid-19, cette générosité de longue date en Iran et au Pakistan est aujourd’hui menacée », a alerté le porte-parole du HCR.

Par ailleurs, la majorité des réfugiés en Iran et au Pakistan citent plusieurs obstacles majeurs à leur retour et à leur réintégration durable en Afghanistan. Il s’agit notamment du manque d’accès aux moyens de subsistance, aux terres, aux abris et aux services de base, ainsi que de l’insécurité persistante dans le pays.

À l’intérieur de l’Afghanistan, des lacunes flagrantes doivent également être comblées dans le domaine de l’éducation. Près de la moitié de la population afghane, qui compte quelque 37 millions de personnes, a moins de 15 ans.

C’est dans ce contexte que le HCR tiendra lundi 6 juillet une réunion virtuelle de haut niveau aux côtés des représentants d’Afghanistan, d’Iran et du Pakistan. L’objectif est d’obtenir des investissements de la part des pays donateurs, des acteurs du développement bilatéraux et multilatéraux, des institutions financières internationales, des agences des Nations Unies, du secteur privé, des organisations non gouvernementales et de la société civile.