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États-Unis : des experts de l’ONU et de l’OEA condamnent l’usage de la force contre les journalistes couvrant les manifs antiracistes

Des manifestants antiracistes à Brooklyn, New York, demandent justice pour le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd.
UN News/Shirin Yaseen
Des manifestants antiracistes à Brooklyn, New York, demandent justice pour le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd.

États-Unis : des experts de l’ONU et de l’OEA condamnent l’usage de la force contre les journalistes couvrant les manifs antiracistes

Droits de l'homme

Des experts indépendants des droits de l’homme de l’ONU et de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) ont condamné, mercredi, l’usage de la force contre les journalistes qui couvrent les manifestations antiracistes aux Etats-Unis.

« Le ciblage des travailleurs des médias par une force mortelle ou moins meurtrière pour faire leur travail est interdit par le droit international et contraire aux meilleures normes de maintien de l’ordre », ont rappelé dans un communiqué, David Kaye, Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion de la liberté d’opinion et d’expression et Edison Lanza, Rapporteur spécial de la CIDH pour la liberté d’expression.

Pour les deux experts, les autorités fédérales, étatiques et locales américaines doivent accorder aux médias « le plus haut degré de protection » afin qu’ils puissent exercer librement leur travail. Cette obligation comprend à la fois le devoir d’éviter l’usage ou la menace de l’usage de la force contre les journalistes et de protéger les journalistes contre la violence de tiers.

« Les personnes qui enfreignent ces règles doivent être soumises à l’obligation de rendre des comptes et à des procédures disciplinaires », ont déclaré les deux rapporteurs spéciaux.
 

Deux officiers du département de police de New York patrouillent lors d'une manifestation contre la mort à Minneapolis d'un Afro-Américain aux mains de la police dans la ville du Mid-West.
UN News/Antonio Lafuente
Deux officiers du département de police de New York patrouillent lors d'une manifestation contre la mort à Minneapolis d'un Afro-Américain aux mains de la police dans la ville du Mid-West.

Des journalistes « attaqués, harcelés, arrêtés et détenus » dans l’exercice de leur profession

Cette déclaration intervient à la suite des « nombreux rapports » reçus par les experts faisant état « de journalistes attaqués, harcelés, arrêtés et détenus dans le cadre de leur travail de couverture des manifestations anti-racistes et contre les violences policières aux États-Unis ».

La militarisation du maintien de l’ordre aux États-Unis encourage les forces de l’ordre à considérer les manifestants et les journalistes comme des belligérants.

 

« Les forces de l’ordre ont le devoir d’assurer la sécurité des journalistes qui couvrent les protestations et de garantir le droit du public à rechercher et à recevoir des informations sur ces mobilisations sociales », ont-ils fait remarquer, tout en rappelant le rôle de la presse dans les sociétés démocratiques.

De façon générale, les deux experts indépendants de l’ONU et de l’Organisation des États américains (OEA) se sont profondément préoccupés de « la militarisation du maintien de l’ordre aux États-Unis », qui non seulement interfère avec le droit de réunion pacifique, mais limite également la capacité de la presse à couvrir les manifestations.

Cette militarisation encourage les forces de l’ordre à considérer les manifestants et les journalistes comme des belligérants, selon les experts, qui encouragent vivement Washington à « la démilitarisation et au recours aux normes internationales pour la gestion des manifestations ».

Par ailleurs, M. Kaye et Lanza invitent les autorités publiques à condamner les attaques contre les journalistes et promouvoir le rôle joué par la presse.

« Nous réitérons les graves préoccupations que nous avons exprimées précédemment, à savoir que les déclarations du président des États-Unis, en particulier son attaque de longue date contre les médias en tant qu’« ennemis du peuple », contribuent à créer un climat d’hostilité et d’intolérance », ont-ils conclu.

 

NOTE :
Les experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales qui constituent le plus grand groupe d’experts indépendants dans le système des Nations unies des droits de l’homme, sont les mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent, soit de situations spécifiques de pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde.  es experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne sont pas fonctionnaires de l’ONU et ne reçoivent pas un salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.