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Covid-19 : « ce n’est pas le moment pour un pays de relâcher la pression » - Dr Tedros

Les clients sont contrôlés contre la fièvre à l'entrée des magasins. Le port du masque à l'intérieur d'un magasin est obligatoire à Kiev, en Ukraine
Photo : ONU Ukraine/Volodymyr Shuvayev
Les clients sont contrôlés contre la fièvre à l'entrée des magasins. Le port du masque à l'intérieur d'un magasin est obligatoire à Kiev, en Ukraine

Covid-19 : « ce n’est pas le moment pour un pays de relâcher la pression » - Dr Tedros

Santé

Alors que les manifestations de soutien liées à la mort de George Floyd se poursuivent dans certains pays, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé, lundi, les manifestants à adopter certaines mesures barrières.

« L’OMS soutient pleinement l’égalité et le mouvement mondial contre le racisme. Nous rejetons toute forme de discrimination. Nous encourageons tous ceux qui protestent dans le monde entier à le faire en toute sécurité », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS lors d’un point de presse virtuel depuis Genève.

« Autant que possible, tenez-vous à au moins un mètre des autres, nettoyez-vous les mains, couvrez quand vous toussez et portez un masque si vous assistez à une manifestation », a-t-il ajouté.

Alors que des rassemblements de masse reprennent dans certains pays de la planète, l’OMS a averti que la plupart des personnes dans le monde sont toujours exposées au risque d’infection par le coronavirus. Le Chef de l’OMS a également exhorté les pays à poursuivre leurs efforts pour contenir le nouveau coronavirus, notant que la situation mondiale s’aggrave.

« Plus de six mois après le début de la pandémie, ce n’est pas le moment pour un pays de relâcher la pression », a mis en garde le Dr Tedros.

« C’est le moment pour les pays de continuer à travailler dur, sur la base de la science, des solutions et de la solidarité », a insisté le Directeur général de l’OMS.

La pandémie du nouveau coronavirus a fait au moins 400.469 morts dans le monde, selon un bilan établi par l’OMS. Près de 7 millions de cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 196 pays et territoires depuis le début de l’épidémie. « Bien que la situation en Europe s’améliore, elle se détériore au niveau mondial », a d’ailleurs détaillé le Chef de l’OMS.

« La plus grande menace est maintenant la complaisance » - Dr Tedros

Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS s'exprime lors d'une conférence de presse à Genève (photo d'archives).
ONU/Elma Okic
Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS s'exprime lors d'une conférence de presse à Genève (photo d'archives).

De quoi inquiéter l’Agence onusienne qui note que plus de 100.000 cas de Covid-19 ont été signalés au cours de 9 des 10 derniers jours.

« Hier, plus de 136.000 cas ont été signalés, le plus grand nombre en un seul jour jusqu’à présent », a ajouté le Dr Tedros qui précise que près de 75% des cas d’hier, dimanche,proviennent de 10 pays, principalement en Amérique et en Asie du Sud.

Nous continuons à préconiser une surveillance active pour s’assurer que le virus ne rebondit pas - Dr. Tedros, Directeur général de l'OMS

De plus, la plupart des pays de la région africaine connaissent encore « une augmentation du nombre de cas d’infection ». Si certains signalent des cas dans de nouvelles zones géographiques, la plupart des pays de la région africaine ont moins de 1.000 cas », a fait valoir le Dr Tedros. « C’est certes une source de préoccupation », mais il n’y a pas pour autant « une accélération des cas sur le continent africain ».

L’OMS constate également une augmentation du nombre de cas de Covid19 dans certaines parties de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale.

Bien que l’OMS soit « encouragée » par le fait que certains pays commencent à voir des signes de progrès, les recherches montrent que la plupart des gens sont encore susceptibles de contracter la Covid-19, a déclaré M. Tedros. « Dans ces pays, la plus grande menace est maintenant la complaisance », a-t-il dit.

« Nous continuons à préconiser une surveillance active pour s’assurer que le virus ne rebondit pas, d’autant plus que des rassemblements de masse de toutes sortes commencent à reprendre dans certains pays ».

De façon générale, l’OMS encourage ainsi les pays à renforcer les mesures fondamentales de santé publique qui restent la base de la réponse contre le nouveau coronavirus. Il s’agit de trouver, isoler, tester et soigner chaque cas, et tracer et mettre en quarantaine chaque contact. « La recherche des contacts reste un élément essentiel de la réponse », a appuyé l’OMS.

De nouvelles directives pour l’application de traçage de contacts

Les États-Unis, qui ont recensé leur premier décès lié au coronavirus début février, sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 109.746 décès pour 1.915.712 cas. Après les États-Unis, les pays les plus touchés sont le Royaume-Uni avec 40.542 morts pour 286.194 cas, le Brésil avec 35.930 morts (672.846 cas), l’Italie avec 33.899 morts (234.998 cas) et la France avec 29.155 morts (153.977 cas). La Chine a officiellement dénombré au total 84.634 cas, dont 4.645 décès.

Nous soulignons que les outils numériques ne remplacent pas les capacités humaines nécessaires à la recherche des contacts - Docteur Tedros, Directeur général de l'OMS

Par ailleurs, l’Agence onusienne a publié de nouvelles lignes directrices sur l’utilisation des outils numériques pour la recherche des contacts. Des outils ont été développés pour aider à la recherche des contacts et à l’identification des cas. Selon l’OMS, certains sont conçus pour être utilisés par le personnel de santé publique, comme l’application http://Go.Data de l’OMS, qui a été utilisée « avec succès pour tracer les contacts avec l’épidémie d’Ebola en RDC ».

D’autres utilisent la technologie GPS ou Bluetooth pour identifier ceux qui ont pu être exposés à une personne infectée. Et d’autres encore peuvent être utilisés par les gens pour signaler eux-mêmes les signes et symptômes de la Covid-19. Dans le cadre d’une approche globale, les outils numériques de recherche des contacts offrent ainsi la possibilité de retracer un plus grand nombre de contacts « dans un laps de temps plus court, et de fournir une image en temps réel de la propagation du virus ».

« Mais ils peuvent également poser des problèmes de respect de la vie privée, conduire à des conseils médicaux erronés fondés sur des symptômes auto-déclarés et exclure ceux qui n’ont pas accès aux technologies numériques modernes », a averti le Chef de l’OMS. Dans ces conditions, « il faut davantage de preuves de l’efficacité de ces outils pour la recherche des contacts ». L’Agence onusienne encourage ainsi les pays à rassembler ces preuves au fur et à mesure qu’ils déploient ces outils, et à les intégrer dans la base de connaissances mondiale ».

« Nous soulignons que les outils numériques ne remplacent pas les capacités humaines nécessaires à la recherche des contacts », a toutefois tempéré le Dr Tedros, qui ajoute que l’OMS organisera demain mardi une consultation en ligne sur la recherche des contacts de la Covid-19.