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Covid-19 : la répression contre les migrants en Malaisie doit cesser (Experts)

Des gens arrivés en Malaisie après un long voyage en bateau depuis l'Etat de Rakhine, au Myanmar. Photo HCR/B. Baloch
Des gens arrivés en Malaisie après un long voyage en bateau depuis l'Etat de Rakhine, au Myanmar. Photo HCR/B. Baloch

Covid-19 : la répression contre les migrants en Malaisie doit cesser (Experts)

Droit et prévention du crime

Le gouvernement malaisien doit mettre un terme à la répression en cours contre les migrants, les journalistes et la société civile dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 et s’opposer fermement à la xénophobie et aux discours de haine contre les migrants, ont déclaré aujourd’hui des experts indépendants des Nations Unies.

« Je suis alarmé par ce qui se passe en Malaisie après l’attitude initialement positive du gouvernement envers une réponse inclusive à la pandémie », a déclaré dans un communiqué Felipe González Morales, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants.

Selon González Morales, trois raids menés depuis le 1er mai, ainsi que la menace de futurs raids, ont semé la peur parmi les migrants.

« Dans une telle situation, les migrants pourraient ne plus se présenter pour des tests de dépistage ou ne plus avoir accès aux services de santé, même s’ils présentent des symptômes du coronavirus », a-t-il déclaré. Ce climat de peur est aggravé par la nette augmentation des discours de haine contre les migrants ces dernières semaines.

Des activistes ont été menacés pour avoir soutenu les migrants. Et les journalistes ont été empêchés de rendre compte de ces « rafles ». Selon l’expert indépendant, « ces menaces et ces propos haineux » sont également le fait d’individus affiliés au gouvernement, de partis politiques et de fonctionnaires.

« La répression et la campagne de haine actuelles sapent gravement les efforts déployés pour lutter contre la pandémie dans le pays », a fustigé l’Expert indépendant onusien qui a exhorté les autorités malaisiennes à s’abstenir de faire des raids dans des zones fermées à clé pour arrêter et détenir les migrants.

Plus de 350 migrants placés dans des centres de détention surpeuplés

Des rapports ont également fait état de projets d’expulsion des migrants détenus vers leur pays d’origine. Selon l’expert, il n’est toujours pas clair si les migrants ont accès à des avocats et peuvent contester leur détention et leur expulsion.

« Si les migrants sont expulsés sans que chaque cas soit évalué individuellement, le gouvernement peut effectivement exposer les personnes au risque de torture dans leur pays d’origine », a-t-il mis en garde, non sans rappeler que cela serait « contraire au principe de non-refoulement ».

A noter que l’appel du Rapporteur spécial a été soutenu par d’autres experts indépendants, qui ont également exprimé leur préoccupation par la détention de plus de 350 migrants, dont des enfants, des personnes âgées et d’autres personnes vulnérables, dans des centres de détention pour immigrants surpeuplés.

« Les alternatives à la détention devraient toujours être considérées en premier lieu », a fait valoir González Morales.

« Cela est encore plus important face à une pandémie, car l’éloignement physique et d’autres mesures préventives peuvent ne pas être disponibles dans les centres de détention », a-t-il ajouté.

Cet appel de M. González Morales a reçu le soutien de plus d’une dizaine d’experts indépendants onusiens dont les membres du Groupe de travail sur la détention arbitraire ainsi que la Rapporteuse spéciale sur le racisme et le Rapporteur spécial sur la torture.

NOTE :

Les experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales qui constituent le plus grand groupe d’experts indépendants dans le système des Nations unies des droits de l’homme, sont les mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent, soit de situations spécifiques de pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne sont pas fonctionnaires de l’ONU et ne reçoivent pas un salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.