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Covid-19 : le Chef de l’OMS promet « au moment approprié » une évaluation indépendante

Le Directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'adresse à la session d'ouverture de la 73éme Assemblée mondiale de la santé à Genève.
Photo : OMS/Cristopher Black
Le Directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'adresse à la session d'ouverture de la 73éme Assemblée mondiale de la santé à Genève.

Covid-19 : le Chef de l’OMS promet « au moment approprié » une évaluation indépendante

Santé

Le Chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est engagé, lundi à Genève, à lancer « au moment approprié » une évaluation indépendante sur la gestion de la pandémie de coronavirus.

« Je lancerai une évaluation indépendante dès que possible afin d’examiner l’expérience acquise et les enseignements tirés, et de formuler des recommandations en vue d’améliorer l’état de préparation et la réponse aux pandémies à l’échelle nationale et mondiale », a indiqué le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus lundi à l’occasion de la 73ème Assemblée mondiale de la santé.

Selon le Chef de l’OMS, les mécanismes existants sont déjà opérationnels depuis le début de la pandémie. Le Comité indépendant consultatif de surveillance a d’ailleurs publié ce lundi son premier rapport sur la pandémie, avec plusieurs recommandations à l’intention du Secrétariat et des États membres.

Devant les 194 États membres de l'Organisation, le Chef de l’OMS s’est dit favorable à cette initiative à condition qu’elle « comprenne la totalité de la réponse par tous les acteurs, de bonne foi ».

« Nous avons tous des leçons à tirer de la pandémie », a-t-il insisté, invitant chaque pays et chaque organisation à examiner sa réponse et tirer les leçons de son expérience.

Dans cet esprit, le Dr Tedros s’est félicité de la proposition de résolution présentée à cette Assemblée annuelle, qui appelle à un processus progressif d’évaluation impartiale, indépendante et complète. Une façon pour l’OMS de rappeler son engagement « à faire preuve de transparence, de responsabilité et de constante amélioration ».

« Le monde n’a pas besoin d’un autre plan, d’autre comité ni d’une autre organisation »

Mais selon le Chef de l’OMS, une chose est parfaitement claire : le monde ne doit plus jamais être le même. « Nous n’avons pas besoin d’une évaluation pour nous dire que nous devons tous faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que cela ne se reproduise plus jamais », a-t-il formulé .

Le Dr Tedros a souligné que si des enseignements pouvaient être tirés de cette pandémie, la communauté internationale devait préserver l’OMS qui a prouvé son efficacité par le passé dans l’éradication des maladies infectieuses.

Le monde ne manque ni d’outils, ni de science, ni de ressources pour le mettre à l’abri des pandémies - Dr. Tedros, Directeur général de l'OMS

« Le monde n’a pas besoin d’un autre plan, d’un autre système, d’un autre mécanisme, d’un autre comité ni d’une autre organisation. Il a besoin de renforcer, mettre en œuvre et financer les systèmes et les organisations dont il dispose - y compris l’OMS », a-t-il prévenu.

Selon le Chef de l’OMS, de nombreux dirigeants qui se sont exprimés aujourd’hui ont soulevé ces questions : mise en œuvre, soutien à l’OMS et financement. « Le monde ne peut plus se permettre une amnésie à court terme qui a trop longtemps caractérisé sa réponse à la sécurité sanitaire », a-t-il mis en garde.

Plus largement, le temps est venu de tisser les fils disparates de la sécurité sanitaire mondiale en une chaîne ininterrompue - un cadre complet de préparation aux épidémies et aux pandémies.

« Le monde ne manque ni d’outils, ni de science, ni de ressources pour le mettre à l’abri des pandémies », a fait valoir le Dr Tedros. Ce qui manque à la planète, « c’est un engagement soutenu à utiliser les outils, la science et les ressources dont il dispose ». Et pour le Chef de l’Agence onusienne, « cela doit changer, et cela doit changer aujourd’hui ».

« Nous avons besoin d’un monde sain, sûr et juste »

Dans ces conditions, il appelle toutes les nations à prendre la résolution de tout faire pour que la pandémie de coronavirus de 2020 ne se répète jamais. « Pour réussir, nous devons tous nous engager à nous approprier et à rendre compte mutuellement », a-t-il fait remarquer.

L’un des moyens d’y parvenir, proposé par le Groupe africain l’année dernière, est un système d’examen périodique universel, dans lequel les pays conviennent d’un examen régulier et transparent de l’état de préparation de chacun.

La pandémie a mis à l’épreuve, renforcé et tendu les liens de fraternité entre les nations - Dr. Tedros , Directeur général de l’OMS

Faisant le bilan de la réponse, le Chef de l’OMS a indiqué depuis le premier jour, son agence a soutenu les pays en ces heures sombres. « L’OMS a rapidement sonné l’alarme et nous l’avons sonné souvent », a souligné M. Tedros. Dans tous les cas, la réponse à la pandémie a mis en lumière « les divisions géopolitiques ». Covid-19 « a mis en évidence nos forces et nos faiblesses. La science a été saluée et méprisée. Les nations se sont réunies comme jamais auparavant et les divisions géopolitiques ont été mises en évidence », a-t-il relevé.

« La pandémie a mis à l’épreuve, renforcé et tendu les liens de fraternité entre les nations. Mais elle ne les a pas rompus », a ajouté le Dr Tedros, insistant plus que jamais sur le besoin d’un monde plus sain. « Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’un monde sain, sûr et juste. Et aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’une OMS plus forte », a-t-il poursuivi.

En gros, « la pandémie a fait ressortir le meilleur - et le pire - de l’humanité : force et peur ; solidarité et suspicion ; rapports et récriminations ».

« Malgré toute la puissance économique, militaire et technologique des nations, nous avons été humiliés par ce tout petit microbe. Si ce virus nous apprend quelque chose, c’est bien l’humilité », a-t-il conclu, rappelant qu’il est « temps de faire preuve d’humilité ».

Dans le monde, la pandémie du nouveau coronavirus a fait plus de de 4,5 millions de cas de contamination dont 310.391 morts.