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En Afrique, la lutte contre le coronavirus pourrait être « longue », selon l’OMS

Des cas de Covid-19 ont été confirmés sur un site de protection des civils des Nations Unies à Juba, la capitale du Soudan du Sud.
MINUSS/Nektarios Markogiannis
Des cas de Covid-19 ont été confirmés sur un site de protection des civils des Nations Unies à Juba, la capitale du Soudan du Sud.

En Afrique, la lutte contre le coronavirus pourrait être « longue », selon l’OMS

Santé

Jusqu’à présent relativement épargnée par la pandémie de Covid-19 avec moins de 2.500 morts, l’Afrique doit se préparer une épidémie prolongée, a averti l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Face à « une tendance globale à la hausse », « la réponse à cette épidémie pourrait être longue », a averti Michel Yao, chargé de la gestion d’urgence au bureau régional Afrique de l’OMS.

Cette mise en garde intervient au lendemain d’un autre avertissement de l’OMS sur le fait que le nouveau coronavirus pourrait « ne jamais disparaître » dans le monde. Selon le Directeur chargé de l’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan, il serait hasardeux de prédire quand la Covid-19 pourrait être vaincue. « Ce virus pourrait devenir endémique dans nos communautés, il pourrait ne jamais disparaître », a insisté hier mercredi le Dr. Ryan.

Lors de la conférence de presse virtuelle de la branche africaine de l’OMS organisée depuis Brazzaville, le médecin ivoirien a également constaté « une tendance globale à la hausse, avec des grandes villes touchées et l’arrière-pays qui reste à protéger ». De façon générale sur le continent, que ça soit dans les pays de l’Afrique du Nord ou de l’Afrique subsaharienne, le Bureau régional de l’OMS observe « toujours une augmentation de cas ».

En Afrique subsaharienne, l’agence onusienne émet des projections préoccupantes sur l’avenir de la maladie. « Si la progression continue, le nombre de cas pourrait doubler chaque huit jours. C’est donc une tendance à la hausse qu’il faut observer pour toute l’Afrique », a mis en garde le Dr Yao, relevant au passage un taux de léthalité entre 3 à 3,4 %.

Selon l’OMS, le nombre de cas confirmés dans la région africaine a augmenté de 42 % au cours de la semaine dernière. La région de l’Afrique de l’Ouest est la plus touchée, avec 43% des cas. L’Afrique du Sud, l’Algérie, le Ghana, le Nigeria, le Cameroun, la Guinée, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo (RDC) sont les plus touchés par la maladie dans la région africaine de l’OMS, en termes de nombre cumulé de cas. « Ensemble, ils représentent 87% des cas signalés dans la Région », a tweeté l’OMS.

Les zones urbaines plus touchées 

En outre, plus de la moitié des pays subsahariens ont une transmission communautaire et « avance probablement vers des pics ». Plus de la moitié des pays de la région africaine ont enregistré une transmission communautaire généralisée de Covid19. Pour le Dr Yao, il faut absolument renforcer les mesures de prise en charge, notamment de détection, de suivi des contacts, mais aussi des tests.

A noter que les pays africains sont dans l’ensemble peu touchés par la Covid-19. Et la catastrophe sanitaire annoncée n’a pas encore eu lieu. Selon le dernier bilan établi le mercredi par l’OMS, plus de 72.000 cas ont été confirmés sur le continent africain, soit 1,6% du total mondial alors qu’il représente moins de 20 % de la population mondiale. Le virus y a causé la mort de plus de 2.400 personnes. 47 pays sont désormais touchés et le dernier sur la liste est le Lesotho qui a notifié hier son premier cas.

De façon générale, la densité de population est plus faible en Afrique, mais il y a aussi le facteur de la faible mobilité des populations africaines par comparaison aux populations occidentales et dans certains pays d’Asie. Le virus a largement touché les populations urbaines, la plupart des communautés rurales étant relativement peu touchées ou ne signalant que des cas sporadiques.

Selon le Dr. Yao, la plupart des cas sont concentrés dans la capitale et les grandes villes.  « Les régions beaucoup plus éloignées sont moins touchées dans la plupart des pays. Et donc là, il y a possibilité d’agir pour protéger l’arrière-pays et surtout s’assurer qu’on utilise ce Momentum-là pour mieux préparer l’arrière-pays » a ajouté le Responsable chargé de la gestion d’urgence au bureau régional Afrique de l’OMS.

L’autre grande explication avancée est la jeunesse de la population africaine. S’agissant du profil des malades, l’OMS constate qu’une « bonne partie des malades a entre 20 et 50 ans ». « Il y a aussi une proportion au-delà de 61 ans, mais c’est dans une proportion moindre comparée à ce qu’on a observé en Asie ou en Europe », a fait valoir le Dr. Yao. 

Mais pour l’OMS, l’impact et la propagation du nouveau coronavirus ne sont pas les mêmes dans tous les pays. « Nous travaillons avec les pays et leur demandons d’examiner les données et de lever les restrictions dans les zones où le risque est minime », a déclaré de son côté la Dr, Moeti, Directrice du Bureau régional Afrique de l’OMS.