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La pandémie de Covid-19 montre qu’il faut investir davantage dans les systèmes de santé, selon l’OMS

Un bébé âgé de six mois reçoit un vaccin dans un centre communautaire de santé à Beijing, en Chine.
© UNICEF/Zhang Yuwei
Un bébé âgé de six mois reçoit un vaccin dans un centre communautaire de santé à Beijing, en Chine.

La pandémie de Covid-19 montre qu’il faut investir davantage dans les systèmes de santé, selon l’OMS

Santé

La pandémie de coronavirus rappelle combien il est nécessaire de renforcer les systèmes de santé, a estimé mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« La meilleure défense contre les épidémies et autres menaces sanitaires est la préparation et l’investissement en vue de construire des systèmes de santé solides », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur général de l’OMS, lors d’une conférence de presse virtuelle à Genève.

Selon lui, les systèmes de santé et la sécurité sanitaire sont les deux faces d’une même pièce. « Si nous n’investissons pas dans les deux, nous ne ferons pas seulement face aux conséquences sanitaires, mais aussi aux retombées socio-économiques et politiques que nous connaissons déjà avec la pandémie de Covid19 », a-t-il averti.

Cette mise en garde du patron de l’OMS intervient alors que son organisation a publié aujourd’hui les statistiques sanitaires mondiales de 2020 qui montrent « trop de lenteur » sur le rythme des progrès notés dans les objectifs du développement durable. Une situation qui sera encore plus perturbée par le nouveau coronavirus.

« Les nouvelles statistiques mettent en lumière l’un des principaux moteurs de la pandémie de Covid19 : l’inégalité », a ajouté le Dr Tedros.

Le monde est plus qu’un simple ensemble de pays individuels avec des drapeaux colorés

Le chef de l’OMS s’est interrogé sur le fait qu’en 2020, « environ un milliard de personnes dépensent au moins 10% du budget de leur ménage pour les soins de santé », mais aussi « comment se fait-il qu’en 2020, plus de 55% des pays comptent moins de 40 infirmières et sages-femmes pour 10.000 personnes ? »

« La réponse est que la planète n’a pas fait assez pour tenir la promesse de la santé pour tous », tranche le Dr Tedros. Mais entre-temps, la Covid-19 provoque « d’importantes pertes en vies humaines, perturbe les moyens de subsistance et menace de réduire à néant une grande partie des progrès déjà réalisés.

Alors que le nouveau coronavirus est « un choc sans précédent pour le monde entier », l’OMS plaide une nouvelle fois en faveur de l’unité nationale et de la solidarité internationale. « Nous avons une occasion unique de prouver que le monde est plus qu’un simple ensemble de pays individuels avec des drapeaux colorés », a-t-il fait valoir.

« La Covid-19 a montré très clairement que nous sommes un monde qui a plus de choses en commun que nous n’oserions jamais le croire », a poursuivi le Dr Tedros. D’ailleurs au cours de la 73e Assemblée mondiale de la santé, la semaine prochaine, les Etats membres examineront non seulement la manière de vaincre la Covid-19, mais aussi la façon dont le monde peut « reconstruire des systèmes de santé plus solides partout dans le monde ».

Le monde a encore un long chemin à parcourir dans la lutte contre la Covid-19

Par ailleurs, l’agence onusienne a averti que le monde avait un long chemin à parcourir pour maîtriser la pandémie. Un nouvel appel à la prudence alors que de nombreux pays ont entamé un processus de « déconfinement » devant mener à un retour d’une vie normale.

Selon le responsable du programme d’urgence de l’OMS, les risques liés au coronavirus, restent encore élevés aux « niveaux national, régional et mondial ». « Un contrôle très important du virus était nécessaire pour réduire l’évaluation actuelle des risques », a déclaré le Dr Mike Ryan.

Pour l’OMS, le monde doit garder à l’esprit qu’il faudra un certain temps pour sortir de cette pandémie. « C’est ce que nous craignons tous, c’est un cercle vicieux de désastre de santé publique suivi d’un désastre économique », a averti le Dr Ryan. « Si vous rouvrez en présence d’un degré élevé de transmission du virus, alors cette transmission peut s’accélérer », a-t-il insisté.

A la question d’une journaliste, le Directeur exécutif chargé des situations d’urgence sanitaire évoque une « fausse équation » au sujet du choix entre l’économie et la santé publique.

« La pire chose qui puisse arriver », sur le plan économique, est qu’un pays rouvre puis doive à nouveau fermer ses portes pour répondre à une résurgence du virus. « Si la transmission du virus s’accélère et que vous n’avez pas les systèmes pour le détecter, il faudra des jours ou des semaines avant de savoir que quelque chose a mal tourné », a dit le Dr Ryan. « Cela présente plus de danger pour le système économique que pour le système de santé en un sens », a-t-il fait valoir.

Le chef de l’OMS « choqué et consterné » par l’attaque d’une maternité afghane

La pandémie a fait au moins 287.399 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi mercredi par l’OMS. Quelque 4.170.424 de cas ont été diagnostiqués dans 195 pays et territoires.
Avec 1.322.054 cas, les Etats-Unis sont le pays le plus touché avec plus de 79.634 décès. Viennent ensuite le Royaume-Uni avec 32.692 morts, l’Italie avec 30.911 morts, la France avec 26.948 morts et l’Espagne avec 26.920 morts.

Au cours de cette conférence de presse virtuelle, le chef de l’OMS s’est dit « choqué et consterné » par l’attaque en Afghanistan d’une maternité gérée par l’ONG « Médecins Sans Frontières ».

Selon les médias, des hommes armés en uniforme de police ont pris d’assaut mardi l’hôpital de Kaboul qui abritait la clinique, tuant plus d’une dizaine de personnes dont des nouveau-nés. « Les installations médicales ne devraient jamais être une cible », a déclaré le Dr Tedros, tout en rappelant que « la militarisation de l’espace sanitaire ne servait à rien ».

Le Dr Tedros a ensuite exhorté toutes les personnes présentes et suivant le briefing en ligne à observer une minute de silence « par solidarité et respect pour les personnes tuées et blessées, ainsi que pour toutes les infirmières et les professionnels de la santé qui travaillent actuellement dans certains des environnements les plus difficiles du monde ».

Finalement en cette période de pandémie mondiale, l’OMS insiste sur l’impératif de paix et le besoin de santé. « Nous avons besoin de la paix pour la santé et de la santé pour la paix. Nous en avons besoin maintenant », a-t-il dit. Le Dr Tedros invite donc « toutes les parties prenantes à mettre de côté la politique et à donner la priorité à la paix, à un cessez-le-feu mondial et à mettre fin ensemble à cette pandémie.

Pour le chef de l’OMS, la Covid-19 est l’affaire de tous. « Et la trajectoire est dans nos mains. Nous devons contribuer pour éliminer ce virus », a conclu le Dr Tedros.