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L’ONU demande 4,7 milliards de dollars supplémentaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19

 Une réfugiée sud-soudanaise reçoit du savon d'un centre de distribution du HCR dans un camp du Sud Darfour.
© HCR/Winnie Kakuba
Une réfugiée sud-soudanaise reçoit du savon d'un centre de distribution du HCR dans un camp du Sud Darfour.

L’ONU demande 4,7 milliards de dollars supplémentaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19

Aide humanitaire

Les Nations Unies ont revu à la hausse l’appel lancé en mars dernier, avec une rallonge de 4,7 milliards de dollars, pour protéger des millions de vies et endiguer la propagation du coronavirus dans les pays fragiles.

 Le 25 mars dernier, l’ONU avait lancé un plan de réponse humanitaire mondial et réclamé des dons à hauteur de 2 milliards de dollars, dont la moitié a été jusqu’à présent recouvrée auprès des pays donateurs. 

Au total, il s’agit d’un plan mondial réactualisé de 6,7 milliards de dollars pour lutter contre le coronavirus dans les pays fragiles.

« Si nous ne soutenons pas les plus pauvres, nous serons tous confrontés aux retombées de la crise pendant de nombreuses années. Cela serait encore plus douloureux et beaucoup plus coûteux pour tous », a souligné dans un communiqué le Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires, Mark Lowcock.

Face à cette crise, Mark Lowcock plaide pour « des mesures extraordinaires ». D’autant que « cette pandémie ne ressemble à rien de ce à quoi nous avons été confrontés au cours de notre vie ». « Le statu quo ne fera pas l’affaire », a-t-il ajouté, invitant « instamment les donateurs à rendre leur réponse proportionnée à l’ampleur du problème auquel nous sommes confrontés ».

Au total, les 6,7 milliards devraient couvrir jusqu’à décembre, les dépenses du plan de réponse humanitaire qui avait été détaillé fin mars et qui visait à aider une cinquantaine de pays prioritaires, dont l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, la République centrafricaine, la Somalie, le Soudan du Sud, le Yémen, le Venezuela, l'Ukraine, la Colombie, et l’Equateur.

Dans les pays les plus pauvres, le pic de la maladie attendu dans les 3 à 6 prochains mois

Ce nouvel appel fait suite à l’ajout à cette liste de neuf pays vulnérables, a précisé jeudi l’ONU. Il s’agit du Bénin, de Djibouti, du Liberia, du Mozambique, du Pakistan, des Philippines, de la Sierra Leone, du Togo et du Zimbabwe.

Ces fonds permettront de financer les opérations logistiques (ponts aériens), mais aussi acheter de l’équipement médical, fournir des points de lavage de mains ou lancer des campagnes d’information sur le nouveau coronavirus. 

La pandémie de Covid-19 s’est propagée dans presque tous les pays, avec près de 3.596 000 cas confirmés et plus de 247.650 décès dans le monde.

Selon l’ONU, le pic de la maladie dans les pays les plus pauvres du monde est attendu dans les trois à six mois à venir. Cependant, l’ONU constate déjà une chute des revenus et une disparition des emplois, une baisse des réserves alimentaires et une flambée des prix, ainsi que des enfants privés de repas. 

L’ONU s’attend donc à des « effets les plus dévastateurs et déstabilisateurs » dans les pays les plus pauvres du monde. « Si nous n’agissons pas maintenant, nous devrions nous préparer à une augmentation significative des conflits, de la faim et de la pauvreté », a insisté M. Lowcock, tout en mettant en garde contre « le spectre de multiples famines ».

A noter que le plan mondial d’intervention humanitaire sur le Covid-19 rassemble les appels au financement de l’OMS et d’autres agences onusiennes. Les organisations non gouvernementales (ONG) ont contribué à l’élaboration de ce plan et ces partenaires clés peuvent accéder aux financements.

Les habitants d'un village au Bénin. Photo : Banque mondiale / Arne Hoel
Les habitants d'un village au Bénin. Photo : Banque mondiale / Arne Hoel

Agir pour éviter que la pandémie sanitaire ne se transforme en une pandémie de la faim 

Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs attiré l’attention sur la fragilité des systèmes de santé dans les pays en développement. « Nous savons que la surveillance, les tests de laboratoire et les capacités des systèmes de santé dans ces pays sont faibles. Il est donc probable qu’il y ait une transmission communautaire non détectée. Dans le même temps, le confinement et d’autres mesures ont un impact majeur sur les services de santé essentiels », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

De son côté, David Beasley, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, a rappelé que le PAM offre une bouée de sauvetage quotidienne à près de 100 millions de personnes dans le monde. Donc « si nous ne parvenons pas à poursuivre ces opérations essentielles, la pandémie sanitaire sera bientôt suivie d’une pandémie de la faim », a-t-il averti. 

Le nouvel appel et le plan d’intervention humanitaire mis à jour ont été publiés aujourd’hui lors d’un événement virtuel organisé par Mark Lowcock, aux côtés du Directeur exécutif de l’OMS chargé des urgences sanitaires, Mike Ryan, du Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, du Directeur exécutif du PAM, David Beasley et de la Directrice générale d’Oxfam Amérique, Abby Maxman.

Depuis le lancement du plan initial le 25 mars dernier par le Secrétaire général de l’ONU, un milliard de dollars a été collecté grâce à la générosité des donateurs. Ce montant comprend aussi 166 millions de dollars provenant des fonds communs de l’ONU pour soutenir les efforts déployés dans 37 pays.

Et selon une analyse du Bureau de l’ONU chargée de la coordination des affaires humanitaires, le coût de la protection des 10 % de personnes les plus vulnérables dans le monde contre les pires impacts s’élève à environ 90 milliards de dollars. Cela équivaut à 1% du plan de relance mondial actuel mis en place par les pays de l’OCDE et du G20.