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Covid-19 : l'ONU met en garde contre les risques accrus pour les victimes de la traite des êtres humains

Mouna s'est rendue dans un pays du Golfe en vue d’y travailler par l’intermédiaire d'une agence de recrutement. On lui a menti et elle a été victime de trafic d’êtres humains.
© Sibylle Desjardins / OIM
Mouna s'est rendue dans un pays du Golfe en vue d’y travailler par l’intermédiaire d'une agence de recrutement. On lui a menti et elle a été victime de trafic d’êtres humains.

Covid-19 : l'ONU met en garde contre les risques accrus pour les victimes de la traite des êtres humains

Droit et prévention du crime

Les mesures visant à freiner la propagation du coronavirus exposent les victimes de la traite des êtres humains à une nouvelle exploitation et limitent leur accès aux services essentiels, a mis en garde mercredi l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Le confinement, les restrictions de voyage, les limitations de travail et les réductions de ressources ont un impact négatif et souvent dangereux sur la vie de ces personnes déjà vulnérables.

« Alors que le Covid-19 restreint les déplacements, détourne les ressources des forces de l'ordre et réduit les services sociaux et publics, les victimes de la traite des êtres humains ont encore moins de chances de s'échapper et de trouver de l'aide. Alors que nous travaillons ensemble pour vaincre cette pandémie mondiale, les pays doivent maintenir les abris et les permanences téléphoniques ouverts, protéger l'accès à la justice et empêcher les personnes plus vulnérables de tomber entre les mains du crime organisé », a déclaré la Directrice exécutive de l'ONUDC, Ghada Waly, dans un communiqué de presse.

« L'ONUDC aide les gouvernements et les organisations non gouvernementales (ONG) partenaires du monde entier à permettre aux unités de lutte contre la traite de continuer à faire leur travail essentiel en toute sécurité et à garantir que les victimes de la traite puissent obtenir l'assistance dont elles ont besoin », a-t-elle ajouté.

Certaines victimes qui ont été sauvées de la captivité ne peuvent pas rentrer chez elles car les frontières sont fermées en raison de la pandémie. D'autres font face à des retards dans les procédures judiciaires et à une réduction du soutien et de la protection dont elles dépendent, tandis que certaines risquent d'être davantage maltraitées ou négligées par leurs ravisseurs.

Davantage d’enfants forcés d’aller dans la rue à la recherche de nourriture

Des partenaires travaillant avec l'ONUDC signalent que davantage d'enfants sont contraints de descendre dans la rue à la recherche de nourriture et de revenus, ce qui augmente leur risque d'exploitation. Les fermetures d'écoles ont non seulement interrompu l'accès à l'éducation, mais aussi dans certains cas à la principale source d'abris et de nourriture.

« Parallèlement, de nouvelles opportunités pour le crime organisé de profiter de la crise se dessinent », explique Ilias Chatzis, chef de la Section de la traite des êtres humains de l’ONUDC. « Cela signifie que les trafiquants peuvent devenir plus actifs et s'attaquer à des personnes qui sont encore plus vulnérables qu'auparavant car elles ont perdu leur source de revenus en raison des mesures de lutte contre le virus ».

Dans certains pays, les ressources des forces de l'ordre sont détournées de la lutte contre la criminalité pour des tâches liées à la lutte contre la pandémie et les services d'aide aux victimes de la traite sont réduits au minimum ou fermés.

« Nous savons que les personnes en situation de vulnérabilité sont plus exposées à contracter le virus et ont moins accès aux soins de santé en cas de maladie », explique M. Chatzis. « Il est donc alarmant d’entendre que, dans certains endroits, les victimes de la traite n’ont plus accès aux abris, certains refuges ont même fermé à cause du virus et d’autres manquent d’équipement de protection - mettant en danger les victimes et le personnel ».

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Plus de 70% des victimes de la traite des êtres humains sont des femmes et des filles

L'ONUDC suit en permanence la situation grâce à son réseau de bureaux extérieurs et de partenaires mondiaux et accroît son soutien.

« Nous aidons les unités anti-traite à obtenir l'équipement de protection dont elles ont besoin pour faire leur travail en toute sécurité, en fournissant des fonds pour aider les victimes qui ont besoin d'un soutien supplémentaire pendant cette crise et en aidant les pays à évaluer l'impact de la pandémie sur les ressources pour les victimes. comme sur les systèmes d'application de la loi et de justice », explique Ilias Chatzis.

Outre sa réponse directe, l'ONUDC recommande aux gouvernements de prendre des mesures pour garantir que, bien que les restrictions actuelles sur les voyages et la liberté de circulation soient respectées, l'accès aux services essentiels pour les victimes de la traite des êtres humains est garanti sans discrimination.

Selon le Rapport mondial 2018 de l'ONUDC sur la traite des personnes, les formes de traite les plus prédominantes sont l'exploitation sexuelle et le travail forcé, représentant environ 90% des cas identifiés.

Les informations recueillies dans 142 pays montrent que plus de 70% des victimes de la traite des êtres humains sont des femmes et des filles. Une victime sur trois est un enfant.

« La traite des êtres humains est le résultat de l'incapacité de nos sociétés et économies à protéger les plus vulnérables », a déclaré M. Chatzis. « Ils ne devraient pas en outre être ‘punis’ en temps de crise ».