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Coronavirus : l’Europe reste dans « l’œil du cyclone », estime l’OMS

La ville de Bergame, dans le nord de l'Italie, pendant la pandémie de Covid-19
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La ville de Bergame, dans le nord de l'Italie, pendant la pandémie de Covid-19

Coronavirus : l’Europe reste dans « l’œil du cyclone », estime l’OMS

Santé

Région la plus touchée au monde par le Covid-19 avec près d’un million de cas, l’Europe reste menacée par la pandémie, a déclaré jeudi le bureau régional européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Les prochaines semaines seront cruciales pour l’Europe. Ne vous y trompez pas, malgré ce temps printanier, nous restons dans l’œil du cyclone », a affirmé le Dr. Hans Henri P. Kluge, Directeur régional de l’OMS pour l’Europe, lors d’une conférence de presse diffusée en ligne depuis Copenhague, au Danemark.

Si plusieurs pays européens ne ressentent pas encore tout l’impact du coronavirus, d’autres connaissent une accalmie, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 étant en baisse. Mais de façon générale, « les nuages de cette pandémie pèsent toujours lourdement dans la région européenne », a souligné le Dr. Kluge. Selon le haut responsable de l’OMS, environ « 50% du nombre » de cas liés au Covid-19 dans le monde sont en Europe.

Près de deux millions de cas de coronavirus ont été officiellement déclarés dans le monde, dont 123.126 décès, selon un bilan publié jeudi matin par l’OMS. Les Etats-Unis paient le plus lourd tribut avec 23.416 décès pour plus de 578.268 cas.

Avec au moins 978.632 cas dont 84.628 décès, l’Europe est le continent le plus touché par la pandémie. Sur ce continent, les pays les plus touchés sont l’Italie avec 21.069 morts, l’Espagne avec 18.056 morts, la France avec 15.729 morts et le Royaume-Uni avec 12.107 morts. « Malheureusement, plus de 84.000 personnes en Europe ont perdu la vie à cause du virus. Le nombre de cas dans la région continue d’augmenter », a ajouté le Dr Kluge.

Le nombre de cas en Europe a presque doublé en 10 jours

Au cours des 10 derniers jours, le nombre de cas signalés en Europe a presque doublé pour atteindre près d’un million. Parmi les 10 pays de la région qui comptent le plus grand nombre de cas, des signes encourageants ont été pourtant observés ces dernières semaines en termes de chiffres en Espagne, en Italie, en Allemagne, en France et en Suisse. « Mais les petits signaux positifs dans certains pays sont tempérés par des niveaux d’incidence soutenus ou accrus dans d’autres pays, dont le Royaume-Uni, la Turquie, l’Ukraine, le Belarus et la Fédération de Russie », a relevé le Dr. Kuge qui insiste sur la permanence de la menace du virus.

« Lorsque nous aurons mis en place des mesures éprouvées - en veillant à pouvoir identifier, isoler et tester tous les cas suspects, ainsi qu’à mettre en quarantaine et à surveiller la santé de tous les contacts étroits; associées à des mesures d’éloignement physique si nécessaire - nous pourrons stopper le virus dans sa course », a fait remarquer le chef du bureau européen de l’OMS.

Le Dr. Kuge invite les autorités sanitaires européennes à apporter des solutions menant vers « une transition sûre » par un changement progressif des mesures. « Il est impératif de ne pas baisser la garde. Mais l’éloignement physique, le confinement et d’autres mesures visant à ralentir et à arrêter la transmission affectent les vies et les moyens de subsistance. Les gens se demandent à juste titre : ‘Combien devons-nous endurer ? Et pour combien de temps ?’ ».

Dans la perspective d’une « transition » menant au déconfinement, « nous devons reconnaître qu’il n’y a pas de gains rapides », a insisté le Dr Kluge. « En fin de compte, le comportement de chacun d’entre nous déterminera le comportement du virus », a-t-il ajouté, tout en rappelant que ce processus demandera de la persévérance et de la patience car il n’y a pas de retour rapide à la normale.

« Toute étape vers la normalité doit être guidée par des principes de santé publique »

Plus largement, toute mesure visant à assouplir les restrictions et la transition doit garantir que la transmission du nouveau coronavirus soit « contrôlée ». Il s’agit aussi de veiller à ce que les capacités du système de santé soient en place pour identifier, isoler, tester, tracer les contacts et les mettre en quarantaine.

Mais aussi être sûr que les risques d’épidémies sont réduits au minimum dans les milieux à forte vulnérabilité, notamment dans les maisons de retraite et les personnes résidant dans des lieux surpeuplés.

Selon l’OMS, des mesures préventives doivent être mises en place sur le lieu de travail, avec des mesures d’éloignement physique, des installations pour le lavage des mains et des règles de conduite respiratoire.

« Mon seul message primordial ? Si vous ne pouvez pas garantir la mise en place de ces critères, avant d’assouplir les restrictions, je vous invite à y réfléchir », a fait valoir le Dr. Kluge, tout en mettant en garde que « le Covid-19 est impitoyable et a la capacité de submerger rapidement le plus fort des systèmes de santé ».

« Si les pays ne disposent pas de stratégies adéquates d’intervention. Si votre personnel de santé n’est pas équipé, si vos citoyens ne sont pas responsabilisés grâce à des informations fondées sur des preuves, alors la pandémie se propagera dans vos communautés, vos entreprises et vos systèmes de santé, emportant avec elle des vies et des moyens de subsistance », a averti le Dr. Kluge, rappelant que toute étape de la transition vers une « nouvelle normalité » doit être guidée par des principes de santé publique.