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Coronavirus : la levée des mesures de restrictions doit être progressive et sous contrôle (OMS)

Park Avenue à New York, normalement très fréquentée, est en grande partie déserte car les gens restent chez eux en raison de la pandémie de Covid-19.
Nations Unies/Katya Pugacheva
Park Avenue à New York, normalement très fréquentée, est en grande partie déserte car les gens restent chez eux en raison de la pandémie de Covid-19.

Coronavirus : la levée des mesures de restrictions doit être progressive et sous contrôle (OMS)

Santé

Alors que plusieurs pays envisagent une levée des restrictions sociales et économiques qu’ils ont mises en place pour lutter contre le Covid-19, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle qu’une telle décision doit reposer avant tout sur un principe : la protection de la santé humaine.

« Nous ne pouvons dire que ce que nous savons, et nous ne pouvons agir que sur ce que nous savons ». Ce 13 avril, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus a tenu à être clair : la pandémie de Covid-19 s’accélère très rapidement, mais décélère beaucoup plus lentement. Une mise en garde que le Directeur général de l’OMS a lancée aux pays et communautés, qui après avoir subi plusieurs semaines de restrictions sociales et économiques, envisagent de les lever quand d'autres se demandent s’ils doivent les mettre en oeuvre et quand.

« Dans les deux cas, ces décisions doivent être fondées avant tout sur la protection de la santé humaine et guidées par ce que nous savons du virus et de son comportement », a dit le Dr. Tedros.

« Les mesures de contrôle doivent être levées progressivement et de façon contrôlée. Cela ne peut pas avoir lieu d'un seul coup », a-t-il souligné, alors que l’Espagne (plus de 166.000 cas et près de 17.000 morts) a autorisé une reprise partielle du travail et que le Président Emmanuel Macron doit s’exprimer lundi soir sur la suite de la réponse à la crise en France.

Quelque soit le pays, l’OMS estime que les restrictions décidées par les gouvernements ne peuvent être levées que si les bonnes mesures de santé publique sont en place, y compris une capacité importante de recherche des contacts.

Si certains gouvernements envisagent de réduire ou lever les restrictions, d'autres envisagent de les introduire. C’est notamment le cas de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire en Afrique, en Asie et en Amérique latine où les risques de propagation du Covid-19 sont élevés.

« Dans les pays à forte population pauvre, les ordres de confinement et les autres restrictions utilisées dans certains pays à revenu élevé peuvent ne pas être pratiques », a prévenu le Dr. Tedros, rappelant que de nombreuses personnes pauvres, migrantes et réfugiées vivent déjà dans des conditions de surpopulation avec peu de ressources et un accès limité aux soins de santé.

« Comment survivez-vous à un confinement lorsque vous dépendez de votre travail quotidien pour manger ? », a demandé le chef de l’OMS, alertant que de nombreuses personnes risquent de se retrouver sans accès à la nourriture. Alors qu’environ 1,4 milliard d'enfants ne peuvent se rendre à l’école, nombre d’entre eux, notamment dans les pays en développement, sont également privés de leur principale source d’alimentation : les repas scolaires.

« Comme je l'ai dit à plusieurs reprises, les restrictions physiques de distanciation ne sont qu'une partie de l'équation, et il existe de nombreuses autres mesures de santé publique de base qui doivent être mises en place », a rappelé le Dr. Tedros.

En France, le Service Mobile d'Urgence et de Réanimation (SMUR) est en première ligne dans la lutte contre le coronavirus
Centre hospitalier d’Argenteuil
En France, le Service Mobile d'Urgence et de Réanimation (SMUR) est en première ligne dans la lutte contre le coronavirus

Le confinement ne doit pas se faire au détriment des droits de l’homme

L’OMS a également appelé tous les pays qui ont mis en place des ordres de confinement à veiller à ce que de telles mesures ne soient pas prises pas au détriment des droits de l'homme. « Chaque gouvernement doit évaluer sa situation, tout en protégeant tous ses citoyens, et en particulier les plus vulnérables », a souligné le Dr. Tedros.

Chaque pays devrait mettre en œuvre un ensemble complet de mesures pour ralentir la transmission et sauver des vies, souligne, par ailleurs, le Directeur général de l’agence onusienne, dans le but d'atteindre un état stable de transmission faible ou nulle mais sans perdre de vue les autres impératifs de santé publique.

« Les pays doivent trouver un équilibre entre les mesures qui traitent de la mortalité causée par le Covid-19, et d'autres maladies dues à des systèmes de santé débordés, ainsi que les impacts socio-économiques », a ainsi souligné le Dr. Tedros.

À mesure que la pandémie s'est propagée, ses effets sur la santé publique et socioéconomiques ont été profonds et ont touché de manière disproportionnée les personnes vulnérables. De nombreuses populations ont déjà connu un manque d'accès aux services de santé essentiels de routine.

A l’heure de la mondialisation, le chef de l’OMS a rappelé que « notre connectivité mondiale signifie que le risque de réintroduction et de résurgence de la maladie continuera », soulignant que seul le développement et la mise à disposition d'un vaccin sûr et efficace pourra interrompre complètement la transmission du coronavirus.

Lundi matin, l’OMS rapportait près de 1,8 million de cas confirmés de Covid-19 à travers le monde, dont plus de 111.652 décès. Si l’Europe est le continent le plus touché (913.349 cas confirmés), les Etats-Unis sont le pays qui a enregistré le plus grand nombre de décès lié au coronavirus (plus de 20.000).