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Covid-19 : l'ONU juge essentiel un arrêt des combats en Syrie pour éviter une tragédie

Des enfants devant une tente dans un camp de personnes déplacées à Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie.
OCHA
Des enfants devant une tente dans un camp de personnes déplacées à Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie.

Covid-19 : l'ONU juge essentiel un arrêt des combats en Syrie pour éviter une tragédie

Paix et sécurité

Un arrêt immédiat des combats est nécessaire dans toute la Syrie afin de permettre un effort total pour éradiquer le coronavirus et éviter « une nouvelle catastrophe », a mis en garde ce samedi la Commission internationale indépendante d’enquête sur Syrie.

« Avec les premiers cas de Covid-19 confirmés, les parties doivent cesser les combats et laisser la place à des mesures urgentes pour éviter une nouvelle catastrophe », ont indiqué les enquêteurs indépendants onusiens dans un communiqué.

« Pour éviter la tragédie qui s’annonce, les parties doivent entendre l’appel à un cessez-le-feu du Secrétaire général des Nations Unies et de l’Envoyé spécial, sous peine de condamner un grande nombre de civils à une mort pourtant évitable », a déclaré Paulo Pinheiro, Président de la Commission d’enquête.

« Tout ce qui n’est pas conforme à ces appels condamnera probablement un grand nombre de civils à des morts évitables », a-t-il poursuivi, tout en alertant que les civils syriens sont maintenant confrontés « à une menace mortelle sous la forme de la pandémie de Covid-19.

Pour éviter la tragédie qui s’annonce, les parties doivent entendre l’appel à un cessez-le-feu du Secrétaire général des Nations Unies - Paulo Pinheiro, Président de la Commission d’enquête sur la Syrie

« La pandémie de Covid-19 représente une menace mortelle pour les civils syriens. Elle frappera sans distinction et sera dévastatrice pour les plus vulnérables en l’absence d’action préventive urgente », s’est alarmé M. Pinheiro, qui a réitéré également les appels lancés par le Secrétaire général Guterres et la Haut-Commissaire aux droits de l’homme Bachelet concernant la nécessité d’assouplir ou de lever les sanctions sectorielles imposées à Damas, pour garantir l’accès à la nourriture, aux fournitures sanitaires essentielles.

Selon le tableau de bord de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Syrie a signalé jusqu’ici cinq cas de contamination au nouveau coronavirus. La Région de la Méditerranée orientale de la l’OMS recense 2.508 décès et plus de 42.000 cas dans 21 pays.

Mais selon les enquêteurs de l’ONU, la situation reste préoccupante en Syrie surtout que parmi les communautés les plus vulnérables à Covid-19 figurent les plus de 6,5 millions de déplacés internes. Cela inclut plus d’un million de civils entassés dans des tentes ouvertes ou surpeuplées et des camps de fortune le long de la frontière turco-syrienne dans le gouvernorat d’Idlib. Ailleurs dans le pays, des dizaines de milliers d’autres personnes restent internées avec un accès limité aux soins médicaux, y compris les 70.000 du camp d’al-Hol, dans l’Est de la Syrie.

La guerre en Syrie, qui a fait plus de 380.000 morts, a considérablement affaibli le système de santé. Seuls 64% des hôpitaux et 52% des centres de soins primaires qui existaient avant 2011 sont opérationnels, tandis que 70% des personnels de santé ont fui le pays, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Appel à action urgente « pour éviter une nouvelle tragédie »

Près de neuf années de guerre ont laissé le système de santé syrien très affaibli. Seuls les deux tiers des hôpitaux et la moitié des centres de soins de santé primaires fonctionnent, tandis que 70% du personnel de santé a quitté le pays, selon l’OMS. Cette situation dramatique est due « pour une large part aux forces pro-gouvernementales qui ciblent systématiquement les installations médicales », selon la Commission. « Les attaques contre les structures médicales, les installations, les hôpitaux et les secouristes doivent cesser immédiatement », demande-t-elle.

De son côté, l’OMS s’est inquiétée hier du surpeuplement et de l’espace insuffisant dans les camps de déplacés à Idlib où il est difficile de mener l’auto-isolement. L’Agence onusienne et ses partenaires forment actuellement 540 agents de santé de 180 établissements sanitaires du nord-ouest de la Syrie, à la sécurité du personnel et des patients ainsi qu’à la prévention et à la lutte contre les infections.

Par ailleurs, les enquêteurs de l’ONU ont attiré l’attention sur le sort des personnes détenues qui est « encore plus critique aujourd’hui ».

« Nous réitérons notre appel à la libération immédiate de tous les détenus arbitrairement ou illégalement, ainsi que de tous les enfants, les personnes âgées, les handicapés et les infirmes sans délai » a plaidé Hanny Megally, l’un des trois membres de la Commission.

Plus largement, les enquêteurs estiment que pour des millions de Syriens, la pandémie mondiale menace de déclencher de nouvelles facettes de la souffrance sur une population qui a déjà enduré tant « de difficultés, des violations et des privations insondables ».

« A tous les acteurs syriens et à la communauté internationale, une action urgente est nécessaire pour éviter une nouvelle tragédie », ont fait valoir les enquêteurs indépendants de l’ONU.