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Covid-19 : pas d’école donc pas de repas pour plus de 11 millions d’enfants dépendant du PAM

Le PAM fournit des repas aux enfants syriens dans le cadre de son programme de cantine scolaire en Syrie.
PAM/Marwa Awad
Le PAM fournit des repas aux enfants syriens dans le cadre de son programme de cantine scolaire en Syrie.

Covid-19 : pas d’école donc pas de repas pour plus de 11 millions d’enfants dépendant du PAM

Aide humanitaire

Avec la fermeture des écoles pour prévenir le nouveau coronavirus, la distribution des rations alimentaires, parfois vitales, est aujourd’hui perturbée dans de nombreux pays. Près de 11 millions d’enfants ne reçoivent plus de repas scolaires du Programme alimentaire mondiale (PAM), et ce nombre devrait augmenter dans les jours et les semaines à venir.

« Des fermetures partielles ou nationales d’écoles ont été signalées dans 48 pays où le PAM met en œuvre des programmes d’alimentation scolaire », a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole de l'agence onusienne à Genève.

Au total, ce sont plus de 364 millions d’écoliers qui ne bénéficient plus des repas scolaires dont ils dépendent pourtant. 

Lors d'une conférence de presse virtuelle, la porte-parole du PAM a également annoncé le lancement aujourd’hui d’une carte inédite montrant comment la pandémie de Covid-19 perturbe la distribution de repas scolaires.

« La carte 'Surveillance mondiale des distributions de repas scolaires pendant les fermetures d’écoles en raison du Covid-19' fournit des mises à jour quotidiennes sur les fermetures d’écoles et le nombre d’enfants qui ne reçoivent donc plus de repas scolaires », a ajouté Mme Byrs.

En plus d’afficher des chiffres globaux, la carte révèle combien d’enfants sont touchés dans chaque pays, avec des données en temps réel indiquant à la fois l’ampleur des problèmes et la nécessité de trouver des solutions.

« Cette carte nous donne un aperçu du terrible bilan de ce virus sur le bien-être de millions d’écoliers et de leurs familles dans le monde entier », a déclaré Carmen Burbano, Directrice du programme de cantines scolaires du PAM citée dans le communiqué.

« Nous travaillons avec nos partenaires, dont l’UNICEF, pour trouver des solutions afin que les enfants continuent à recevoir le soutien dont ils ont si désespérément besoin pendant que les écoles restent fermées en raison de la pandémie », a-t-elle ajouté.

Inquiétudes d’OCHA en Syrie et Libye 

Du côté du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), on redoute dès lors les conséquences du nouveau coronavirus dans des pays déjà vulnérables par les conflits et les catastrophes naturelles.

C’est le cas de la Libye où les Nations Unies craignent qu’une éventuelle épidémie ne vienne submerger les capacités d’aide humanitaire déjà sollicitées.

« Les Nations Unies sont également alarmées par la poursuite des hostilités à Tripoli et dans ses environs, malgré la pause humanitaire annoncée », a d’ailleurs alerté Jens Laerke, porte-parole d'OCHA, tout en rappelant le soutien apporté par l’ONU aux autorités libyennes dans leurs efforts de préparation et de réponse au Covid-19. Mais des fonds supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour mettre en œuvre les plans d’intervention nationaux et ceux du secteur de la santé des Nations Unies. 

La même inquiétude est observée en Syrie, avec l’impact potentiel que pourrait avoir le Covid-19 sur des millions de personnes à travers la Syrie, en particulier les plus de 900.000 déplacés internes dans le nord-ouest.

Le surpeuplement les rend particulièrement vulnérables, et elles sont également confrontées à un stress physique et mental ainsi qu’à des privations dues au manque de logement, de nourriture et d’eau propre.

Pic dans les cas de personnes touchées par le Covid-19

Selon OCHA, le niveau de préparation et d’intervention en matière sanitaire en Syrie est jugé « faible ». « Seule la moitié des hôpitaux publics et des centres de soins de santé primaires publics étaient pleinement fonctionnels à la fin de 2019. Des milliers de professionnels de la santé ont également quitté le pays », a mis en garde M. Laerke.

En Iraq voisine, l’agence rappelle qu’à la date du 26 mars 2020, le ministère iraquien de la santé a confirmé 382 cas de Covid-19 dont 36 décès. Les groupes humanitaires dans ce pays ont élaboré des directives initiales pour la préparation et la planification de la réponse au Covid-19 dans les camps en Iraq. 

Non loin de là, outre les fortes pluies qui ont déjà fait 11 morts dans11 provinces, l’Iran continue de faire face à trois urgences simultanées : un pic dans les cas de personnes touchées par le coronavirus, des inondations et une invasion de criquets.

En Afghanistan, les principales préoccupations sont relatives aux zones de passage frontaliers, l’éloignement social et les restrictions de mouvement. Le nouveau coronavirus a été confirmé dans 12 provinces - Hirat, Samangan, Balkh, Daikundi, Farah, Kapisa, Badghis, Logar, Zabul, Kandahar, Ghazni et Kaboul.

« La plupart des personnes infectées par le virus ont déjà voyagé en dehors de l’Afghanistan », a fait valoir le porte-parole d’OCHA.