Migrants en Grèce : un expert de l’ONU appelle à la fin des violences à la frontière gréco-turque
Migrants en Grèce : un expert de l’ONU appelle à la fin des violences à la frontière gréco-turque
La Grèce doit prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la violence contre les migrants et les demandeurs d’asile à la frontière entre la Turquie et la Grèce et renforcer leur protection, a déclaré lundi un expert indépendant des droits de l’homme des Nations Unies.
Le Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme des migrants, Felipe González Morales, a exprimé son inquiétude face aux informations faisant état d’agressions et de violences contre les demandeurs d’asile par des agents de sécurité grecs et des hommes armés non identifiés.
Les migrants qui ont réussi à traverser la frontière auraient été interceptés par les gardes-frontières grecs, détenus, dépouillés, confisqués de leurs biens et repoussés en Turquie
Ces violences visent à repousser les migrants et les réfugiés du côté turc de la frontière. Les migrants qui ont réussi à traverser la frontière auraient été interceptés par les gardes-frontières grecs, détenus, dépouillés, confisqués de leurs biens et repoussés en Turquie.
Selon l’expert indépendant, il y aurait eu un usage excessif de la force qui aurait entraîné « des décès et des blessures, dont la mort d’un demandeur d’asile syrien ».
Le 1er mars dernier, Athènes a décidé de suspendre l’accès à la demande d’asile pendant 30 jours pour les personnes ayant franchi la frontière de manière irrégulière. Ces personnes seraient renvoyées dans le pays d’où elles sont arrivées ou dans leur pays ou leur origine sans enregistrement ni évaluation individuelle.
Des violences contre les ONG et les journalistes
« Je suis très préoccupé par les informations faisant état de refoulements de demandeurs d’asile et de migrants, qui constituent une violation de l’interdiction des expulsions collectives et du principe de non-refoulement », a déclaré le Rapporteur spécial.
L’expert indépendant onusien avertit que le renvoi de personnes sans procédure régulière « entraînera inévitablement des cas de refoulement vers des situations où elles risquent la mort, la torture, les mauvais traitements, la persécution ou d’autres préjudices irréparables ».
Le Rapporteur spécial indique avoir contacté le gouvernement grec pour lui faire part de ses préoccupations concernant la situation des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés à la frontière entre la Turquie et la Grèce. Les institutions compétentes de l’Union européenne et le gouvernement de la Turquie ont également été informés.
Selon le Rapporteur spécial, Athènes devrait immédiatement revenir sur sa décision de suspension de la demande d’asile, « qui n’a aucun fondement juridique » dans le droit international des droits de l’homme. Une façon de rappeler que le droit à l’évaluation individuelle est la pierre angulaire des droits de l’homme et de la protection des réfugiés. « Il ne peut être mis en suspens », a déclaré l’expert des Nations Unies.
La Grèce, porte d’entrée de l’Europe via la Méditerranée
Par ailleurs, M. González Morales a fait part de ses préoccupations quant à l’augmentation de l’hostilité et de la violence à l’encontre des travailleurs humanitaires, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes travaillant à la frontalière gréco-turque et à la mer Égée.
« La Grèce a la responsabilité de veiller à ce que les migrants et ceux qui les aident soient protégés contre les menaces et les attaques. Les autorités doivent condamner rapidement ces actes et veiller à ce que les responsables en répondent », a-t-il conclu.
Selon l’Agence de l’ONU pour les migrations (OIM), les arrivées de migrants et de réfugiés en Grèce se poursuivent jusqu’à présent « à un rythme rapide, comme il y a un an ».
De son côté, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) rappelle que les 7.366 hommes, femmes et enfants arrivés en Grèce par la mer à la date du 16 mars correspondent presque aux quelque 7.600 arrivées en Grèce jusqu’à la fin avril de l’année dernière.
Au total, plus de 9.300 migrants et réfugiés sont arrivés en Grèce depuis le début de l’année dont plus de 2.000 par voie terrestre. Sur les 18.700 arrivées en Europe, Athènes reste la première porte d’entrée de migrants et réfugiés via la Méditerranée en 2020, suivie de l’Espagne (5.234), l’Italie (2.700) et Malte (989).